
Le 13 novembre, la France était frappée par une série d'attentats. Les cicatrices se refermeront-elles ? En comparaison de la douleur des familles, les statistiques publiées par l'Insee ce jeudi soir paraissent bien futiles, bien décalées, mais elles permettent néanmoins de mesurer l'impact de de ces tragiques événements sur l'activité économique.
Selon l'Institut, en dépit de l'amélioration du climat des affaires depuis le début de l'année et de la hausse rapide du pouvoir d'achat des ménages qui suggèrent une augmentation progressive de la croissance en France, " les attentats meurtriers du 13 novembre à Paris conduisent pourtant à modifier ce scénario à court terme, à cause des craintes qu'ils suscitent auprès des consommateurs et des touristes ". " De ce fait, l'infléchissement de certaines activités de services serait le principal facteur du ralentissement du PIB au quatrième trimestre, qui n'augmenterait que de 0,2 % ", explique l'Insee qui tablait jusqu'ici sur une hausse de 0,4% de l'activité.
Les attentats de janvier 2015 avaient également eu impact sur la croissance. Après un premier trimestre dynamique au cours duquel le PIB avait fait un bond de 0,7% - à la surprise du gouvernement et des économistes - l'activité avait stagné entre avril et juin.
La consommation recule au quatrième trimestre
De fait, selon les calculs de l'Insee, la consommation des ménages reculerait de 0,1% au quatrième trimestre. Une baisse qui est en partie compensée par la progression de 0,4% des dépenses des administrations, qui augmenteraient au même rythme qu'au troisième trimestre (+0,4%), les premières s'élevant à 278,1 milliards d'euros, et les secondes à 139,4 milliards d'euros.
Sans surprise, compte tenu des difficultés récurrentes du made in France, le commerce extérieur n'est pas en mesure de stimuler l'activité. Sa contribution sur la croissance est nulle, en dépit de la hausse de 0,7% des exportations, qui compenserait la baisse de 0,6% observée au trimestre précédent.
L'investissement repart
Point encourageant, l'investissement des entreprises retrouve enfin des couleurs. Il progresserait de 0,8% au quatrième trimestre. Et après ? Il augmenterait de 0,9% et de 0,8%, probablement soutenu par la mesure de suramortissement lancée en avril par le gouvernement - Bercy ne communique aucun chiffre - et surtout par la remontée du taux de marge, passé de 29,5% de la valeur ajoutée à 31,2% en 2015 et à 31,7% fin juin, grâce la baisse des cours des matières premières et aux dispositifs mis en place par le gouvernement pour réduire le coût du travail, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi et les allégements de cotisations patronales.
Autre point positif, en dépit de cette révision à la baisse de ses estimations, l'Insee ne remet pas en cause sa prévision annuelle de croissance, établie à +1,1%. Une prévision qui est également celle du gouvernement.
L'objectif de croissance 2016 est, a priori, conforté
En 2016, la reprise s'accélérera-telle ? Selon l'Institut, les effets négatifs sur la croissance se dissiperont au premier semestre. Le PIB progresserait de 0,4% au premier et au deuxième trimestre. Si ces hypothèses se vérifient, l'acquis de croissance s'élèverait à 1% fin juin, ce qui laisse à penser que les prévisions macroéconomiques du gouvernement ne sont pas farfelues.
Le ministère des Finances vise une augmentation de 1,5% du PIB l'année prochaine. Le budget 2016 - la loi de finances a été votée ce jeudi - a été bâti sur cette hypothèse. Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour que le prix du brut - le prix du pétrole atteint en novembre un plancher inédit depuis 2009 - et le coût du crédit ne remontent pas. En effet, les économistes s'accordent à dire que, sans la conjugaison de ces deux phénomènes, la reprise aurait été encore plus faible. Et la destruction d'emplois encore plus forte.