Le gouvernement va multiplier les contrôles pour vérifier que les agriculteurs ne vendent pas à perte aux industriels

Alors que les agriculteurs font monter la pression en multipliant les manifestations de mécontentement, plusieurs membres du gouvernement, le Premier ministre en tête, sont allés sur le terrain ce samedi pour tenter de désamorcer le premier gros conflit social de l'ère Attal à Matignon. A quelques mois des élections européennes, le gouvernement redoute l'embrasement du monde agricole, courtisé par le Rassemblement national
En France, comme ailleurs en Europe, les manifestations d'agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines.
En France, comme ailleurs en Europe, les manifestations d'agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines. (Crédits : Reuters)

Opération déminage pour éviter l'explosion. Ce samedi, alors que les agriculteurs font monter la pression en multipliant les manifestations de mécontentement, plusieurs membres du gouvernement, le Premier ministre en tête, sont allés sur le terrain pour tenter de désamorcer le premier gros conflit social de l'ère Attal à Matignon. Un mois avant l'ouverture du Salon de l'agriculture (du 24 février au 3 mars à Paris) et à l'approche des élections européennes, l'exécutif s'inquiète en effet que le mouvement fasse tache d'huile sur fond d'offensive d'un Rassemblement national qu'il accuse de « souffler sur les braises ».

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Loi Egalim

Hausse des charges, retards de paiements des subventions agricoles, sentiment d'être écrasés par des normes nationales ou européennes, au nom de la transition écologique, les motifs de colère sont multiples. Ils s'ajoutent à celui des revenus comme l'ont montré jeudi les manifestations pour obtenir des meilleurs prix de Lactalis.

« Il faut que vous puissiez vivre de votre travail », a déclaré Gabriel Attal lors d'un déplacement à Saint-Laurent-d'Agny (Rhône) où il a été interpelé par des agriculteurs, en ajoutant qu'il y aura « davantage de contrôles » pour s'assurer que les négociations commerciales annuelles entre les enseignes de supermarchés et leurs fournisseurs de l'agro-industrie ne se fassent pas au détriment du prix payé aux agriculteurs qui produisent la matière première des aliments.

Multiplication des contrôles

Dans la même veine, lors d'un déplacement à Flavigny dans la Marne, à l'occasion de la fête de Saint-Vincent, patron des vignerons, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a lui aussi cherché à envoyer des signaux positifs aux agriculteurs au sujet de la loi Egalim de 2018, qui prévoit que les prix payés aux agriculteurs tiennent compte de leurs coûts de production, pour éviter qu'ils ne vendent à perte. Un sujet explosif qui est revenu sur le devant de la scène la semaine dernière avec la plainte déposée par un vigneron du Médoc contre ses négociants en raison d'un tarif de vente de la production jugé « abusivement bas ». Une première.

« Dès la semaine prochaine, la direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) multipliera les contrôles sur les négociations commerciales en cours pour s'assurer de la préservation du revenu des producteurs agricoles. Nous serons intraitables avec les distributeurs qui ne respecteront pas les dispositions de la loi Egalim », a-t-il annoncé en ajoutant qu'il ne voulait pas que ces négociations « se traduisent par un affaiblissement du revenu des producteurs ».

Ce dimanche, au 20 heures de TF1, Bruno Le Maire a précisé que 100 contrôleurs seraient mobilisés.

Négociations commerciales

Le premier round des négociations entre les enseignes de supermarchés et une partie de leurs fournisseurs de l'agro-industrie, les PME, s'est achevé lundi. Elles doivent s'achever à la fin du mois avec les multinationales.

Lire aussiPrix alimentaires: les négociations commerciales entrent dans leur round décisif

A l'issue de ce premier volet des négociations, l'Association des entreprises des produits alimentaires élaborés (Adepale) s'est dite « inquiète » de « l'avenir des lois Egalim (...), puisque la grande distribution démontre lors de ces négociations une faible sensibilité à la sanctuarisation des matières premières agricoles ».

Samedi matin, Arnaud Gaillot, le président des Jeunes agriculteurs, syndicat allié de la FNSEA (majoritaire) a répété sur Europe 1 qu'il fallait « faire appliquer » cette loi.

Attal promet de « faciliter la vie » des agriculteurs

Au-delà de la loi Egalim, alors qu'il était interpellé par un maraîcher et arboriculteur du département, Bruno Ferret, qui s'est dit agacé devant des cotisations « trop élevées », des « réglementations illisibles et inapplicables » et l'interdiction d'utiliser en France des pesticides autorisés ailleurs,  Gabriel Attal a promis de « faciliter la vie » des agriculteurs qui subissent « des paperasseries, des formulaires à remplir » et de lever « tous les freins » qui empêchent des jeunes de s'installer.

« Les mots ne suffisent plus. (...) Agir, vite, à Bruxelles et Paris pour redonner dignité, revenu et avenir à ceux qui nourrissent », a pressé de son côté le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, lequel avait partagé sur X vendredi que « le ras-le-bol des agriculteurs exprimé depuis des mois se transforme en colère partout en France ». Ce dernier doit rencontrer Gabriel Attal lundi soir. Son gouvernement doit porter prochainement un projet de loi pour favoriser la relève en agriculture. Le texte, au menu du Conseil des ministres du 24 janvier, prévoit de créer un nouveau diplôme de niveau bac+3 et un guichet unique pour accueillir les candidats à l'installation. La profession, elle, attendait une loi d'orientation plus ambitieuse.

« Il est grand temps que nos politiques qu'on alerte depuis des années prennent leurs responsabilités (...) parce que l'agriculture recule sur tous les plans en France », a déclaré sur Europe 1 samedi Arnaud Gaillot, en demandant « qu'on allège les contraintes » sur l'agriculture.

« Les agriculteurs ont toujours été les premiers au service de l'environnement » mais « on ne peut pas y aller à marche forcée », a-t-il ajouté.

Le gouvernement et le RN se disputent la défense des agriculteurs

Le dossier est politique. Le gouvernement et le Rassemblement national se dispute la défense des agriculteurs à quelques mois des élections européennes.

Samedi, Johan Bardella, le président du Rassemblement national, s'est déplacé dans le Médoc pour rencontrer des vignerons. A Queyrac en Gironde, il a dénoncé « l'Europe de Macron » qui veut, selon lui, « la mort de notre agriculture qui refuse aux agriculteurs le droit de vivre de leur travail », laquelle est mise en concurrence « avec des produits agricoles qui viennent du bout du monde, qui ne respectent aucune des normes toujours plus dures et toujours plus lourdes qu'on impose aux agriculteurs français ». Et d'ajouter : « Il y a un mouvement de colère qui est en train de se lever partout en Europe et le point commun de ce mouvement de colère c'est l'Union européenne. » Vendredi, il avait demandé à Gabriel Attal de « décréter l'état d'urgence agricole » et d'« instaurer le patriotisme économique pour protéger nos agriculteurs ».

Pour le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, reconduit récemment dans ses fonctions, le RN cherche « à souffler sur les braises de la colère et le désespoir des agriculteurs ».

« Mais ce n'est que de l'opportunisme électoral pour les élections européennes », a-t-il déclaré.

Ce dernier était attendu dans l'après-midi dans une ferme du Cher pour échanger « avec l'exploitant sur ses préoccupations, ses problématiques et sur le chantier de simplification lancé par le ministre », selon son cabinet.

A la demande d'Emmanuel Macron, les préfets sont allés ce week-end à la rencontre des agriculteurs et de leurs syndicats, « au plus près du terrain », selon l'Elysée. Les préfectures contactées par l'AFP ont souligné que les rendez-vous étaient pris, ou que des rencontres avaient déjà eu lieu, par exemple dans l'Eure samedi entre le préfet Simon Babre et des éleveurs de volailles lors d'un salon à Evreux.

La préfète de Meurthe-et-Moselle, Françoise Souliman, a aussi rencontré les organisations syndicales agricoles samedi matin, expliquant à l'AFP que cet échange allait « permettre de nourrir la remontée d'informations » vers Paris.

Lire aussiFace à la colère agricole, le gouvernement repousse son projet de loi sur l'agriculture

(Avec AFP)

Commentaires 30
à écrit le 25/01/2024 à 10:34
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La loi interdit la vente à perte !!

le 27/01/2024 à 11:44
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Uniquement pour les commerçants et non les producteurs du business agricole sous perfusion du contribuable qui comme les dirigeants du CAC 40 gonflent leur patrimoine en dépouillant des entreprises à responsabilité limitée ou l'impunité individuel...

à écrit le 22/01/2024 à 20:36
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Marre de tous ces gens en colère, qu'on foute leur tracteurs à la casse s'ils entravent l'ordre public. Les politiques ne doivent pas céder à chaque manifestation corporatiste. Et les citoyens doivent oublier l'image d'épinal de l'agriculteur d'antan...

à écrit le 22/01/2024 à 9:10
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le socialisme, c'est sans nom!!!!!!!!! on demande aux industriels de bien payer tous les couts ( ceux que l'etat augmente volontairement tous les ans car il a de gos besoins), sinon, c'est injuste c'est de droite ultraneomedef......peut etre qu'il fa...

le 22/01/2024 à 10:41
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pour les techno de bruxelles mieux vaut la viande et le lait de nouvelle zelande et le ble et le poulet ukrainien que francais voir allemand il faut detruire ces technos par le prochain vote

le 22/01/2024 à 11:10
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" il faut detruire ces technos par le prochain vote" LOL ! Arrêtez les gars c'est pas sérieux, vous savez très bien qu'aucun parti politique ne s'attaquera à l'UE. Mais vous voulez en venir où en fait ?! A chaque prochaines élections on se croirait s...

à écrit le 22/01/2024 à 7:19
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Si quelqsu'un est payé à perte, c'est l'ensemble de nos "élites" dirigeantes, gouvernement et parlement.

à écrit le 21/01/2024 à 21:11
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Encore des annonces. Toutes les interprofessions viticoles ont votés contre l’application de la loi egalim…. Évidement elles n’est pas faite pour régler les ventes en son sein mais vers les distributeurs…. En gros cette loii ne règle rien !

à écrit le 21/01/2024 à 16:11
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Rn en force

le 22/01/2024 à 20:41
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En quoi virer des étrangers va régler le problème de l'agriculture française ? Au contraire le besoin de main d’œuvre est énorme. FN = idées simplistes, mensonges et haine, depuis 30 ans.

à écrit le 21/01/2024 à 10:47
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Un des problèmes est planétaire . Il reste de moins en moins de pays esclavagiste dont la main d'œuvre est ridiculement peu chère . Avec l'internet, la mondialisation, l'esclave d'autrefois s'émancipe et réclame un salaire décent pour aspirer à une ...

le 21/01/2024 à 20:04
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@Azerty. Merci pour votre intervention pertinente et éclairée. Bien à vous.

le 22/01/2024 à 20:44
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Il y a du vrai dans ce que vous dites mais dire que cela à changé avec le commencement de la dette en France... Ça fait plus de 300 ans renseignez-vous. Un état qui ne s'endette pas est mauvais gestionnaire, c'est de l'argent perdu purement et simple...

à écrit le 21/01/2024 à 10:20
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S'ils cultivent comme ils écrivent leur pancarte, ceci nous incline à penser que le résultat de leur travail est à l'image...

le 21/01/2024 à 16:12
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T es. Content de manger ce qu ils re servent sale c'.. oui employons les mots qu ils vous convient

à écrit le 21/01/2024 à 9:36
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Il serait tellement facile de constater que certains vendent à pertes, mais c’est une plaisanterie: beaucoup d’agriculteurs vendent par l’intermédiaire de leurs coopératives, et nulle profession n’est plus organisée en cartels que les agriculteurs. L...

le 22/01/2024 à 13:49
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Votre commentaire devrait être multiplié ici, afin de contrer les divagations (de certains, courants). On pourrait rajouter que le mode de "gestion" du monde paysan est assez proche de la mafia. Après, que des paysans n'y trouvent pas leurs comptes, ...

à écrit le 21/01/2024 à 9:35
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Bonjour, boen oui que le gouvernement controle, ils pourrons meme voir qu'ils vende encore sous la brads comme lors de l'occupation... Bien sur , les prix reste élevé et pratiquement équivalent qu'a la boucherie... bien sur ils ne faut pas le dire....

à écrit le 21/01/2024 à 6:49
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Ne vendez plus à la grande distribution Vendez dans les magasins agricoles dans les fermes.

le 21/01/2024 à 9:29
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ce gouvernement ne fera rien son objectif est de dissoudre la france dans l'europe en 1er pour que m macron deviennent president de l'europe en place de mme von der leyen puis etablir avec les usa un gouvernement mondial contre les brics alors agr...

à écrit le 21/01/2024 à 5:58
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En France, il vaut mieux ne rien faire et vivre des aides sociales qu'être agriculteur et travailler 70h/semaine toute l'année. Et il y en a encore certains ici qui donnent des leçons aux agriculteurs sur l'écologie ..et qui vont acheter au supermarc...

à écrit le 20/01/2024 à 21:38
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La loi Egalim, elle ne concerne que les distributeurs, commerçants, qui doivent s'attribuer au moins 10% de marge vs les prix que les industriels veulent obtenir, mais ces industriels, ils sont autonomes pour fixer les prix, en disant "c'est ça ou ri...

le 21/01/2024 à 9:48
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la plus grosse crise de l'agriculture en europe et aucun signe pour stoper de bruxelles et des chef d'etat europeen c'est bien un signe que ces gens sont la pour detruire l'europe

à écrit le 20/01/2024 à 21:35
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Je pense que depuis 40 ans on a le même discours du gouvernement et le même discours des agriculteurs, qui sont pourtant bourrés de subventions. En outre, grâce à eux, on ne peut signer d'accord avec le MERCOSUR pour vendre des produits industriels....

le 20/01/2024 à 23:24
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Bah bien sûr .. et puis avec le libre échange du Mercosur - ou autre comme l’ Australie et le Canada - on sera submergé de produits agricole ne répondant pas à nos normes sanitaires et de précaution sur les engrais les pesticides .. cancérigènes .. c...

le 20/01/2024 à 23:24
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Bah bien sûr .. et puis avec le libre échange du Mercosur - ou autre comme l’ Australie et le Canada - on sera submergé de produits agricole ne répondant pas à nos normes sanitaires et de précaution sur les engrais les pesticides .. cancérigènes .. c...

à écrit le 20/01/2024 à 21:08
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Le gouvernement toujours prêt à inventer de nouvelles lois complicatives. Toujours prêt à mettre en place de nouveaux contrôles répressifs Le gouvernement, toujours à côté de la plaque !

à écrit le 20/01/2024 à 18:46
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"Les agriculteurs ont toujours été les premiers au service de l'environnement " S'entêter à marteler un mensonge est une stratégie limitée, à la goebbels, "répétez mille fois un mensonge et il devient vérité" mais bon comme on leur permet tout hein, ...

le 22/01/2024 à 20:56
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On entend beaucoup d'agriculteurs dire qu'ils préferreraient pouvoir vivre sans subventions mais avec moins de normes environnementales. En effet ils ne peuvent pas être compétitifs au niveau mondial avec des exploitations géantes d'agriculture inten...

le 25/01/2024 à 9:34
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en réponse à la réponse: que l'Etat subventionne ou que le client paye c'est pareil, c'est le client qui est taxé et qui paye finalement.

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