La startup bretonne EHM veut convertir les camions à l'hydrogène vert

La jeune société brestoise EHM finalise une levée de fonds pour mettre en route son projet de rétrofit à hydrogène vert pour les camions, cars et bateaux de plus de cinq ans. Son modèle de moteur non polluant s’appuie aussi sur la fabrication massive d’hydrogène. Un premier pilote de moteur sera testé sur camions d’ici à 2023, avant une mise sur le marché en 2025.
Suivant un modèle de retrofit d'un nouveau genre, EHM-Efficient Hydrogen Motors développe un moteur à hydrogène pour remplacer les moteurs thermiques des véhicules (camions, cars, bateaux) de plus de cinq ans.
Suivant un modèle de retrofit d'un nouveau genre, EHM-Efficient Hydrogen Motors développe un moteur à hydrogène pour remplacer les moteurs thermiques des véhicules (camions, cars, bateaux) de plus de cinq ans. (Crédits : EHM / Twitter)

Depuis plusieurs semaines, Didier Arénal, PDG d'EHM (Efficient Hydrogen Motors), multiplie la présence de l'entreprise spécialisée dans l'hydrogène sur les salons professionnels tel HyVolution, qui s'est tenu en mai à Paris.

La startup brestoise, fondée en début d'année, enchaîne les rendez-vous avec des investisseurs, des fournisseurs d'hydrogène vert et des clients potentiels, notamment des groupes de transport, afin de promouvoir son innovation destinée à la mobilité lourde.

Suivant un modèle de retrofit (le fait de remplacer le moteur thermique, à essence ou diesel par un moteur électrique à batteries ou à hydrogène) d'un nouveau genre. Concrètement, elle développe un moteur à hydrogène pour remplacer les moteurs thermiques des véhicules (camions, cars, bateaux) de plus de cinq ans.

Le projet fait sens dans une région fortement utilisatrice des transports lourds pour acheminer ses produits agricoles et agro-alimentaires. Mais aussi en plein contexte de forte hausse des prix avec une inflation qui atteint un record en France depuis 37 ans, à +5,2% en mai, notamment en raison de la flambée des carburants.

Le Conseil régional est d'ailleurs un soutien actif d'EHM qui finalise une levée de fonds à hauteur d'un million d'euros.

L'entreprise a déjà bien avancé sur les partenariats industriels, avec des fournisseurs de solutions et des garagistes pour l'installation des moteurs, ainsi que sur la collecte de la somme. Il lui reste un dernier tiers encore à trouver auprès d'investisseurs privés.

20.000 m2 d'usine à Chateaulin

« Ce moteur n'émet pas de CO2, seulement de la vapeur d'eau, il répond à la Norme Euro 7 qui entrera en vigueur en 2025 et son rendement est supérieur à celui d'un moteur thermique », avance Didier Arénal, le dirigeant d'EHM et ancien directeur de la société de mécanique ST Industries à Guipavas.

« EHM remplace aussi les réservoirs et accessoires pour les convertir à l'hydrogène. Afin d'alimenter nos moteurs, nous sommes sur le point de signer des accords avec des réseaux de distribution d'hydrogène vert qui accompagneront notre développement. La distribution est essentielle à notre modèle car il n'existe pas encore de réseau de pompes à hydrogène ».

Mobilisant une équipe de vingt personnes (docteurs, chercheurs, ingénieurs), la jeune pousse a été créée au sein de l'incubateur Enstartups à Brest en collaboration avec l'école d'ingénieurs Estaca et l'Université de Bretagne Sud (UBS) pour la R&D.

EHM prévoit encore 18 mois de R&D, avec des essais sur véhicule en 2023, avant une homologation du moteur en 2024 et une mise sur le marché en 2025.

Cette échéance coïncidera avec la construction d'une usine de production de 20.000 m2 à Chateaulin, qui vise la création de 150 à 200 emplois en phase opérationnelle.

Pendant la phase intermédiaire, la montée en charge s'effectuera avec un industriel du Finistère.

Longue distance et économie circulaire

Si les flottes de camions et de cars forment le marché prioritaire d'EHM, sa solution suscite aussi l'intérêt des secteurs nautiques et aéronautiques.

« La conversion des moteurs d'une flotte de véhicules représente un investissement pour un transporteur, mais par rapport à une flotte équipée à l'électricité, on est dans un rapport de deux à trois fois moins cher. Et au vu du coût du gasoil, l'hydrogène massif est pratiquement au même tarif » insiste Didier Arénal.

Dans le cadre de la fin programmée des moteurs diesel ou essence, le dirigeant fait aussi remarquer que l'électrique aura sa part mais ne permet pas de rouler sur de longues distances.

« L'hydrogène a l'avantage d'offrir une autonomie située entre 400 et 800 kilomètres » évalue le dirigeant de 56 ans dont l'objectif est de réussir à installer un modèle industriel avant sa retraite.

« Notre projet contribue à l'économie circulaire, sans gaspillage. Sa fabrication locale, l'allongement de la durée de vie des véhicules et l'absence de rejet de CO2 répond aussi aux enjeux environnementaux. »

Un écosystème breton qui avance de concert

Alors que les grandes régions se mobilisent et se concurrencent autour de l'hydrogène vert, la Bretagne joue elle aussi sa carte.

Sa filière compte plus de vingt-cinq projets en cours, notamment à Vannes (Chantier naval Bretagne Sud), Redon (H2XEcosystems) ou encore Quimper (Entech) et développe différentes solutions techniques pour des usages terrestres et maritimes.

Si une des grandes ambitions régionales porte sur la construction de navires à technologie hydrogène, cette filière industrielle se développe également au sein de boucles locales d'hydrogène.

« Dans la filière H2, il n'y a pas une solution dominante. L'écosystème avance ensemble pour obtenir des solutions globales » se félicite Didier Arénal.

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Commentaires 2
à écrit le 16/06/2022 à 17:07
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Il serait bon d'arrêter de rajouter le mot "vert" partout à toutes les sauces. Que ce soient des moteurs à hydrogène, bien, mais le procédé de fabrication de l'hydrogène qui les alimentent n'a rien à voir avec le moteur.

le 16/06/2022 à 20:06
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Tout à fait ! On fait tourner avec l'hydrogène disponible (pour la mise au point, etc) et le jour où l'hydrogène "vert" est disponible, là, c'est lui qu'on utilise. Sauf s'il est généré in-situ dans l'installation,, ça c'est différent. S'ils attenden...

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