L'économie française se contracte déjà en ce début d'année 2021

Le recul de l'activité du secteur privé en France s'est accéléré en janvier, « sur fond de durcissement du couvre-feu », mais les entreprises ont renforcé leurs effectifs, selon une estimation provisoire publiée vendredi par le cabinet IHS Markit.
Grégoire Normand
L'indice PMI composite a reculé à 47 en janvier contre 49,5 en décembre
L'indice PMI composite a reculé à 47 en janvier contre 49,5 en décembre (Crédits : Reuters)

Le bout du tunnel n'est pas pour demain. Après une très légère hausse du climat des affaires (+1 point), l'indice flash composite publié par le cabinet Markit ce vendredi 22 janvier a reculé à 47 en janvier contre 49,5 en décembre. L'activité du secteur privé est en recul lorsque cet indicateur se situe en deçà de 50 et marque une expansion au dessus de ce seuil. Le durcissement des mesures de confinement depuis quelques semaines avec la généralisation du couvre feu à l'ensemble des départements, la multiplication des variants et les problèmes à répétition sur la chaîne de logistique des vaccins ont douché les espoirs d'une reprise rapide. L'arrivée du vaccin avait laissé entrevoir une sortie de crise mais la persistance du virus et les hospitalisations toujours élevées obligent l'exécutif à renforcer ces mesures pour endiguer la propagation de cette maladie virulente. « Les perspectives 2021 vont dépendre de l'évolution de la crise sanitaire. La particularité de cette récession est qu'elle n'est pas endogène à l'économie. La crise financière de 2008-2009 était une crise endogène à l'économie. Prévoir la sortie de crise, c'est prévoir la sortie de crise sanitaire » a rappelé l'économiste de l'IESEG School of management, Eric Dor, lors d'une réunion ce jeudi.

Les services au bord du gouffre

L'indice du cabinet britannique qui mesure le niveau d'activité dans les services s'est fortement replié en janvier. Cela peut expliquer une grande partie de la contraction de l'économie hexagonale en ce début d'année. L'indicateur s'est infléchi à 49,5 contre 51,7 en décembre. Les entreprises interrogées notent une diminution du volume d'affaires relative au renforcement des mesures de restriction. Depuis le début de la crise, les services sont frappés de plein fouet par la propagation du virus. Les dispositifs d'endiguement ciblent en premier lieu les activités à forte interaction sociale. Compte tenu du poids du tertiaire dans le produit intérieur brut (PIB), l'économie française est à nouveau fortement secouée.

Même si le gouvernement annonce régulièrement un renforcement et un prolongement des mesures d'urgence pour tenter de limiter la casse dans les secteurs les plus touchés, les inquiétudes se multiplient sur la trésorerie des entreprises qui ont accumulé des dettes l'année dernière pendant les périodes de mise sous cloche de l'économie. Beaucoup d'établissements dans l'hôtellerie, la restauration, le tourisme, les salles de sport, l'événementiel ont déjà fermé leurs portes et la liste risque de s'allonger au cours de l'année 2021.

« Il faut s'attendre à une explosion des dépôts de bilan dans les PME et les petites entreprises. L'endettement des entreprises va exploser. C'est un sujet majeur. Il faut renforcer les fonds propres. Les instruments actuels ne sont pas à la hauteur de la crise » a déclaré l'économiste Olivier Pastré lors d'une récente intervention au Sénat.

L'industrie s'en sort mieux

Les moteurs de l'appareil productif continuent de tourner. Selon le communiqué de Markit, l'indice flash dans l'industrie manufacturière a augmenté en janvier en passant de 51,1 à 51,5 soit un plus haut depuis six mois. Dans le secteur manufacturier, les entreprises interrogées signalent une augmentation des carnets de commande pour la première fois depuis trois mois. Si l'industrie semble s'en sortir mieux que le tertiaire depuis l'arrivée du virus en Europe, beaucoup de grandes firmes ont annoncé des fermetures de sites de production et des coupes massives dans les effectifs. Et ces mauvaises nouvelles ne devraient pas marquer le pas au cours du premier trimestre. L'enquête menée par Markit met en exergue une baisse de la demande en provenance de l'étranger. Les exportations ont diminué en fin d'année 2020 et cet infléchissement se poursuit en janvier. A cela s'ajoute la fermeture des frontières dans les pays européens et une flambée du coût du fret maritime.

« Le transport maritime mondial demeure fortement perturbé. Il y a un engorgement systématique dans les ports. Les bateaux restent en rade beaucoup plus longtemps qu'avant. Tout cela provoque une forme de rationnement du transport maritime. Cela a provoqué une hausse du prix du fret entre deux et deux fois et demi en 2020. En Europe, les industries automobiles tournent au ralenti en raison notamment du temps de l'acheminement des pièces » a déclaré Eric Dor.

Une sortie de crise sans cesse repoussée

Le démarrage poussif de l'économie en début d'année va amener les économistes à réviser leurs prévisions à la baisse. Déjà, le fonds monétaire international (FMI) a dégradé ses projections pour la croissance du PIB tricolore de 0,5 point (5,5% en 2020 contre 6%). Si le gouvernement maintient ses prévisions de croissance à 6% pour cette année, les perspectives s'assombrissent vraiment. « Les principaux organismes internationaux et nationaux sont à peu près d'accord sur une récession de l'ordre de 9% à 9,5% en 2020. Le rebond devrait se situer entre 5% pour la Banque de France et 7% pour l'OFCE. Au vu des événements, ces prévisions sont déjà très optimistes. La réouverture de l'économie et des frontières sont sans cesse repoussées. Ce n'est qu'en 2022 que l'économie française pourrait retrouver son niveau de production de 2019 » a expliqué Eric Dor. De son côté, le chef économiste de Natixis Patrick Artus ne s'attend pas un redémarrage de l'économie avant le second semestre 2021.

« On ne sera qu'en économie post-covid que lorsque 25 millions de Français seront vaccinés. Si on veut une reprise au second semestre, il faut bien plus de vaccinations [...] Si au second semestre 2021, la France est dans une économie post-covid, la croissance sera d'environ 5%. Si nous avons encore des problèmes liés à la vaccination, la France sera plutôt à 2% avec un chômage à 13% ou 14% » a-t-il déclaré lors d'une récente intervention au Sénat.

> Lire aussi : A 5,5% en 2021, le FMI révise à la baisse la croissance française

Grégoire Normand
Commentaires 18
à écrit le 24/01/2021 à 2:44
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En Asie, on travaille ,souvent dur, mais la fiscalite y est normale. Ce qui est gagne le reste,l'etat n'y touche pas. L'exportation de produits a FVA joue bcp pour l'economie du pays. L'industrie lourde, l'innovation sont les moteurs de l'independa...

à écrit le 23/01/2021 à 16:05
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Bof. Un p'tit coup de rouge et tout s'oublie. C'est pour cela que je suis adhérent à OLV...........Oenologie Les Verres

le 24/01/2021 à 10:46
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@Tototiti. Exellent. Le vin, divine boisson.

le 24/01/2021 à 13:50
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C'est pour cela que quand on me parle des verts je vois rouge.

à écrit le 22/01/2021 à 21:34
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Heureusement qu'il y a les fonctionnaires et les retraités pour consommer comme avant. Il faut dire que leur pouvoir d'achat ne baissera, pas covid ou pas.

le 23/01/2021 à 11:08
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Ce n'est pas la consommation des ménages qui fait tenir une économie moderne et développée. C'est l'innovation et l'export. La consommation, c'est importer massivement des babioles fabriquées à l'étranger, creuser le déficit extérieur donc la dette; ...

à écrit le 22/01/2021 à 17:50
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wow, tout est ferme, les gens sont chez eux a 18 et ne peuvent plus faire les courses, les soldes ont ete repoussees au 20.01 et y a recul......... c'est vraiment une surprise inattendue!

à écrit le 22/01/2021 à 17:30
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Il n'y a pas lieu de se lamenter, on veut bien réduire l'empreinte carbone, non ? Pour cela, il n'y a pas 36 solutions, il faut que le PIB baisse.

le 23/01/2021 à 11:17
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Pas faux. Le léger problème, ça va être de gérer les troubles sociaux majeurs liés à la montée massive de la pauvreté, qui fera passer le mouvement des gilets jaunes pour un carnaval d'enfants. Parce que redistribuer la diminution des richesses, en ...

le 23/01/2021 à 17:19
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la mort des canons à neige de culture et des remontées mécaniques va dans le bon sens des accords de Paris , tout comme celle du BAC . Il nous restera les peaux de phoque et le bonnet d'âne ..

à écrit le 22/01/2021 à 16:39
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La croissance est un mauvais calcul ! qui ignore les externalités négatives qui finissent par nous retomber dessus, when the shit hit the fan ! Avant, travailler, produire c'était que du positif, on ne voyait, sentait pas les effets pervers, seconda...

le 23/01/2021 à 12:50
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Pas faux non plus. Le petit problème, c'est que l'on n'a toujours pas trouvé le moyen de combattre la pauvreté autrement que par la croissance. La décroissance, c'est avant tout remplacer l'espoir - parfois chimérique - d'une vie meilleure par la ce...

à écrit le 22/01/2021 à 16:29
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La Bourse de Paris, doit commencer à avoir peur de l'avenir de notre économie. Car, toutes ces mesures de relances vont se terminer. Alors, là, ça va faire mal........

à écrit le 22/01/2021 à 13:29
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Décroissance donc, la mèche est allumée seule sa longueur reste incertaine.

à écrit le 22/01/2021 à 13:10
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Encore une bonne nouvelle pour l'immobilier. La crise pousse les gens à investir dans une valeur refuge, et l'immobilier est parfait pour cela...

le 22/01/2021 à 17:11
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Restez plagiste pas économiste...a Saint Tropez si vous voulez.

le 23/01/2021 à 10:01
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l'immobilier sera forcément davantage taxé

le 23/01/2021 à 10:02
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l'immobilier sera forcément davantage taxé

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