« Je ne vois rien de rationnel dans ce projet de réforme des retraites » (Esther Duflo)

GRAND ENTRETIEN- L'économiste star, prix « Nobel » en 2019, juge la réforme des retraites plus régressive et plus compliquée que le système actuel. Après l'envolée des prix de l'alimentaire, cette spécialiste mondiale des inégalités dissèque en détail les répercussions délétères de l'inflation sur les plus vulnérables. Titulaire de la chaire pauvreté au Collège de France, elle plaide pour la création d'un fonds spécial pour les pays à bas revenus financé par une hausse de la taxe minimum mondiale sur les sociétés fixée actuellement à 15%.
Grégoire Normand
Esther Duflo est diplômée en histoire et en économie à l'École normale supérieure de Paris. Elle a ensuite obtenu son doctorat en économie au MIT en 1999.
Esther Duflo est diplômée en histoire et en économie à l'École normale supérieure de Paris. Elle a ensuite obtenu son doctorat en économie au MIT en 1999. (Crédits : La Tribune/Bryce Vickmark)

LA TRIBUNE- Après trois mois de contestation et de débats explosifs, quel regard portez-vous sur la réforme des retraites récemment promulguée par Emmanuel Macron ?

ESTHER DUFLO- Dans la précédente réforme des retraites présentée en 2019, il y avait un effort pour rationaliser le système des retraites. Remettre à plat le système était une bonne idée. La réforme proposée actuellement est régressive. Elle touche d'abord ceux qui n'ont pas cotisé pendant assez de trimestres lorsqu'ils arrivent à 62 ans. Ils sont par définition les plus pauvres.

Cette réforme va-t-elle vraiment permettre de faire des économies ?

Par construction, cette réforme permettait de faire des économies sur les plus pauvres. En contrepartie, les compensations sur les petites retraites et les carrières longues sont des usines à gaz. Mais cette réforme ne va quasiment rien rapporter.

La réforme des retraites ne permet pas de répondre aux problèmes de solvabilité s'il y en a un. Ce problème de solvabilité me paraît moins urgent qu'à d'autres moments. Cette réforme me paraît plus régressive et plus compliquée que le système actuel. Cette réforme est avant tout politique. Je ne vois rien de rationnel dans ce projet.

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Les institutions internationales ont montré que de nombreux progrès dans l'éducation, l'alimentation ont été réalisés ces dernières décennies dans le monde. Malgré ces avancées, la crise sanitaire et l'invasion de la Russie en Ukraine ont ravivé les craintes d'une explosion de la pauvreté partout sur la planète. Le recul de la pauvreté a-t-il marqué un coup d'arrêt depuis la pandémie et la guerre en Ukraine ?

Au niveau mondial, la pauvreté a nettement reculé entre le début des années 90 et 2019. En 30 ans, la pauvreté a été divisée par deux. Il y a eu une progression de la pauvreté pendant la crise du Covid.

Même si les projections sont encore fragiles, il est clair que l'on peut s'attendre à une forte augmentation. Les événements macroéconomiques depuis la pandémie ont mis un gros coup de frein aux progrès contre la pauvreté.

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Comment expliquez-vous cela ?

Les pays riches ont pu amortir le choc du Covid grâce à une expansion fiscale considérable. Ces pays ont consacré 27% de leur PIB en moyenne au soutien fiscal pour protéger leurs citoyens et les entreprises. Dans les pays riches, les individus ont pu se remettre rapidement à consommer grâce à leur épargne.

Dans les pays pauvres, cette expansion fiscale est d'environ 2% du PIB. Ces Etats n'ont pas eu les mêmes moyens pour faire du « quoi qu'il en coûte ». Les différents confinements et le ralentissement général de l'activité économique ont frappé de plein fouet les pays pauvres sans qu'ils soient vraiment capables de protéger leurs citoyens. Dans ces économies, beaucoup de gens ont perdu leur activité ou leur emploi. Compte tenu de la moindre protection, la reprise a été plus lente dans ces pays.

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La guerre en Ukraine a aussi contribué à mettre un coup de frein sur ces progrès de lutte contre la pauvreté.

La hausse des prix de l'alimentaire après la guerre en Ukraine a pesé sur la pauvreté. La hausse des taux d'intérêt par la FED et la Banque centrale européenne (BCE) a eu un effet direct sur les pays pauvres endettés. Ce durcissement a augmenté la charge de la dette.

Avec la pandémie, il y avait déjà les ingrédients pour une crise de la dette dans plusieurs pays. La hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis a conduit à une hausse du dollar. Or, dans beaucoup de pays en développement, la dette est libellée en dollar. Pour les pays riches, le FMI prévoit une croissance positive pour 2023 et 2024. S'agissant des pays pauvres, ils sont encore dans une zone de croissance négative.

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Esther Duflo économiste

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Crédits : Collège de France/Patrick Imbert.

Malgré des systèmes de prélèvements et de protection dans les pays développés, on assiste à une montée des travailleurs pauvres. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Depuis quatre décennies, le salaire médian aux États-Unis n'a pas bougé. La croissance économique a très peu bénéficié aux classes moyennes. Toute la croissance a été principalement capturée par les plus riches depuis les années 60. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de progrès dans la pauvreté.

Il y a eu une croissance des revenus très forte chez les plus pauvres mais ils partent de très bas. Au milieu, il y a une grande classe moyenne qui n'a pas connu d'augmentation de leur niveau de vie. Le phénomène des travailleurs pauvres s'est empiré au cours du temps.

Quel rôle l'inflation peut-elle jouer dans l'appauvrissement des travailleurs ?

L'inflation touche directement les gens si leurs salaires sont fixes et que les prix augmentent. Les prix de l'alimentaire sont tirés par la conjoncture. Avant la hausse récente de l'inflation, il y avait une très forte croissance des prix de l'immobilier aux Etats-Unis et dans certaines grandes villes européennes. Les coûts de l'immobilier ont tellement progressé que les personnes s'appauvrissent si leurs revenus stagnent.

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Comment expliquez-vous cette flambée des prix de l'immobilier dans les grandes villes américaines et certaines métropoles européennes ?

La flambée des prix de l'immobilier est la conséquence de l'enrichissement des plus riches. Ils mettent une pression sur les prix de l'immobilier en raison du nombre de logements limité. Le stock de logements est relativement fixe alors que la demande continue de croître. De San Francisco à Paris en passant par de petites villes, les gens ont de plus en plus de mal à se loger. Cela contribue à la pauvreté des travailleurs.

Enfin, il faut également rappeler que la montée en puissance du commerce extérieur chinois a contribué à l'appauvrissement des travailleurs dans les pays riches. La désindustrialisation des Etats-Unis a accentué les phénomènes de pauvreté des travailleurs. Cet appauvrissement contribue à l'implosion de la vie économique et sociale dans certaines villes des Etats-Unis. En France, le phénomène est moins visible car les gens sont mieux protégés mais il existe.

Dans votre série de conférences au Collège de France, vous abordez les thèmes de l'environnement, du climat et de l'énergie. Quelles pourraient être les répercussions du réchauffement climatique sur la pauvreté ?

On a vu l'été dernier que le réchauffement climatique avait touché la France par des vagues de sécheresse. Mais en réalité, les coûts du réchauffement climatique seront beaucoup plus importants dans les pays pauvres. Ces États se situent dans des zones géographiques où il fait déjà chaud.

Dans les pays riches, beaucoup de salariés travaillent dans des bureaux climatisés et moins à l'extérieur. Pour des températures similaires, les coûts en termes de mortalité ne sont pas comparables entre les pays riches et les pays pauvres. En termes de vie humaine, il y aura autant de morts dus au changement climatique que toutes les morts provoqués par les maladies comme le sida, la malaria ou la tuberculose dans les pays pauvres d'ici 2100.

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Comment les sciences économiques peuvent-elles aider à la lutte contre la pauvreté dans le monde ?

Mes lectures du Collège de France cette année ont montré comment les sciences économiques peuvent permettre d'identifier les difficultés auxquelles les gens font face, d'identifier les solutions et de les tester. Par le biais des expériences aléatoires sur le terrain, les sciences économiques permettent de tester l'impact des politiques publiques comme on testerait l'impact des médicaments.

Le revenu universel permettrait-il de réduire les inégalités et la pauvreté ?

Dans les pays riches, je ne pense pas que le revenu universel soit vraiment utile et nécessaire. On dispose déjà de beaucoup d'informations sur les gens qui ont besoin d'aide et sont exposés au risque de pauvreté. Je suis plutôt favorable à un ciblage des aides et à l'abandon des conditionnalités. Dans le revenu universel, il y a l'abandon du ciblage et l'abandon des conditionnalités.

L'objectif actuel du gouvernement français est d'ajouter le plus de conditions possibles sur la garantie jeune, le RSA. Aucune donnée montre que c'est une bonne idée. Ces conditionnalités ne fonctionnent pas. Les études montrent plutôt que lorsque les gens sont suffisamment pauvres pour être éligibles à un dispositif, il faut faciliter l'accès à ce programme et les soutenir pour en sortir.

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Êtes- vous favorable à une taxe sur les superprofits ?

Je suis favorable à taxer beaucoup plus les profits en général et pas seulement les superprofits. Sur le réchauffement climatique par exemple, la responsabilité repose beaucoup plus sur le comportement des gens dans les pays riches. Il faut faire payer les pays riches pour compenser les pays pauvres de notre mode de vie. L'idéal serait d'avoir un impôt universel sur les citoyens les plus riches. Mais j'ai du mal à croire que cela puisse se faire.

En revanche, un impôt sur les entreprises me paraît plus réaliste. L'accord mondial d'un impôt minimum de 15% sur les entreprises a montré que cela était possible. Ajouter un pourcent à cette taxe permettrait de créer un fonds pour les pays pauvres afin de compenser les pertes provoquées par nos comportements. Finalement, la question de la taxe sur les superprofits est un faux débat. Il est utile de montrer que les plus gros profits sont réalisés par les compagnies pétrolières. Mais je pense qu'il faut une taxation plus pérenne.

Propos recueillis par Grégoire Normand

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Grégoire Normand
Commentaires 31
à écrit le 02/11/2023 à 16:29
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Pourquoi attendre la prochaine note de Fitche de AA- pour augmenter au plus vite les petites retraites de moins 1000 euros pour les "Baby -Boomers" promise par Emmanuel Macron ? Ayant pris la retraite patriotique à 65 ans au lieu de 60 admise sous ...

à écrit le 20/04/2023 à 20:08
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Ce gouvernement ne tiendra pas

à écrit le 20/04/2023 à 20:08
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Ce gouvernement ne tiendra pas

à écrit le 20/04/2023 à 9:50
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Toujours la bonne conscience de gauche des salons parisiens. Plus conservateurs que ces gens-là, qui vivent des rentes servies par l'Etat, exactement comme sous l'Ancien Régime, il n'y a pas.

à écrit le 20/04/2023 à 8:49
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Si elle était juste et gagnante pour les meritants pauvres la réforme aurait pas mit tant de personne en grève (et les grèves sont pas finies,, les JO sont mal parties...) Quand à Macron il l'a pas faite pour les retraites mais pour que son nom y so...

le 21/04/2023 à 9:28
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C'est justement ça la question : il n'y a pas eu tant de personnes en grève que ça. N'en déplaise aux médias, qui grossissent tout pour mieux nous bourrer le mou (et vendre leurs espaces publicitaires).

à écrit le 20/04/2023 à 7:30
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le postulat de départ comme quoi ceux qui n'ont pas assez cotisé à 62 ans sont les plus pauvres est largement discutable. tous les cadres qui ont fait des études supérieures pour n'arriver sur le marché du travail qu'à 25 ans seront loin d'avoir tous...

le 20/04/2023 à 10:15
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Personne ne s'y intéresse parce qu'il faudrait pour cela comparer l'âge moyen de départ effectif à la retraite entre pays, ce qui conduirait à constater que la France est en réalité bien placée sur ce critère, bien plus pertinent que celui de l'âge d...

à écrit le 20/04/2023 à 3:56
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L'argent des retraites est parti depuis maastrich dans l'Europe. Quand on voie le scandale qui pointe son nez de la signature d'un des contrats des vaccins du covid de 71 milliards passé par une seule personne, non mandatée pour le faire et de surcro...

le 20/04/2023 à 9:58
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Les deux obéissent à la même logique: tout faire pour préserver l'électorat boomer. Par ailleurs, j'ai signalé vos propos pour complotisme. La négation de la surmortalité de la grippe19 n'est pas sans conséquence.

à écrit le 19/04/2023 à 21:44
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Très intéressant, que la presse ..paresseuse se libère du donneur d' ordres et tt le monde y verra beaucoup plus clair, F Asselineau "LE VENT TOURNE BBC puis Twitter imposent à FranceTV et RadioFrance une mention comparable à celles de...

à écrit le 19/04/2023 à 20:35
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La réforme, il faut la faire. Pas obligatoirement celle là; mais ignorer la démographie, c'est aller dans le mur, si on reste sur le système actuel. Et, à nouveau, instaurer des brêches dans des régimes spéciaux (chèrement défendus par certains syndi...

le 19/04/2023 à 22:10
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Ça fait 40 ans qu’on est au courant qu’il y allait avoir un trou démographique avec les boomers. Cette génération aurait dû anticiper et mettre de coté. Ça n’a pas été fait, et on demande aux actifs d’aujourd’hui de payer l’addition, avec des salaire...

à écrit le 19/04/2023 à 20:21
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Ou comment se donner bonne conscience quand on est une économiste de gauche. Ce qui ne veut dire quelque chose que dans les salons parisiens : l'économie n'est ni de droite ni de gauche, puisque c'est une science. En principe.

le 19/04/2023 à 20:48
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La droite et la gauche ça n' existe pas, le cliavage a été créé apr les mondialistes pour égarer le bétail, le seul clivage résiduel est mondialistes VS souverainistes, ces derniers sortis de la matrice mondialiste ..locale...

le 20/04/2023 à 14:46
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Le MIT, qui est la meilleure université au monde dans 11 disciplines scientifiques (des mathématiques à la physique en passant par différents types d'ingéniérie) a recruté Esther Duflo comme professeur d'économie (le MIT est n°2 au monde dans cette d...

à écrit le 19/04/2023 à 15:49
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Encore une taxomaniaque !!

à écrit le 19/04/2023 à 13:35
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Ce n'est pas ce que pense, autre prix Nobel , Jean Tirole qui lui recommande cette hausse a 64 ans. Comme quoi on se demande si ce n'est pas l'avis de Duflot qui est "politique". D'ailleurs si cette reforme était "politique" ce serait assez mal avisé...

le 29/05/2023 à 14:16
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Elle est plus idéologique que politique. Et Macron n'en a rien à faire d'être impopulaire du moment qu'il atteint ses objectifs personnels et ceux de ses complices.

à écrit le 19/04/2023 à 12:21
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Propos qui n'ont rien d'étonnant venant d'une intellectuelle de gauche.

à écrit le 19/04/2023 à 12:05
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à force de faire des fonctionnaires à pas cher, on va tous finir à ne plus rien faire d'autre que de regarder les autres à comment ne rien faire pour profiter le plus longtemps possible de nos retraites, même pour les plus minables d'entre nous. Quel...

à écrit le 19/04/2023 à 12:02
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C'est bien beau de critiquer cette réforme de retraite, mais elle a proposé quoi ces dernières années : rien . Donc silence

à écrit le 19/04/2023 à 11:27
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F Asselineau cette réforme imposée par Bruxelles donne l' occasion au post it de schwab de se faire mousser POUR LA NIEME FOIS dans la presse subventionnée.. F Asselineau "LA FICELLE ÉCULÉE DU «PLAN MARSHALL» Macron a déjà annonc...

le 19/04/2023 à 11:47
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Correctif, Je retire le premier F Asselineau évidemment, le reste est OK!.. Son propos commence dont à "LA FICELLE"..

à écrit le 19/04/2023 à 10:55
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Dans tous les cas, reforme ou pas, avec votre micron, c'est regression obligatoire. Il applique les directives en bon petit rond de cuir. Encore 4 longues annees, pauvres de vous. Apres ce sera sans nuls doutes la fille du borgne, bref de charybe en...

le 19/04/2023 à 14:02
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Ce qu'on peut résumer ainsi :Au royaume des aveugles, la fille du borgne devient reine

à écrit le 19/04/2023 à 10:27
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Il a bien raison , une usine a gaz bien technocratique. Le gouvernement serait bien inspiré de laisser la main aux syndicats qui ont une expérience de bonne gestion avec l'AGIRC /ARCO . Il suffit de demander aux retraités actuels , les syndicats pou...

à écrit le 19/04/2023 à 10:05
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Et si avant de parler de taxes, taxes, .. on cherchait à simplifier les millefeuilles administrativo- étatiques en tous genres (y compris dans les organismes dits "sociaux"), avec leurs conséquences sur des personnels quelquefois pléthoriques ? Il y ...

à écrit le 19/04/2023 à 9:55
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"On a vu l'été dernier que le réchauffement climatique avait touché la France par des vagues de sécheresse" : ou comment confondre météorologie et climatologie.

à écrit le 19/04/2023 à 9:47
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Les entreprises et ses actionnaires cherchent toujours un maximum de rentabilite. Comme vous avec votre livret A largement plus rentable que sur le marche financiere. Donc vous s'occupez en savoir d'ou vient cet rentabilite? Vous s'occuppez les condi...

à écrit le 19/04/2023 à 9:42
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La reforme de 2019 était au moins aussi impopulaire que l'actuelle: donc la regretter signifie ignorer le fait politique qu'elle était trop difficile à comprendre pur la majorité et trop compliqué à réaliser et donc tout le monde pouvait raconter n'i...

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