Inflation : la baisse prévue par le gouvernement jugée trop optimiste par le Haut Conseil des finances publiques

Alors que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a estimé que l'inflation annuelle atteindrait 4,9% en 2023 puis 2,6% en 2024, le Haut Conseil des finances publiques (HCPF) a, de son côté, indiqué que « le reflux attendu par le Gouvernement parai[ssait] rapide » et ces prévisions « un peu sous-estimées ».
Le Haut Conseil des finances publiques (HCPF) estimé que « le reflux (de l'inflation) attendu par le Gouvernement paraît rapide ».
Le Haut Conseil des finances publiques (HCPF) estimé que « le reflux (de l'inflation) attendu par le Gouvernement paraît rapide ». (Crédits : Eric Vidal)

« Un peu sous-estimées », c'est ainsi que le Haut Conseil des finances publiques (HCPF) a jugé les prévisions d'inflation du gouvernement pour 2023 et 3024. Celles-ci ont été annoncées la semaine dernière par les ministres des Finances, Bruno Le Maire, et des Comptes publics, Gabriel Attal, lors de la présentation du programme de stabilité « 2023-2027 » récemment envoyé par l'exécutif à Bruxelles. L'exécutif anticipe ainsi une inflation annuelle de 4,9% en 2023. Un chiffre qui a toutefois été revu en hausse de 0,7 point par rapport à la précédente estimation de l'exécutif. Elle serait ensuite de 2,6% en 2024 (-0,4 point).

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Pour rappel, en mars, l'inflation a atteint 5,7% sur un an en France, selon l'estimation définitive, revue en légère hausse par rapport à la première évaluation, par l'Insee.

« Un tassement important » de l'inflation semble « peu probable »

« Même si l'inflation mesurée en glissement annuel devrait commencer à se replier dans le courant de l'année 2023, le reflux attendu par le Gouvernement paraît rapide, si bien que les prévisions d'inflation (...) paraissent un peu sous-estimées », a estimé le HCPF dans un avis rendu mercredi sur le programme de stabilité envoyé, comme chaque année au printemps, aux institutions européennes. Il détaille sur plusieurs années la trajectoire de croissance, d'inflation, de dette et de déficit envisagée par les autorités françaises.

Pour l'année 2023, « l'atteinte de la prévision du gouvernement implique un net tassement de la hausse mensuelle des prix à la consommation par rapport à celle observée ces derniers mois », explique le HCFP dans son avis publié le jour de la présentation du programme de stabilité en Conseil des ministres. Or, « un tassement aussi important, en dépit de l'atténuation des tensions sur les prix des matières premières, semble peu probable », estime cette instance chargée d'évaluer la crédibilité de la trajectoire des finances publiques, qui s'attend à ce que la hausse des coûts de production continue à se répercuter sur le prix de vente des produits alimentaires, et à ce que le prix des services restent soutenu par « la forte progression des salaires ». « Pour 2024, le Gouvernement s'attend à une hausse de l'indice des prix à la consommation de 2,6% en moyenne annuelle, une prévision révisée en baisse (...) alors même que les autres prévisionnistes ont revu, dans l'ensemble, en hausse leur prévision pour 2024 », relève encore le HCFP.

De son côté, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoit, en effet, que la hausse générale des prix à la consommation devrait osciller entre « 5,5% et 6,5% » avant de refluer aux alentours de 3% fin 2024.

Au sujet de l'inflation, Emmanuel Macron a, lui, déclaré samedi dernier dans les colonnes du Parisien, que la situation serait difficile « jusqu'à la fin de l'été ». « Je vais être honnête, les prix alimentaires, ça va être dur jusqu'à la fin de l'été », a-t-il averti, alors que les prix des produits alimentaires constituent le principal moteur actuel de l'inflation en France. Sur un an, ils ont continué d'accélérer, grimpant de 15,9% en mars (après 14,8% en février). Selon les projections 2023-2025 de la Banque de France, l'inflation alimentaire a, en effet, pris le relais de l'inflation énergétique comme principal moteur de la hausse des prix. Elle devrait atteindre son pic « vers la fin du premier semestre ».

Des ambitions de désendettement, elles aussi, optimistes

Sur le front de l'endettement, le haut conseil a salué « la meilleure prise en compte » que par le passé de « l'impératif de désendettement ». Lors de la présentation du programme de stabilité, Bruno Le Maire a indiqué vouloir « le désendettement de la France ». « Il en va de la crédibilité européenne de la France », a-t-il insisté. L'exécutif entend ainsi réduire le déficit public qui devrait passer résolument sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) à 2,7% en 2027. Après avoir atteint 4,7% en 2022, il devrait légèrement remonter cette année (4,9%) avant de commencer à refluer progressivement à partir de 2024. De son côté, le désendettement sera réduit à 108,3% du PIB à cette échéance, contre 111,6% fin 2022, un ratio de plusieurs points moins élevé qu'envisagé précédemment. Mais l'atteinte de ces objectifs plus ambitieux repose sur « une hypothèse de croissance favorable », nuance néanmoins le Haut Conseil.

Dans sa traditionnelle lettre adressée au président de la République Emmanuel Macron ce lundi 24 avril sur le thème « Comment la France et l'Europe vont vaincre l'inflation », le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a, lui, pointé les baisses d'impôts qui ont marqué la politique économique d'Emmanuel Macron depuis son premier mandat. Entre la suppression de l'impôt sur la fortune et sa transformation en impôt sur la fortune immobilière (IFI), la baisse de l'impôt sur les sociétés (de 33% à 25%) et des impôts de production, la fin de la taxe d'habitation, de la redevance sur l'audiovisuel, le chef de l'Etat a multiplié les gestes envers les entreprises et les ménages. Mais ces choix parfois non financés ont des répercussions sur les finances publiques. Il s'agit de « stabiliser la fiscalité en arrêtant les baisses d'impôt non financées. La stabilité fiscale donne de la visibilité aux acteurs économiques, c'est-à-dire les entreprises et les ménages », a ainsi estimé François Villeroy de Galhau.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 26/04/2023 à 16:46
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Ça sert à quoi de mentir sur les chiffres? Je sais bien que ni Le Maire (agrégé de lettres), ni Attal (master de droit public) ne savent compter, mais tout de même. Ou alors, faut pas se faire prendre! Cela se voit comme le nez au milieu de la figure...

à écrit le 26/04/2023 à 15:30
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Sous-estimer l'inflation est pour une fois un bon choix, parce que ça permet de sous estimer la baisse de la dette publique en % sur le PIB et donc de maintenir les objectifs déjà peu ambitieux en termes de dette/PIB

le 26/04/2023 à 19:28
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cela permet surtout de rassurer les prêteurs en faisant croire que la France sen sort mieux que le reste des pays de l'UE

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