
Le dépôt d'une motion de censure de gauche évitée de justesse ; une « vraie fausse » annonce de candidature à la présidentielle du ministre de l'Économie ; un réveil de la contestation sociale avec l'émergence du mouvement Nuit Debout. A un an de l'élection présidentielle, la majorité au pouvoir vit une sorte d'effervescence où s'expriment des courants contraires. François Hollande va s'offrir une dernière année de mandat très difficile.
Alors, certes, le gouvernement de Manuel Valls a échappé à sa deuxième motion de censure, la première ayant été déposé en 2015 à l'occasion du « vote » de la loi Macron. Il fallait 288 voix pour faire tomber le gouvernement. On n'imaginait pas suffisamment de députés frondeurs du PS joindre leurs voix à celle de l'opposition de droite... Mais après cette séquence, comment envisager que les morceaux vont se recoller par magie au sein du PS... Car la cassure est maintenant profonde.
« Les 245 députés loyaux en ont marre de la quarantaine de députés qui ont une stratégie qui dépasse largement le texte », dénonçait ainsi mercredi dans les couloirs de l'Assemblée le député PS Michel Issindou (Isère). Quant à Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, il s'interroge ouvertement sur ITELE sur comment « les frondeurs, et notamment les 23 députés PS qui ont signé mercredi le projet de "motion de censure de gauche" contre le gouvernement, concilient la présence parfois confortable à l'intérieur d'un grand parti et la facilité qui consiste à voter presque tout le temps contre les orientations et les décisions de ce parti ».
Pis, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis "a décidé de saisir la Haute Autorité éthique du Parti socialiste sur le cas des 24 députés socialistes qui ont proposé de renverser leur gouvernement via une motion de censure", indique la déclaration transmise par Corinne Narassiguin, porte-parole du PS.
Il s'agira pour la Haute Autorité de statuer sur ce cas de figure sans précédent. En d'autres termes, il s'agira de d'étudier la possibilité de sanctions et jusqu'où elles peuvent aller...Ambiance.
Loi Travail: le dernier texte d'importance du quinquennat
Une chose est certaine, il n'y aura plus aucun projet de loi économique ou social marquant d'ici la fin du quinquennat pour ne pas répéter le même psychodrame à chaque fois. Le projet de loi El Khomri aura bien été le dernier du genre. Il y aura certes le projet de loi de finances 2017, mais il ne faut pas attendre de lui des audaces majeures, 2017 étant une année électorale. La volonté de réformer « jusqu'au bout » affichée par Manuel Valls et François Hollande va donc en prendre un coup.
En revanche, sur le terrain politique, dans les prochains mois, ça va être les grandes manœuvres. D'un côté, Jean-Luc Mélenchon, leader du Front de Gauche, va tout faire pour inciter une partie des frondeurs du PS à franchir le Rubicon en cassant les liens avec leur parti pour le rejoindre... Après tout, pourrait-il arguer, lui-même était bien encarté au PS. Les députés tentés vont devoir réfléchir. Vaut-il mieux aller aux élections législatives - qui auront lieu en juin 2017 dans la foulée de la présidentielle - sous les couleurs du Front de Gauche pour tenter de sauver son siège ou, malgré tout, rester au sein de la maison PS même si le parti risque d'être très déconsidéré ? La réponse sera bien sûr individuelle. Mais, une chose est certaine, la direction du PS et les fidèles de Manuel Valls n'oublieront pas l'attitude des « frondeurs » du PS au moment de la distribution des investitures... Au PS, on pourrait bien rejouer un remake de « la nuit des longs couteaux »...
Le PS déchiré par des lignes de fracture
Mais il n'y a pas que les « frondeurs » pour gâcher la dernière année du quinquennat. Que penser de l'attitude du ministre de l'Économie Emmanuel Macron ? Lui n'a que faire du PS, il se définit comme « ni de gauche ni de droite ». Il devrait donc continuer d'afficher sa singularité en remettant régulièrement en cause les « totems » de la gauche comme les 35 heures ou l'ISF. Et fort de sondages encourageants, Emmanuel Macron a semble-t-il pas grand-chose à faire des rappels à l'ordre de François Hollande et de Manuel Valls. Certes, il a tout de même était obligé de démentir les informations du site Mediapart, affirmant qu'il avait « levé » 18 millions d'euros pour sa future campagne électorale pour la présidentielle de 2017 et qu'il annoncerait sa candidature le 10 juin... Là aussi... ambiance. On imagine l'état des esprits à l'Elysée.
Il va donc être très difficile de masquer pendant encore onze longs mois que le PS est un champ de ruines. Une ligne de fracture idéologique passe au milieu du parti entre les tenants d'une social-démocratie, partisans d'une relance keynésienne, et les sociaux-libéraux prônant la déréglementation pour « libérer » l'économie. Certes, ces débats ne sont pas nouveaux au PS depuis sa création à Epinay en 1971. On se souvient des débats opposants Jacques Delors et Jean-Pierre Chevènement, tous deux ministres de François Mitterrand... ou le même François Mitterrand et Michel Rocard chantre de la deuxième gauche.
Mais, cette fois, on semble au bout du processus. Si la gauche perd l'élection présidentielle et les législatives en 2017, on peut parier sur un éclatement du parti car il n'y aura plus rien pour le cimenter.
Hollande veut faire de la primaire de la droite un atout
Tout ceci devrait inquiéter François Hollande. Si l'actuel locataire de l'Élysée décide de se présenter pour un nouveau mandat, ce qui semble bien être le cas, il va partir au combat avec une « majorité » très relative. Sa tâche s'annonce déjà ardue mais si, en plus, il ne dispose plus de suffisamment de députés fidèles pour assurer le relai de son message sur le terrain, cela va virer à mission impossible.
Dans ce contexte, il reste un atout à François Hollande : la primaire de la droite. Les candidats en lice vont avoir du mal à retenir leurs coups, la droite risque de donner une très mauvaise image d'elle-même d'ici la fin novembre quand sera choisi son candidat pour la présidentielle. François Hollande doit espérer que l'opinion publique retienne surtout les pugilats qui s'annoncent à droite et oublie les fractures qui divisent la gauche... Surtout, le Président en place doit se régaler de voir que l'ensemble des postulants à la primaire de droite se livrent à un véritable concours Lépine de « qui a le programme le plus libéral » - fin des 35 heures, dégressivité des allocations chômage, baisse des dépenses publiques de 100 milliards..... Lui jouera le rôle de l'homme responsable et modéré qui épargne et épargnera « la souffrance et les larmes aux pays »... Pas certain que la manœuvre réussisse vu l'état d'exaspération qui règne dans en France. Et pour peu que les troubles sociaux se multiplient - la menace d'un conflit dur grandit à la SNCF - alors François Hollande aura définitivement perdu son pari.
En attendant, il y a une personne qui se frotte les mains des mésaventures actuelles de la gauche et à venir de la droite : Marine Le Pen. D'ailleurs, fort opportunément, la présidente du FN pratique actuellement une diète médiatique... très provisoire.
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a le à :
A gauche il y a les marxistes (Mélenchon, Aubry, Hamon, Duflot...) et à droite tous les bonapartistes qui pensent que c'était mieux avant et qu'un français est un bon catholique blanc (je ne vais pas les énumérer). J'espère que les libéraux l'emporteront.
La réalité, ce texte est un texte de régression sociale pour consolider la nouvelle pensée unique de l'esclavage nouveau concocté par les énarquiens et les valets de la voyoucratie financière installée confortablement et se gavant au sein la Commission européenne et du FMI ;
faire des promesses pour etre elus
sachant ne pas les tenir
se presenter en homme de gauche et realiser une politique de droite
c'est une trahison
apres avoir augmentes la tva puis de nouvelles taxes
le ministre chouchou de hollande
collecte des fonds en angleterre pour poursuive sont ancien job
remunere au noir et favorise l'evasion fiscale
que le precedent a ete remercier par les Français et il n'a toujours pas compris
il gesticule apres son passe , il vocifere , il tempete
mais plus personne ne veut de cet exite sauf ceux ignare
qui comme lui n'ont rien compris
et l'actuel n'est q'un pion il a pris la place par defaut
et non par soutien des Français
et la veste est en cours d'assemblage
Hollande peut certes avoir une chance avec sa posture actuelle en tant que président.
Mais aux législatives, le PS ne peut avoir de majorité autour de Hollande.
car en effet,
depuis que Valls a convolé en juste noce au secours des Ripoublicains aux élections régionales,
en particulier avec la droite extrême de l'UMP, dont le sulfureux Estrosi !!! dont le traitre Bertrand,
sans oublier le Maire de Lyon Gérard Collomb qui a tout fait, dont des déclarations publiques de son entourage, pour faire élire le plus extrémiste UMP Wauquiez,
A l'évidence, depuis que Macron fait du pognon sa priorité, utilise son titre de Ministre pour collecter des fonds à ses fins personnelles et soutient les idées de la droite extrême
depuis que Sapin a abandonné toute sanction contre les voyous bancaires français
plus personne ne peut considérer le gouvernement VallsAyrault comme socialiste, mais comme un gouvernement de DROITE EXTREME de la même nature que l'extrême droite autrichienne
Hollande par la trahison de ces engagements de campagne va entraîner le PS au fond du trou
Macron et Valls ont leur place à l udi et les vieux profs grincheux qui veulent tout administrer rejoindront Mélenchon
Hollande par ces non réforme à fait le lit du FN surtout apres le passage de Sarko
La classe politique est à vomir
ceux qui faisaient encore la morale à tout le monde on filer au gouvernement en renonçant à toute morale les place compagnie
Pour qui voter voila la question !!!
Les allemands, sans doute forcé par la RDA voisine d'Honecker, et une histoire moins révolutionnaire , protestante, ont fait le tournant de 1959, celui du Bad Godesberg.
Quand vous songez que le PCF n'a abandonné la dictature prolétarienne qu'en 1976 en plein euro communisme, et que le PS n'a reconnu le marché dans les statuts qu'en ...2008 !
On se rend compte à quel point notre gauche est ringarde, dépassé, avec un surmoi marxiste qui a également déporté la droite vers le gaullisme, donc a déporté toute la politique vers la gauche, quand tout le centre de gravité de la politique américaine, anglaise ou allemande est à droite.
Voilà pourquoi on a du mal à réformer ce pays !
De toute façon la gauche a déjà baissé les impôts sur les plus riches. Dans l'idéal tout le monde devrait payer des impôts ne serait-ce même que par morale, le fait de se dire que rien n'est gratuit, notamment la sécurité Sociale, qu'il faut bien financer même un peu symboliquement.
Juppé ne baissera pas les impôts sur les particuliers, d'une on n'en a pas les moyens, de deux je l'imagine mal baissé les impôts sur les plus riches, maintenant que plus de la moitiée des français ne paient pas d'impôts, ça passerait assez mal je pense, surtout si il va au bout de la suppression envisagée de l'ISF !
C'est méconnaitre l'histoire économique ou être d'une infâme mauvaise foi que de considérer que le PS n'est pas un parti libéral.
Mitterrand aura plus libéralisé les marchés financiers que n'importe quel autre président!