Hausse des créations d'emplois dans le privé, mais les entreprises peinent toujours à recruter

Le secteur privé a enregistré 93.000 créations nettes d'emplois au deuxième trimestre 2022, soit une hausse de 0,5%, d'après les chiffres définitifs de l'Insee. L'intérim a par contre reculé, pour le deuxième trimestre consécutif, de 2,5%. Les agences n'arrivent plus à trouver de candidats, ces derniers n'hésitant pas à refuser des postes jugés difficiles. Des problèmes de recrutement qui impactent de nombreux secteurs : industrie, transports, éducation, et même ingénierie.
Au total, fin juin 2022, l'emploi salarié privé dépasse son niveau d'avant la crise sanitaire, fin 2019, de 3,8%, soit +767.400 emplois.
Au total, fin juin 2022, l'emploi salarié privé dépasse son niveau d'avant la crise sanitaire, fin 2019, de 3,8%, soit +767.400 emplois. (Crédits : ERIC GAILLARD)

L'emploi salarié privé continue d'augmenter doucement, mais sûrement. Après +0,4 % au premier trimestre 2022 (88.200 emplois), il a progressé de 0,5% au deuxième trimestre, soit 93.000 créations nettes d'emplois, selon l'estimation définitive publiée ce jeudi par l'Insee.

Par rapport à l'estimation provisoire parue le 5 août, ces résultats sont en légère baisse (-9.500 emplois) par rapport au premier trimestre, mais l'évolution relative reste inchangée (+0,5%).

Au total, fin juin 2022, l'emploi salarié privé dépasse son niveau d'avant la crise sanitaire, fin 2019, de 3,8%, soit +767.400 emplois. Avec l'emploi public, la progression est de +3,2% soit +832.000 emplois.

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L'intérim continue de baisser

Dans le détail, l'intérim, boussole du marché de l'emploi, recule de 2,5% au deuxième trimestre (-20.500). Il s'agit de la deuxième baisse consécutive sur un trimestre après un recul de 1,9% sur les quatre premiers mois de 2022 (-15.800). L'emploi intérimaire reste toutefois légèrement supérieur à son niveau de fin 2019 (+1,6%).

Les agences d'intérim rencontrent des problèmes de recrutement. « Ça fait 24 ans que je suis dans l'intérim et je n'ai jamais vu une pénurie globale comme ça, qui concerne tous les métiers, tous les secteurs et tous les bassins ! », confie Benoit Pradier, directeur commercial dans l'agence Synergie de Mitry-Mory, en région parisienne.

En cause ? Les réorientations professionnelles pendant le Covid, d'une part, couplées au fait que les candidats privilégient désormais plus l'équilibre avec leur vie privée, au détriment de certains métiers jugés difficiles, indique Synergie. L'agence invoque aussi un moindre vivier de candidats en raison d'un faible taux de chômage.

Pour Benoit Pradier, c'est surtout à « la rapidité de placement » qu'on ressent la pénurie : les candidats restent désormais disponibles « moins de 24 heures », si bien que les agences poussent les entreprises clientes à raccourcir leurs processus de recrutement.

Pour autant, les agences d'intérim ne paniquent pas. « Il faut voir les quatre saisons avant de parler de pénurie historique », affirme Benoit Pradier, car « le travail temporaire est un baromètre qui suit l'activité économique ». Il est dont « très sensible et réactif aux événements géopolitiques », selon le directeur commercial.

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Des variations selon les secteurs

Dans le tertiaire marchand, hors intérim, l'emploi salarié privé continue d'augmenter nettement au deuxième trimestre : +0,8% (93.200 emplois), après +0,7% au trimestre précédent. Ce dynamisme explique l'essentiel de la hausse de l'emploi salarié total, sur le trimestre comme sur un an.

Le secteur de l'hébergement-restauration contribue le plus à la hausse d'ensemble sur le trimestre (+29.800 emplois).

L'emploi industriel (hors intérim) augmente de 0,3% au deuxième trimestre et de 1,1 % sur un an. Il retrouve ainsi son niveau d'avant-crise (+0% par rapport à fin 2019).

Dans la construction, l'emploi salarié est stable au deuxième trimestre 2022, à un niveau supérieur de 6,3% par rapport à fin 2019.

Enfin, l'emploi salarié dans le tertiaire non marchand augmente à peine au deuxième trimestre 2022 (+0,1 % soit +12.300 emplois), ce qui porte la hausse à +0,5 % sur un an et +2,1% par rapport à fin 2019.

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Chauffeurs, ouvriers, enseignants : grosses difficultés de recrutement

Reste que de nombreux secteurs peinent à recruter. C'est le cas de l'industrie qui enregistre « 70.000 emplois non pourvus » a assuré le ministre Roland Lescure devant le patronat fin août. La métallurgie souffre particulièrement : chaudronniers, tôliers et soudeurs font partie des 10 métiers où recruter est le plus difficile en 2022, selon l'enquête « Besoins en main-d'œuvre » de Pôle Emploi, publiée en avril.

La construction aussi est touchée. En juillet, 61% des entreprises du bâtiment déclaraient avoir des difficultés de recrutement, selon un point de conjoncture de la Banque de France publié en août. En tête des postes les plus compliqués à pourvoir, selon Pôle Emploi : les couvreurs. Dans le top 10 également, les menuisiers et ouvriers de l'agencement.

Du côté des transports, 78% des entreprises du secteur signalaient en juillet des difficultés à recruter, selon la Banque de France. Raison principale de ce désamour : des conditions de travail et des salaires qui n'attirent pas. « Il faut travailler les week-ends, le soir, les jours fériés. Les vacances en juillet-août, il faut les oublier, surtout au début », détaille Didier Mathis, secrétaire général de l'Unsa-Ferroviaire.

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Les entreprises manquent aussi d'ingénieurs et de consultants, en raison d'une « pénurie des talents » et d'une « forte concurrence des entreprises sur certains profils », selon la fédération Syntec, qui regroupe des syndicats dans ces métiers.

Le secteur de l'éducation connaît, lui, une crise inédite du recrutement d'enseignants, avec plus de 4.000 postes non pourvus aux concours cette année, sur 27.300 postes ouverts dans le public et le privé (et 850.000 enseignants au total).

Enfin, dans l'ensemble de la branche sanitaire, médico-sociale et sanitaire à but non lucratif, quelque 45.000 postes sont à pourvoir, selon les estimations de Nexem, une des principales organisations professionnelles du secteur.

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(Avec AFP)

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