L'attribution du marché francilien de l'eau toujours suspendue après une fuite de données de Suez vers Veolia

Dans un appel d'offres colossal pour le marché de l'eau en Île-de-France, Veolia a eu accès à des informations confidentielles sur l'offre de son concurrent Suez. Le processus d'attribution se trouve encore suspendu.
L'affaire, survenue en avril et d'abord révélée par Marianne, a poussé le Syndicat des Eaux d'Ile-de-France (Sedif) qui gère 133 communes autour de Paris mais pas Paris, à geler le processus d'attribution du marché.
L'affaire, survenue en avril et d'abord révélée par Marianne, a poussé le Syndicat des Eaux d'Ile-de-France (Sedif) qui gère 133 communes autour de Paris mais pas Paris, à geler le processus d'attribution du marché. (Crédits : Pixabay / CC)

Tout est parti d'un bug informatique et l'attribution du grand marché des eaux d'Île-de-France se retrouve suspendue. Un bug informatique en pleine procédure de renouvellement de concession a en effet permis au candidat Veolia d'accéder à des documents confidentiels du rival Suez.

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L'affaire, survenue en avril et d'abord révélée par Marianne, a poussé le Syndicat des Eaux d'Île-de-France (Sedif) qui gère 133 communes autour de Paris mais pas Paris, à geler le processus d'attribution du marché.

Six mois plus tard, les échanges n'ont toujours pas repris et l'établissement public présidé depuis 40 ans par André Santini, garde le silence sur l'attribution des concessions, laissant dans une attente fébrile les deux rivaux historiques qui lorgnent ce marché de 4,3 milliards d'euros sur 12 ans.

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Une bourde lourde de conséquences

Le 4 avril dernier, peu avant 19 heures, Veolia reçoit une série de documents via la plateforme informatique utilisée par le Sedif pour communiquer avec ses deux candidats. Parmi eux, des données confidentielles liées à l'offre de Suez. Le lendemain, cela recommence avec de nouveaux messages adressés au mauvais destinataire. Selon une expertise informatique du Sedif, il s'agit bien d'un incident technique, pas de hacking.

Une deuxième expertise sur le parcours des données est commandée au même expert, sur la base d'éléments fournis par Veolia. Le 5 avril, « il apparaît que l'utilisateur Veolia a téléchargé des données destinées à Suez », des fichiers intitulés « Suez » ou « S », le rapport relevant en outre des « activités associées aux fonctions de copier-coller ». Cinq personnes y ont ainsi eu accès dont trois ont consulté tout ou partie, note l'expert, qui conclut que la confidentialité des fichiers Suez « apparaît compromise ».

Le SEDIF assure tenir son calendrier

Veolia conteste ce rapport : « La véritable perte de confidentialité ne provient que de la transmission irrégulière de ces fichiers, les conditions dans lesquelles Veolia les a ensuite téléchargés étant habituelles », car « les candidats sont tenus de consulter l'ensemble des informations et des courriers qui leur est adressé par l'autorité organisatrice », se défend Veolia.

Pour les deux concurrents, l'enjeu est colossal. Pour l'instant, Veolia gère ce marché de 4 millions de consommateurs dans son giron depuis cent ans après un précédent appel d'offres en 2011. Pour Suez, ce serait une grande prise de guerre de remporter ce marché. Le Sedif temporise et promet d'apporter « des précisions » aux compétiteurs dans les jours à venir.

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Ce renouvellement de concession est décidément compliqué pour le premier syndicat des eaux de France, déjà invité par les conclusions du Débat public à mieux justifier son projet d'installations de traitement à près d'un milliard d'euros. A ce stade, « nous respectons le calendrier initialement prévu » d'une attribution « au plus tôt » au 1er semestre 2024 pour un démarrage le 1er janvier 2025, se justifie le SEDIF.

Commentaires 2
à écrit le 18/10/2023 à 8:28
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"après une fuite de données de Suez vers Veolia" Où les dégâts qui seront de plus en plus voyants et conséquents de la privatisation du renseignement public. Je rappelle que c'est Vinci qui a le marché des écoutes téléphoniques en France hein et ya a...

à écrit le 17/10/2023 à 21:57
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A vau-l'eau, les données!

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