« La souveraineté industrielle ne se construit pas depuis Paris » (Laurent Wauquiez)

Invité du forum « Transformons la France », organisé le jeudi 1er juin par La Tribune à Lyon, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a mis en avant les actions déployées au sein de la première région industrielle tricolore pour renforcer sa compétitivité et relocaliser davantage de production. Celui qui paraît être le candidat naturel des Républicains pour la présidentielle de 2027 a notamment défendu la vision d'une « France des régions heureuses », clé, selon lui, de la reconstruction du pays et atout majeur dans la compétition mondiale.
(Crédits : DR)

Réindustrialisation : le mot est sur toutes les lèvres, puisque c'est la « mère des batailles », selon l'expression employée par le président Macron lorsqu'il a dévoilé sa stratégie de reconquête industrielle du pays. Un tel défi méritait bien d'être ce jeudi au cœur d'une série de débats organisés par La Tribune à Lyon, capitale de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA), la première région industrielle de France, lors de sa tournée « Transformons la France » 2023. L'occasion pour Laurent Wauquiez, président (LR) de la région, sorti récemment d'un long silence médiatique pour se poser en présidentiable, de vanter son bilan industriel en AuRA et livrer sa vision.

« Nous avons conçu dès le début toute notre politique autour de l'industrie, à une époque où le concept de souveraineté industrielle n'était pas à la mode et nous avons été les seuls », a-t-il rappelé d'entrée de jeu.

« Tous les outils ont été construits autour de cela, avec la volonté de faire bouger notre industrie - de la décarboner, la faire basculer dans le digital et sur la data », ajoute-t-il. Résultat, « nous sommes la locomotive industrielle de la France et nous faisons partie des cinq plus grandes régions industrielles d'Europe », s'est-il félicité.

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Leviers d'attractivité

Pour commencer, la Région s'est attaquée à la dépense publique. « Nous avons fait 15% d'économies sur les dépenses de fonctionnement. En sept ans, nous n'avons pas fait un seul euro de dette supplémentaire », affirme ainsi Laurent Wauquiez. De même, « nous n'augmentons pas les impôts ni les taxes. » Le tout dans l'objectif que « la région coûte le moins possible en fonctionnement pour avoir le plus d'argent possible pour l'investissement », explique-t-il, estimant qu'« il n'y aura jamais de compétitivité économique et industrielle si l'argent public est gaspillé. »

Autre levier sur lequel mise la région, un travail main dans la main entre acteurs publics et privés - chambres de commerce, chefs d'entreprise, clusters, pôles de compétitivité... plutôt qu'une puissance publique qui impose.

« L'Etat pense qu'il va définir sa stratégie industrielle lui-même sans aucune interaction avec les acteurs. Nous sommes devenus la démocratie la plus archaïque du monde », fustige-t-il.

Parmi les outils dont s'est dotée la région : le soutien financier aux entreprises et à l'innovation, d'autant que « les Allemands, l'Italie du Nord, l'Autriche... le font », souligne-t-il. La simplification des démarches est un autre élément visant à booster l'attractivité. Plusieurs agences ont ainsi été fusionnées en un guichet unique, « facilitant les tâches administratives en un seul endroit et capable de tout faire, à 360°, en s'occupant du foncier, des aides, de la recherche et de la formation... », enchaîne-t-il. Un atout qui a valu à la région AuRA l'investissement de plus de 50 millions d'euros de la part du célèbre joaillier, dans la Drôme ainsi qu'à proximité de Thiers (Puy-de-Dôme), avance le président de l'AuRA. Autre success-story mise en avant par Laurent Wauquiez, celle de la fabrication de sneakers made in France, en Ardèche, où la PME Chamatex, accompagnée entre autres par la Région, a installé une usine 4.0.

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Créer une réserve foncière

Reste plusieurs autres points clés, dont la formation des talents nécessaires pour faire tourner les usines. Pour attirer les entreprises et leur permettre de se développer, la région les accompagne par exemple dans le montage d'une structure de formation en interne, ou commune à plusieurs sociétés. Autre élément à prendre en compte, la question, épineuse, des réserves foncières. « Le danger vient du fait qu'on ne trouve plus de foncier dans notre pays », déplore l'élu en critiquant la loi sur la zéro artificialisation nette des sols (ZAN). Sa solution ? « Nous avons pris la décision de limiter les surfaces commerciales dans la région, de limiter également l'extension des lotissements et de créer une réserve que nous donnerons exclusivement à nos entreprises de production. ».

Enfin, pour soutenir la compétitivité de son industrie, la région AuRA a lancé, il y a deux ans, après la pandémie de Covid, un fonds souverain régional, qu'elle a ouvert l'an dernier à l'épargne des particuliers afin de financer les PME et les ETI. « Ce sont des outils très puissants, qui montrent qu'on peut arriver à réussir des relocalisations industrielles à l'intérieur de nos territoires », estime Laurent Wauquiez, en se réjouissant du fait que près de la moitié des projets de relocalisation en France, d'après une enquête du réseau des CCI, se situent en Auvergne-Rhône-Alpes.

La vision du président de région ne s'arrête pas là. Il table évidemment sur une industrie décarbonée. « Si vous voulez agir pour la planète, il faut ramener l'industrie et la production en France », tranche-t-il. Non seulement parce « le premier facteur d'émissions de CO2 dans notre pays sont les importations », mais aussi parce que « nous avons le système de production économique le plus respectueux au monde de l'environnement. »

Deuxième conviction, celle du « cancer de l'assistanat », formulée déjà il y a plus de dix ans, qui, selon lui, « ronge le pays de l'intérieur ». « Vous ne pouvez pas embaucher quand, en travaillant en trois-huit, les salariés gagnent à peine plus qu'en restant chez eux », assure-t-il. Enfin, loin d'une mondialisation heureuse, l'enjeu est, compte tenu des dépendances mises en lumière par les crises récentes, d'assurer la souveraineté industrielle de la France.

« Or cette souveraineté ne se construit pas depuis Paris », avance Laurent Wauquiez. C'est en misant sur l'énergie des territoires, forts de leur qualité de vie, et en faisant revivre les bassins d'emplois industriels que cette dynamique pourra s'enclencher. Laurent Wauquiez en est convaincu : « Il faut construire une France des régions heureuses », martèle-t-il. Atteint, un tel objectif deviendrait aussi « l'une de nos caractéristiques et l'un de nos atouts dans la compétition mondiale ». Un défi à double détente en somme.

Vidéo de l'intervention de Laurent Wauquiez, Président de la Région AURA

Commentaires 7
à écrit le 04/06/2023 à 8:22
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Le plus diplôme des politiques est bien loin des compétences qu'il voudrait nous faire avaler. Son triste bilan économique la création de pôle emploi un gouffre financier à 3 milliards par an. Le politique en général est un diseur de bonnes aventur...

à écrit le 03/06/2023 à 9:29
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Pauvre Waukiez avec son logiciel des années 2000 basé sur les bon repas, la gabegiie,et les punitions pour ceux qui ne sont pas d’accord. Il est inaudible au niveau national malgré quelques articles qui tentent de lui donner une visibilité.

à écrit le 02/06/2023 à 22:10
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Pas de réindustrialisation sans souveraineté et pas de souveraineté sans quitter l' UE et son article 63 du TFUE qui se révèle, à l' usage, LA machine à désindustrialiser. Weauquiez mérite bien son nom qui meugle avec le r...

à écrit le 02/06/2023 à 13:22
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"Organisé le 23 juin au château de la Chaize, dans le Beaujolais, ce « dîner des sommets » – dont une première édition s’était déjà tenue au printemps selon le média en ligne – aurait « rassemblé environ 90 personnes » pour un coût « d’un peu plus de...

à écrit le 02/06/2023 à 10:33
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« Nous avons fait 15% d'économies sur les dépenses de fonctionnement. En sept ans, nous n'avons pas fait un seul euro de dette supplémentaire », affirme ainsi Laurent Wauquiez. De même, « nous n'augmentons pas les impôts ni les taxes. » Le tout dans ...

à écrit le 02/06/2023 à 9:09
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S'il pense reprendre du "poil de la bête" avec des déclarations éculés et aucune anticipation, sinon une vision réformiste, sans permettre l'adaptation locale résiliente pour les locaux, "il file un mauvais coton" ! :-)

à écrit le 02/06/2023 à 8:02
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Ni depuis le discours d’un quelconque politicien, ça aussi c'est certain, c'est bon on en a entendu des tonnes de promesses de toutes sortes sur ce sujet là aussi. Arrêtez de parler svp et agissez enfin, servez enfin à quelque chose au lieu de n'être...

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