La Clusaz : la construction d'une retenue d'eau est gelée en raison du flou juridique

La Clusaz met en place un « moratoire » sur la construction controversée d'une retenue collinaire destinée à alimenter la station de ski, notamment en neige artificielle, pour des raisons de sécurité juridique. La mairie attend un jugement définitif sur ce projet qui « peut prendre plusieurs années ».
Pour le maire de La Clusaz, la station située « dans un massif karstique qui ne retient pas l'eau » a « réellement besoin d'eau ».
Pour le maire de La Clusaz, la station située « dans un massif karstique qui ne retient pas l'eau » a « réellement besoin d'eau ». (Crédits : <small>Source: MeilleursAgents)

La Clusaz ne va pas lancer les travaux destinés à construire une retenue d'eau, qui doit permettre à la station de produire de la neige artificielle.  « Nous avons décidé de ne pas lancer les travaux préliminaires de construction de la retenue d'eau et donc de mettre en place un moratoire. Je ne peux pas engager un tel risque tant que la justice ne sera pas arrivée à son terme », a déclaré le maire de La Clusaz, Didier Thévenet, au Dauphiné Libéré.

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« Et nous ne parlons pas uniquement de la légalité de la suspension de l'autorisation environnementale par le juge des référés, mais bien d'un jugement définitif sur le projet », qui peut prendre « plusieurs années », d'autant que « la jurisprudence sur la notion d'utilité publique majeure évolue sans cesse », explique l'élu, précisant que cette décision a été prise en conseil municipal le 17 août.

Un projet suspendu par le tribunal administratif de Grenoble

Un arrêté préfectoral autorisant le lancement de travaux pour la construction de cette retenue nécessitant de creuser 148.000 m3 dans la montagne pour un coût de 10 millions d'euros avait été suspendu en octobre 2022 par le tribunal administratif de Grenoble au nom de la protection de l'environnement. Cette décision avait été saluée par les associations et militants opposés à ce projet, qui occupaient le site.

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Le maire dénonce du ski-bashing

Le maire assurait alors que la majorité des villageois étaient favorables à la retenue, ce qu'avait relevé le rapport de la commission d'enquête. Il déplorait que les opposants en aient fait un « totem contre le ski ». Car sur les 148.000 m3 prévu, un tiers doit être consacré à l'eau potable, et le reste à la production de neige artificielle. Dans l'entretien au Dauphiné, il répète que La Clusaz, situé « dans un massif karstique qui ne retient pas l'eau » a « réellement besoin d'eau ». Il affirme également croire « encore à l'avenir » du ski et regrette d'avoir « été le symbole et le centre du ski-bashing dans cette affaire ». C'est pourquoi, assure-t-il, « nous ne lâchons rien » et « nous allons muscler notre projet, dans le respect de la justice et de la loi. »

Le changement climatique pousse les stations à investir dans la neige de culture

Au-delà de La Clusaz, la neige artificielle pourrait s'avérer indispensable à l'avenir dans toutes les stations européennes pour la pratique du ski. Selon une récente étude parue dans la revue scientifique Nature Climate Change, sans recours à la neige de culture, il apparaît que 53% des stations feraient face à un risque « très élevé » de manque de neige si la hausse des températures était de 2°C. Avec une hausse de 4°C, c'est presque la totalité des stations (98%) qui se retrouvent dans cette situation. En recourant à la production de neige artificielle, la proportion de stations à risque baisserait à 27% (hausse de 2°C) et 71% (4°C). Mais la neige de culture a « peu d'effet » dans les domaines à faible altitude ou situés trop au sud, les températures trop élevées ne permettant pas de fabriquer de la neige de manière efficace. Par ailleurs, la fabrication de neige peut elle-même contribuer à l'accélération du changement climatique en raison de la forte demande en énergie qu'elle induit, relève l'article. Elle se traduit également par une hausse de la demande en eau et n'est donc pas une solution miracle.

Sainte-Soline : Le procès des militants anti-bassines débute vendredi

Le droit de manifester sera au cœur du procès de responsables syndicaux et militants écologistes jugés en correctionnelle, vendredi à Niort, pour avoir organisé des rassemblements contre les bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) interdits par les autorités. Cinq prévenus - Benoît Feuillu et Basile Dutertre, militants des Soulèvements de la Terre, Benoît Jaunet et Nicolas Girod, représentants de la Confédération paysanne, ainsi que Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci sont poursuivis pour la manifestation du 25 mars qui avait donné lieu à de violents affrontements avec les forces de l'ordre. Trois d'entre eux sont aussi jugés pour un rassemblement interdit sur le même site, le 29 octobre 2022, de même que deux syndicalistes de la CGT et de Solidaires, David Bodin et Hervé Auguin. Tous encourent six mois d'emprisonnement, outre des peines complémentaires pouvant aller jusqu'à la privation des droits civiques, avait indiqué le parquet de Niort après leur convocation à la gendarmerie, fin juin. Pour Me Pierre Huriet, qui plaidera pour Solidaires, le délit d'organisation illicite est une infraction « rarement poursuivie et strictement encadrée pour ne pas nuire à la liberté de manifester ». Prévenus et avocats s'interrogent aussi sur les raisons de poursuivre des personnes physiques plutôt que les organisations qu'elles représentent. Un des avocats y voit « une volonté d'intimider des individus et de faire peur pour freiner le mouvement social ». Par ailleurs, toujours dans les Deux-Sèvres, les opposants aux bassines ont dénoncé une provocation de l'État devant le chantier d'une de ces retenues d'eau destinées à l'irrigation agricole, qui vient de démarrer à Priaires alors qu'ils réclament un moratoire sur leur construction. « Ce nouveau chantier, c'est un passage en force, du mépris et une provocation de l'État. C'est manifeste qu'il n'y a pas de discussion possible, » a affirmé Jean-Jacques Guillet, un des porte-parole du collectif Bassines Non Merci, devant les grilles de la future retenue.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 06/09/2023 à 9:54
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Le problème pour fabriquer de la "neige!" de culture, est qu'il faut des températures autour de 0°C et que ces températures durent dans le temps, sinon elle fond. D'autant plus vite que la pluie vient souvent accentuer le phénomène, là où un temps i...

le 06/09/2023 à 11:01
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c est clair que faire tourner les canons a neige quand il fait des temperatures positives ca sert pas a grand choses. Mais electoralement c est complique d aller expliquer a vos electeurs que leur chalet va valoir nettement moins cher et il va falloi...

le 06/09/2023 à 14:13
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les canons à neige de culture c'est comme les agriculteurs qui arrosent leurs cultures agricoles en plein soleil l'après midi, tout part en vapeur, des quantités astronomiques d'eau gaspillée ... il faut mettre fin à toutes ces aberrations des cultu...

à écrit le 06/09/2023 à 8:46
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Pourquoi les stations de ski peuvent encore se permettre ce genre d'aberration écologique ? Ah le fric...

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