Insécurité, agriculture, désenclavement... Macron attendu au tournant en Guyane par les élus

Emmanuel Macron entame ce lundi une visite de deux jours en Guyane, un département grand comme le Portugal en proie à de nombreuses difficultés et qui a massivement voté pour Marine Le Pen en 2022. En 2023, la criminalité y a atteint un niveau record, avec 20,6 homicides pour 100.000 habitants, soit près de 15 fois plus que la moyenne nationale.
Face à une concurrence croissante, le centre spatial de Kourou ambitionne de devenir le « véritable port spatial de l'Europe ».
Face à une concurrence croissante, le centre spatial de Kourou ambitionne de devenir le « véritable port spatial de l'Europe ». (Crédits : NASA TV)

« Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants.». Plus de six ans après cette déclaration qui reste ancrée dans la mémoire collective des Guyanais, Emmanuel Macron retourne dans ce département grand comme le Portugal où Marine Le Pen avait recueilli plus de 60% des voix lors du second tour de la dernière présidentielle. En 2023, la criminalité y a atteint un niveau record, avec 20,6 homicides pour 100.000 habitants, soit près de 15 fois plus que la moyenne nationale.

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Le déplacement présidentiel coïncide avec plusieurs anniversaires dont « on a bien conscience », notamment celui du mouvement social de mars 2017, relève l'Elysée. Il intervient aussi un an jour pour jour après la mort, le 25 mars 2023, d'un gendarme du GIGN, Arnaud Blanc, dans une opération contre l'orpaillage illégal, et 60 ans après la création du centre spatial guyanais, annoncée par le général de Gaulle le 21 mars 1964 à Cayenne.

 « Au contact de la population » et « à l'écoute des élus »

Durant ces deux jours de visite, Emmanuel Macron sera « au contact de la population » et « à l'écoute des élus » notamment sur la question institutionnelle, promet la présidence. Dès son arrivée prévue peu après 6 heures (10 heures, heure de Paris), il aura un premier échange avec eux à l'aéroport, avant de les retrouver le soir autour d'un dîner républicain. Il va aussi saluer la mémoire d'Arnaud Blanc, visiter le marché aux poissons de Cayenne ainsi qu'une exploitation agricole avant de se rendre dans la forêt amazonienne, à Camopi, à la frontière avec le Brésil. Il doit y faire le point sur la valorisation de la forêt et rencontrer des militaires engagés dans une opération de lutte contre l'orpaillage, en lien avec l'armée brésilienne.

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La pêche et l'agriculture font partie des secteurs en souffrance dans ce territoire de 300.000 habitants grand comme le Portugal où un habitant sur deux a moins de 25 ans. Emmanuel Macron veut encourager le développement de l'agriculture locale, afin de réduire la dépendance alimentaire de la Guyane (96% du poulet consommé y est importé), avec des « objectifs ambitieux » à l'horizon 2030, selon l'Elysée.

En Guyane, l'agriculture doit devenir « un secteur d'excellence en termes de développement territorial », avec des « élevages ovins, de volailles », la « production d'agrumes », relève l'Elysée. Il faut transférer pour cela du foncier détenu en grande partie par l'Etat vers la filière et adapter les « normes, règlements » à ce territoire.

Emmanuel Macron va faire des « annonces » sur la filière pêche et décliner un « certain nombre d'actions très concrètes » pour conjuguer écologie et croissance économique, explique-t-on. « On refuse de choisir entre protection des forêts tropicales et développement économique », insiste la présidence,  plaidant pour une « écologie à la française », avec une « simplification et une adaptation des normes » jugées trop lourdes par les acteurs locaux.

Les élus réclament le désenclavement du territoire

De leur côté, les élus locaux vont mettre sur la table le désenclavement du territoire : la Guyane ne compte que 400 kilomètres de routes nationales et la liquidation d'Air Guyane en 2023 a privé de desserte aérienne des communes isolées. Ils attendent aussi des avancées sur l'évolution du statut de leur territoire, inspirée de la marche de la Corse vers l'autonomie.

Le pouvoir central doit « nous accorder le même statut que la Corse », martèle le président de gauche de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), Gabriel Serville, après avoir menacé de boycotter la visite présidentielle, tout comme les élus indépendantistes.

L'Elysée appelle pour sa part à la « poursuite du dialogue ». Il revient aux élus de « définir quelles sont les compétences qu'ils souhaiteraient voir endosser par la collectivité » relève la ministre des Outre-mer Marie Guévenoux. Le chef de l'Etat quittera la Guyane pour le Brésil mardi après une visite au centre spatial de Kourou, qui ambitionne, face à une concurrence croissante, de devenir le « véritable port spatial de l'Europe ».

Emmanuel Macron attendu au Brésil dans le cadre d'une visite d'Etat

Après les deux jours de visite en Guyane, Emmanuel Macron va se rendre au Brésil de mardi à jeudi. Il demandera à son homologue Lula de renforcer la coopération dans la lutte contre l'orpaillage illégal et contre l'immigration clandestine qui a trouvé une nouvelle route du Moyen-Orient vers l'Europe via ce pays et la Guyane. « Nous sommes dans un moment franco-brésilien », fait valoir la présidence française, en soulignant les « nombreux points de convergence » avec Lula, notamment sur les « grands enjeux globaux ».

« La France est un acteur essentiel, incontournable pour la politique étrangère brésilienne », relève la responsable Europe de la diplomatie brésilienne, Maria Luisa Escorel de Moraes. Lula accorde à son hôte l'honneur d'une visite d'Etat, la seconde seulement depuis sa réélection fin 2022. Si les sujets de contentieux ne manquent pas, de l'Ukraine - Lula refuse de prendre parti contre la Russie - à l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, les deux dirigeants ont avant tout à cœur d'avancer sur ce qui les unit : la transition écologique et la réforme de la gouvernance internationale.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 26/03/2024 à 9:35
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L'attendre au tournant ? Même en ligne droite, il n'est pas capable de tenir la route, nous allons direct au fossé ! ;-)

à écrit le 25/03/2024 à 19:05
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Et si on leur donnait l'indépendance ?

à écrit le 25/03/2024 à 9:30
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Apparemment, il a besoin d'une changement de décor pour se sentir crédible !;-)

à écrit le 25/03/2024 à 9:30
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Apparemment, il a besoin d'une changement de décor pour sentir crédible !;-)

à écrit le 25/03/2024 à 7:41
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" la Guyane ne compte que 400 kilomètres de routes nationales" Construire des routes en Guyane est un travail de titan qui coute excessivement cher et doit couter excessivement cher ensuite à l'entretien. La Guyane qui depuis le réchauffement climati...

le 25/03/2024 à 8:39
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personne ne lui a imposer la fonction il a voulu la place et ce n'est une raison pour se débarrasser des encombrants que ce soit la corse voir des iles du pacifique ou il envoyer l'onu pour une futur indépendances la destruction du pays continue

le 25/03/2024 à 9:24
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Ah ça la Guyane, yen a un paquet de pédophiles, par exemple, indéboulonnables qui y ont été transférés mais bon il y a aussi plein de gens bien mais dont la vie ne peut qu’être plus tourmentée avec des voisins de la sorte. Courage à eux.

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