Guyane  : un trio d'opérateurs choisi pour relancer les liaisons aériennes dès le 4 décembre

La collectivité territoriale de Guyane (CTG) a choisi jeudi un trio d'opérateurs pour reprendre les liaisons intérieures dans ce département enclavé. Elles n'étaient plus assurées régulièrement depuis la liquidation d'Air Guyane. Le groupement doit désormais obtenir un agrément de la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) pour pouvoir démarrer son contrat le 4 décembre. L'enclavement du plus grand département de France reste un vif sujet de préoccupation pour les élus de tous horizons.
La Guyane, le plus grand département français, ne bénéficie plus de liaisons aériennes régulières depuis la faillite d'Air Guyane, le 2 août dernier.
La Guyane, le plus grand département français, ne bénéficie plus de liaisons aériennes régulières depuis la faillite d'Air Guyane, le 2 août dernier. (Crédits : © Benoit Tessier / Reuters)

Grande comme le Portugal, la Guyane est privée de vols réguliers domestiques depuis la faillite le 2 août de sa compagnie intérieure. Les habitants des communes de l'intérieur de ce territoire, situé en Amérique du Sud, qui ne sont reliées à aucune route, devraient enfin pouvoir reprendre le chemin de l'aéroport.

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Une délégation de service public d'urgence

Les conseillers de la collectivité territoriale de Guyane (CTG), qui devaient choisir entre deux offres, ont en effet choisi le successeur d'Air Guyane. Ils ont voté à l'unanimité jeudi pour celle, à 7,7 millions d'euros, proposée par Guyane Fly, la compagnie tchèque Van Air et la société Jet Airways. La proposition du trio d'opérateurs a été retenue pour assurer une délégation de service public d'urgence pendant sept mois. Elle comprend la mise à disposition de trois avions et promet de reprendre plus de 40 des anciens salariés de l'ancienne Air Guyane.

« Nous avons introduit une clause d'insertion sociale dans le contrat vis-à-vis des anciens salariés », a expliqué Grégoire Michau, le directeur général des services de la CTG.

L'autre proposition, non retenue, ne comprenait que la reprise de 20 à 27 des ex-employés. L'offre choisie ne présente pas tous « les éléments techniques et organisationnels nécessaires », a nuancé le responsable. Le groupement doit désormais obtenir un agrément manquant de la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) pour pouvoir démarrer son contrat le 4 décembre.

Les élus dénoncent « l'enclavement » qui tuent « l'économie »

Entre l'arrêt d'Air Guyane et le début de la délégation de service public d'urgence, la collectivité territoriale avait fait appel à la compagnie Chalair qui, avec un unique appareil, a maintenu un lien aérien ténu avec le littoral, afin de transporter des personnes considérées comme prioritaires. Malgré tout, 35.000 personnes sont actuellement privées de mobilité d'autant que la navigation est dangereuse sur ses fleuves, au niveau particulièrement bas en saison sèche.

« Cette situation est catastrophique pour les habitants du Haut Maron », souligne auprès de l'AFP Sergina Telon, élue de Papaïchton, l'une des sept communes de Guyane - sur 22 - non reliées à la route.

« L'enclavement tue l'économie, la vie sociale, les perspectives d'avenir. Ce mal ronge notre pays », renchérit Philippe Dekon, président du collectif citoyen Apachi, créé à Maripasoula l'an dernier pour porter le combat du désenclavement, sur ce territoire français recouvert à 96% par la forêt amazonienne et traversé de cours d'eau. Auteur d'un recours en justice contre l'Etat déposé le 6 octobre pour « non-respect du principe d'égalité de traitement entre les collectivités locales et la continuité territoriale », le collectif vient d'organiser des « états généraux du désenclavement ».

Les principaux élus, partis politiques et syndicats de Guyane y ont participé, à Sinnamary, une commune du littoral distante de 120 km de Cayenne. « Un document cadre définissant un cap, une stratégie et une planification a été ratifié », explique à l'AFP le député (indépendantiste, rattaché à la Nupes) Jean-Victor Castor, l'un de ses signataires. Dans ces accords, le principe du désenclavement total et global de la Guyane a été acté. Pour y parvenir, une commission ad hoc, instituée par délibération de la Collectivité territoriale de Guyane, va être créée.

Construire « prioritairement des routes »

Elle regroupera la collectivité unique, les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), les parlementaires, les partis politiques, la société civile et un comité technique constitué de professionnels du BTP ou encore d'ingénieurs. Sa mission sera « d'identifier et de commander les études nécessaires, de lancer des souscriptions publiques et de coordonner les travaux », précise à l'AFP Philippe Dekon.  Les accords, consultés par l'AFP, soulignent la nécessité de développer « prioritairement les infrastructures routières », vues comme un préalable à l'aménagement du territoire et au développement économique.

(Avec AFP)

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