Réutilisation de l'eau : il faut « quatre ministères » pour gérer les projets en France, dénonce la patronne de Veolia

RENCONTRES ÉCONOMIQUES D'AIX-EN-PROVENCE. La Tribune reçoit en direct de son studio en plein air les décideurs économiques et politiques pendant les trois jours des Rencontres d'Aix, le Davos provençal. Ce vendredi, Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, a salué les principes déclinés via la loi industrie verte. Elle regrette toutefois les lenteurs administratives persistantes, retardant les projets, et prône une véritable accélération.
Pauline Chateau
« De l'argent, il en existe, encore faut-il le flécher correctement », a déclaré  Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia.
« De l'argent, il en existe, encore faut-il le flécher correctement », a déclaré Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia. (Crédits : DR)

Les participants des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence le perçoivent : en cette période estivale, les températures excèdent désormais les 30 degrés. Dans un contexte marqué par le dérèglement climatique - le mois de juin ayant été le mois le plus chaud enregistré au monde, selon l'observatoire européen Copernicus -, la transition écologique devient un enjeu décisif, à commencer par la gestion de nos ressources, et en particulier de l'eau.

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En mars dernier, le président de la République a présenté un plan eau qui comprend des mesures mises en œuvre dès cet été avec notamment un « Ecowatt de l'eau » et un investissement pour les communes qui ont manqué d'eau potable l'été dernier. Celui-ci passe par « un plan d'urgence et de sobriété », avait-il souligné en préambule. Un « plan de sobriété » devait ainsi être exigé auprès de chaque secteur (énergie, industrie, tourisme, agriculture...), d'ici à l'été.

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La réutilisation des eaux usées, un enjeu décisif...

Deuxième axe, lutter contre les fuites et moderniser nos réseaux. Et pour cause, à l'échelle nationale, un litre sur cinq est perdu à cause des fuites, ce qui est « inacceptable », avait fustigé Emmanuel Macron. Un chiffre qui grimpe à un litre sur deux dans certains territoires. Ainsi, les 180 millions d'euros mobilisés dans les communes en difficulté et ayant manqué d'eau potable l'été précédent, seront chaque année confirmés.

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Autre objectif mis en avant lors de la présentation du plan eau : la réutilisation des eaux usées, à commencer par les eaux de pluie. Emmanuel Macron avait, ainsi, appelé le gouvernement à travailler avec les régions pour aider les particuliers à s'équiper pour récupérer les eaux de pluie. Au-delà des eaux de pluie, il s'agit de récupérer les eaux usées pour qu'elles soient traitées et permettent de faire de grandes économies d'eau. Or, la France ne réutilise que 0,2% de son eau, contre 15% en Espagne, 89% en Israël et 40% à Singapour.

... Mais qui souffre encore de lenteurs administratives

« Notre ambition est de passer de 1% à 10% d'ici à 2030 d'eau usée retraitée et réutilisée », avait ainsi annoncé Emmanuel Macron. En d'autres termes, « nous voulons réutiliser 300 millions de mètres cubes, soit trois piscines olympiques, par commune », précisant que 1.000 projets seront, en outre, lancés en cinq ans dans ce but. « Nous devons aussi faciliter et accélérer les procédures administratives et lever quelques verrous administratifs », a-t-il admis.

Est-ce désormais chose faite ? Interrogée au micro de La Tribune ce vendredi sur la pertinence de la loi industrie verte dégainée au printemps par le gouvernement, Estelle Brachlianoff, estime que le projet « va dans le bon sens dans ses principes, en simplifiant les procédures administratives ». Elle pointe toutefois des freins persistants, notamment sur la question de la gestion de l'eau.

« Des projets de réutilisations des eaux usées, on en fait depuis des années en Espagne, qui est très en avance, tandis qu'en France, on est en train de découvrir la question, regrette la directrice générale de Veolia Environnement. Il faut quatre ministères pour gérer ces projets. »

Estelle Brachlianoff plaide ainsi pour une « véritable prise de conscience ». « Il faut des solutions industrielles : on en a, il faut parier sur les solutions que l'on a déjà, a-t-elle martelé. De l'argent, il en existe, encore faut-il le flécher correctement. Enfin, il faut aussi accélérer sur les procédures administratives. » Interrogée sur la nécessité d'imposer la réutilisation des eaux usées, notamment au sein des communes, la directrice générale de Veolia Environnement estime qu'il faudrait d'abord « interdire progressivement le nettoyage des rues avec de l'eau potable ».

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Pauline Chateau

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Commentaires 4
à écrit le 07/07/2023 à 19:33
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On se demande bien de quel droit Véolia se permet de critiquer la France quand même hein...

le 07/07/2023 à 20:33
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Dire que la lourdeur administrative alourdit le fonctionnement courant du pays c'est critiquer (terme péjoratif) ? Si ça aide à 'simplifier' les formalités, après tout, il faut bien faire un état des faits... Le mammouth a beaucoup d'inertie (ça va d...

le 08/07/2023 à 8:43
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Véolia est une multinationale luxembourgeoises qui se fait du fric sur l'eau des français, c'est totalement inacceptable et tu le sais très bien ce que je voulais dire.

le 08/07/2023 à 11:03
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Ce n'est pas une critique mais un constat notre administration en est toujours à " pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué" et n'en a jamais tiré de leçon !!

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