Justice  : les députés veulent simplifier le lancement d'actions de groupe

L'Assemblée nationale planche ce mercredi sur une proposition de loi pour relancer les procédures d'actions de groupe devant la justice, après le « bilan décevant » du dispositif lancé en 2014 par la Loi Hamon. Seules trente-deux actions de groupe ont en effet été intentées depuis 2014 en France contre certaines pratiques d'opérateurs téléphoniques, banques, bailleurs immobiliers ou groupes automobiles.
L'Assemblée nationale devrait voter ce mercredi un texte qui facilitera l'accès à l'action de groupe à la française.
L'Assemblée nationale devrait voter ce mercredi un texte qui facilitera l'accès à l'action de groupe à la française. (Crédits : Reuters)

Inspirée des « class actions » à l'américaine, l'action de groupe à la française, lancée par la Loi Hamon de 2014, n'a pas eu le succès escompté. Pour lui donner un coup de fouet, les députés vont travailler ce mercredi à simplifier son accès. Elle permet jusqu'à maintenant à des consommateurs victimes d'un même préjudice de la part d'un professionnel de se regrouper et d'agir en justice au sein d'associations agréées.

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D'abord limité au droit de la consommation, le champ de l'action de groupe a été élargi en 2016 à la santé, l'environnement, la protection des données personnelles, la lutte contre les discriminations, puis en 2018 aux litiges relatifs à la location immobilière.

Mais les députés s'accordent sur la « trop grande complexité » du dispositif actuel et son « peu de succès ». Selon l'introduction de la proposition de loi, seules « trente-deux actions de groupe ont été intentées en France depuis 2014 », contre certaines pratiques d'opérateurs téléphoniques, banques, bailleurs immobiliers ou groupes automobiles.

Et « seules six procédures ont eu un résultat positif » avec déclaration de responsabilité du défendeur ou accord amiable, à l'image d'un accord de 2017 entre l'UFC-Que Choisir et Free, qui a dédommagé ses abonnés pour des bugs lors de l'utilisation de la 3G.

Le nouveau texte devrait recueillir un soutien très large

Porté par les députés MoDem Laurence Vichnievsky et LR Philippe Gosselin, le nouveau texte devrait recueillir un soutien très large, si ce n'est l'unanimité, lors du vote en première lecture mercredi ou jeudi, durant une semaine transpartisane au Palais Bourbon.

Leur texte entend simplifier l'accès à cette procédure, avec un régime juridique unique et des délais raccourcis. Le champ d'application de ces actions de groupe deviendrait « quasiment universel », selon les deux députés. L'ensemble des préjudices, qu'ils soient corporels, matériels ou moraux, seraient indemnisables.

Cent personnes physiques pourraient créer une association « ad hoc » pour engager la procédure

Leur proposition de loi prévoit d'étendre le nombre d'associations pouvant engager de telles actions : elles ne sont que seize à être agréées aujourd'hui. Cent personnes physiques pourraient désormais créer une association « ad hoc » pour engager la procédure. La gauche et le RN veulent abaisser ce seuil, tandis que d'autres élus redoutent un engorgement des tribunaux.

Dans des amendements pour la séance, le gouvernement réclame pour sa part une durée d'existence minimale d'un an pour ces associations, et la publicité de leur source de financement et de leur organisation. Plus globalement, il voudrait resserrer le type d'associations pouvant engager ces recours.

La proposition de loi permet aussi d'alléger le coût de la procédure pour les plaignants, avec la possibilité donnée au juge de faire peser sur l'Etat tout ou partie de l'avance des frais, si « l'action intentée présente un caractère sérieux ». Elle crée enfin une nouvelle sanction financière à la main des juridictions civiles, versée au Trésor public en cas de « faute intentionnelle ayant causé des dommages sériels ».

« Ne pas tomber dans les « dérives à l'américaine »

En commission, elle a reçu un accueil favorable dans tous les groupes. Laurence Vichnievsky revendique un « rééquilibrage » plus favorable aux consommateurs. Mais ne veut pas pour autant tomber dans des « dérives à l'américaine », avec des avocats qui vont parfois « un peu à la pêche aux plaignants » pour lancer des affaires.

Les auteurs de la proposition de loi précisent d'ailleurs que leur texte n'élargit pas « l'initiative» des actions de groupe aux avocats seuls, même s'ils auront « toute leur place » durant la procédure. Dans un avis, la Défenseure des droits Claire Hédon salue les « avancées » du texte, en proposant des « améliorations », notamment pour « l'allègement complet des charges » financières du procès. Elle souhaite également la « création d'un fonds de financement des recours collectifs en matière de discrimination ».

La médiatisation de la plainte, « un effet pervers de la procédure d'action de groupe »

A peine était-elle votée en 2014 que la procédure d'action de groupe, selon un point de vue publié dans La Tribune, montrait déjà un effet pervers lié à la forte médiatisation recherchée par les associations de consommateurs elles-mêmes. Pour les auteurs, Kami Haeri et Benoît Javaux, « les trois premières actions ont ainsi été annoncées par le biais de communiqués de presse et plans media soigneusement préparés, d'interviews des représentants desdites associations, fortement relayées dans les médias online et offline. Se donner beaucoup de visibilité à peu de frais... ».

Du côté des professionnels visés, les conséquences sont immédiates : « leur image et leur réputation en sont déjà durablement affectées, alors même que les fautes reprochées ne sont pas encore examinées par la justice et qu'elles ne le seront que dans plusieurs mois ». Ainsi, « la simple menace d'une action de groupe, voire l'annonce d'une telle procédure, constitue en elle-même une arme pour les associations pouvant leur permettre d'obtenir des engagements du professionnel, et cela indépendamment du bien-fondé réel des demandes de l'association ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 08/03/2023 à 9:54
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grace aux class actions, les americains, dont lecologie est le dernier des soucis, ont eu plein de gens qui ont porte plainte contre VW, car ca les empechait de dormir de savoir que VW avait triche sur les emissions de CO2; bon, si en plus ca fait un...

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