Veolia : l'appel de la patronne Estelle Brachlianoff à préserver l'eau

Lors de la présentation de ses premiers résultats trimestriels 2023, la directrice générale du géant de l'eau et des déchets s'est faite l'écho d'une ambition collective portée par l'ONU sous le terme « net zéro water ». Veolia vient en effet de renouveler un contrat en ce sens avec la métropole de Lille. Mais l'eau est aussi un bien commun qui divise une commune essonnienne et un producteur de soda...
César Armand
Estelle Brachlianoff dirige Veolia depuis le 1er juillet 2022.
Estelle Brachlianoff dirige Veolia depuis le 1er juillet 2022. (Crédits : Reuters)

Veolia commence 2023 tambour battant. Le champion mondial des services de l'environnement vient de communiquer de très bons résultats pour le premier trimestre 2023. Plus d'un an après sa fusion réussie avec Suez, le géant de l'eau et des déchets vient de réaliser un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros (+20%).

« Tous les signaux sont au vert », s'est félicitée la directrice générale Estelle Brachlianoff ce 4 mai lors d'un rendez-vous téléphonique avec la presse. Elle ne croit pas si bien dire : +9,9% pour l'eau - avec de « très belles prises de commande » dans les technologies -, +3,2% dans l'activité déchets et +54% sur l'énergie, sans surprise, « portée par la hausse des prix de l'énergie ».

Alors que le président Macron a présenté un « Plan eau »  le 30 mars, suivi par ses ministres Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) et Marc Fesneau (Agriculture et souveraineté alimentaires) à l'Assemblée nationale le 3 mai, la patronne de Veolia a lancé un appel à « aller vers le net zéro eau ».

Lire aussiPlan eau : ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron

Un contrat avec la métropole de Lille

De la même manière que la France s'est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050 et l'entreprise la neutralité énergétique, Estelle Brachlianoff s'est faite l'écho d'une ambition collective portée par l'ONU sous le terme de "net zero water" qui consiste à restituer à la nature autant d'eau que celle prélevée.

Pas plus tard que la semaine dernière, le géant de l'eau a d'ailleurs renouvelé son contrat d'eau avec la métropole de Lille, « le premier contrat significatif sur la sobriété en eau. » Autrement dit, la société est payée si elle réussit à économiser cette ressource naturelle.

« Légitimement, le dérèglement climatique conduit à se poser beaucoup de questions sur la réduction de CO2 dans l'atmosphère. Pendant longtemps, à part dans quelques pays du Sud, le sujet de la rareté de l'eau a été peu abordé », a justifié la directrice générale de Veolia, invitée par La Tribune à préciser sa pensée.

Un autre exemple en Australie

Et de poursuivre, prêchant pour sa paroisse : « L'eau est un bien précieux dont on doit prendre soin. Eviter de prélever dans les nappes phréatiques doit être un objectif en soi. Pour les industriels, il existe beaucoup de technologies qui nous permettent de recycler l'eau pour qu'elle soit réintroduite dans les circuits de production ».

Par exemple, sur une mine de lithium - matière première essentielle pour les batteries électriques mais très gourmande en eau -, « nous avons permis de doubler la production sans prélever une goutte supplémentaires avec nos solutions pour traiter et recycler », a-t-elle illustré.

Un discours qui doit se traduire en actes

Ce discours de sobriété commence à gagner les esprits mais peine (encore ?) à se traduire en actes. Déjà en octobre, à la veille de la présentation gouvernementale de la stratégie en question, l'agence de conseil et d'expertise économie urbaine ibicity, le cabinet de conseil en gestion des services publics Espelia et l'agence de conseils en coopérations territoriale Partie Prenante avaient publié un rapport sur les infrastructures collectives, leur financement et leur dimensionnement.

« Le modèle historique des infrastructures urbaines repose sur l'hypothèse d'une croissance continue des volumes, linéaire et prévisible », pointaient les auteurs de l'étude.  « Chaque baisse de consommation vient dégrader le coût de revient du réseau et risque d'enclencher un cercle vicieux financier (...) La baisse des consommations peut conduire à dégrader la rentabilité des infrastructures voire à les transformer en actifs échoués », enchaînaient les analystes.

Rappelant - il y a donc sept mois -  qu'il n'existait pas de contraintes réglementaires spécifiques sur l'eau potable, ils soulignaient aussi que les consommations devaient être suffisantes pour ne pas stagner dans les canalisations et « garantir les normes d'hygiène en vigueur ».

Lire aussiComment la sobriété devrait contraindre les villes à repenser leur modèle économique

Une joute entre une ville essonnienne et un producteur de soda...

Plus récemment, en région parisienne, la commune de Grigny (Essonne) vient d'appeler Coca-Cola à cesser d'utiliser une nappe phréatique de la ville pour pomper de l'eau. Selon Europe 1, près d'un million de mètres cubes sont en effet collectés chaque année... et ce depuis trente ans !

Sollicitée par La Tribune sur cet exemple précis, Estelle Brachlianoff dédouane les metteurs en bouteille de soda qui « sont sous la pression des collectivités locales pour limiter leurs prélèvements ». Il y a une « bonne nouvelle », ajoute-t-elle: « il y a sept-huit ans, ils consommaient 6 à 8 litres d'eau pour un litre de soda ; maintenant, c'est 1,4-1,5 litre pour 1 litre de soda ».

...et une bataille entre les industriels de la boisson, l'exécutif et les élus locaux

Autre sujet polémique entre les industriels de la boisson et les élus locaux: la consigne des bouteilles plastiques. Le gouvernement veut généraliser le geste de déposer une bouteille dans un automate, au lieu de la poubelle jaune à son domicile. Pour les édiles, c'est une « fausse consigne », qui rapporterait plus de 700 millions d'euros aux professionnels et qui ferait perdre aux collectivités plus de 300 millions de recette. Soit une réforme à plus de 1 milliard d'euros... Sans parler du surcoût pour l'usager.

« Recycler les bouteilles plastiques est une bonne idée. C'est 75% de CO2 en moins que de la fabriquer à partir de pétrole. Veolia a beaucoup investi sur ce sujet avec une dizaine d'usines ces dernières années », a répondu la directrice générale à La Tribune.

Et de défendre la consigne qui permet de « capturer plus de matière ». Aujourd'hui, « encore trop de bouteilles ne sont pas recyclées, placées dans une mauvaise poubelle à la gare ou dans la rue ». Avant de conclure: « toutes les initiatives permettant de capter plus cette ressource iront dans le bon sens ».

Sauf que les élus locaux lui rétorqueraient que la consigne en Allemagne a fait bondir le nombre de bouteilles plastiques plutôt que de réduire leur nombre...

César Armand

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Commentaires 6
à écrit le 05/05/2023 à 0:06
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Message entendu par les ponctionnaires de l'agrobusiness qui ont privatisé la ressource en eau à l'aide de bassines subventionnées par nos impôts... c'est tout simplement scandaleux!

à écrit le 04/05/2023 à 23:39
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Compter sur Veolia pour préserver la ressource en eau, c'est comme confier le Sahara à des technocrates...dans 10 ans il faudra rapporter du sable.

le 05/05/2023 à 9:34
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Dirigé par une haute fonctionnaire multicarte..selon sa fiche Wikipédia..

à écrit le 04/05/2023 à 22:24
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elle ferait mieux de controler ses INFRASTRUCTURES tuyaux ou la ressources d'eau est gachée a 40 voir 50% AVANT ACHEMINEMENT CHEZ LE CLIENT voir article LA tribune d il y a quelques mois...mais ionvestir coutent plus cher que de remunerer ses cation...

à écrit le 04/05/2023 à 22:24
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elle ferait mieux de controler ses INFRASTRUCTURES tuyaux ou la ressources d'eau est gachée a 40 voir 50% AVANT ACHEMINEMENT CHEZ LE CLIENT voir article LA tribune d il y a quelques mois...mais ionvestir coutent plus cher que de remunerer ses cation...

le 05/05/2023 à 8:11
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gigi à écrit le 04/05/2023 à 22:24 Les réseaux appartiennent aux municipalités et non pas aux distributeurs. Le distributeur donne des conseils pour faire les réparations aux endroits où il faut les faire mais les travaux doivent être financés par le...

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