Le double discours du gouvernement sur les cœurs de ville

Le Premier ministre a confirmé, dimanche 1er novembre, la fermeture administrative des commerces de proximité non essentiel. La décision choque beaucoup d'élus alors que depuis trois ans les gouvernements successifs lancent des programmes pour revitaliser des centres-villes.
César Armand
(Crédits : Reuters)

Le maintien de la fermeture des commerces de proximité a eu un mérite: réunir toutes les associations d'élu(e)s locaux sur un sujet commun, la défense des "cœurs de ville" autre nom pour les centre-villes. De l'association des petites villes de France (APVF) qui juge ces mesures "ni justes, ni compréhensibles" à France urbaine, qui rassemble les grandes villes et les métropoles, qui fustige une "inégalité de traitement", les maires ne comprennent pas pourquoi pas le Premier ministre campe sur sa position.

"Les maires qui se battent pour la survie de l'activité dans les centres-villes ne comprennent pas la position rigide du gouvernement alors que ce dernier a la volonté de revitaliser ces mêmes centres-villes", déclare à La Tribune Philippe Laurent, maire de Sceaux (Hauts-de-Seine), secrétaire général de l'association des maires de France (AMF) et président de Centres-villes en mouvement.

"Restructurer" 6.000 commerces d'ici à 2025

Depuis 2017, l'exécutif multiplie effectivement les dispositifs tous azimuts à destination de ces publics. En mars 2018, a été lancé le programme "Action Cœur de Ville", présenté à l'époque comme "un vecteur essentiel de développement de nos territoires" et dont "la vitalité est indispensable car elle profite à l'ensemble de leur bassin de vie, et plus largement aux territoires urbains et périurbains environnants". Doté de 5 milliards d'euros par la Banque des territoires, entité de la Caisse des Dépôts, Action Logement et l'Agence nationale de l'habitat, il vise à revitaliser 222 villes moyennes.

A cet égard, l'association d'élus qui représente ces communes de 10.000 à 100.000 habitants, Villes de France, doit jouer les équilibristes. D'un côté, elle dénonce "un coup dur" à une activité "mise à mal" lors du premier confinement. De l'autre, sa présidente Caroline Cayeux, maire de Beauvais (Oise), rappelle dans un autre communiqué que l'Etat "soutient le maintien du commerce en centre-ville, avec pour objectif de restructurer 6 000 commerces d'ici 2025", sous sa casquette de patronne de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT).

40.000 euros pour des managers de centre-ville

La Banque des territoires vient en outre de débloquer un milliard d'euros pour venir en aide aux commerces de centres-villes. De même que début octobre, le gouvernement Castex a lancé le plan "Petites Villes de demain" doté de 3 milliards sur 2020-2026, soit le temps du mandat municipal qui s'est ouvert le 28 juin juin. Au menu: le financement de postes de managers de centre-villevia une subvention de 40.000 euros pour deux ans.

"2-3 personnes au maximum dans une librairie de 60 m² sont autant en sécurité que 150 dans un supermarché. Cette approche est absurde. Beaucoup de maires qui n'ont pas pris d'arrêté sont assez amers", témoigne encore Philippe Laurent.

Des schémas auxquels il faut ajouter le moratoire sur les zones commerciales en périphérie des villes, décrété par le président de la République en juin 2020 devant la Convention citoyenne pour le Climat. Emmanuel Macron en oublierait presque la création, en octobre 2018 dans le cadre de la loi Élan, d'un outil sur-mesure: l'opération de revitalisation de territoire (ORT). Cet acronyme administrativo-politique permet au préfet d'un territoire de piloter, avec les communes et les intercommunalités en co-pilotes, les autorisations d'exploitation commerciale dans les collectivités concernées. Initialement, il était question de moratoire sur l'implantation d'équipements commerciaux nuisibles aux centres-villes, comme exprimé par le chef de l'Etat, avant que l'exécutif ne le transforme en suspension sur une durée de trois ans.

Alors que la polémique enfle sur la distorsion de concurrence en faveur des grandes surfaces à l'approche des fêtes de Noël, Bercy multiplie les concertations avec Alain Griset le ministre des PME mais refuse de céder, enjoignant à la grande distribution de fermer, et ce dés mercredi, les rayons de produits "non essentiels". "Seuls les rayons proposant des produits de première nécessité pourront demeurer ouverts dans les supermarchés (...) pendant le confinement" : une fermeture dont l'argument est de "limiter les déplacements"  qui suscite l'ire de la grande distribution et ne résoudra en rien la concurrence déloyale du e-commerce et du premier d'entre eux Amazon.

César Armand
Commentaires 11
à écrit le 03/11/2020 à 14:29
Signaler
Nos gouvernants se prennent pour Philippe Katerine dans sa chanson "Et je coupe le son... et je remets le son !" Ca doit être grisant, à croire.

à écrit le 03/11/2020 à 10:54
Signaler
2 pour la réindustrialisation de la france vas t'on etre oblige de produire des produits essentiel a la vie monacal que les incapables du pouvoir ont décidé ou eux vont se ravitailler sur internet ils n'ont pas besoin d'être rémunéré en temps de ...

à écrit le 03/11/2020 à 10:36
Signaler
nous avons des demeuré pour nous gouverner qui' et quoi sont essentiel a la vie un jouet pour un enfant malade un vêtement est essentiel par contre un costume pour un ministre ne l'est pas comme vous enlevez les cosmétiques pour femme j'espère q...

à écrit le 03/11/2020 à 9:14
Signaler
Ceux-là mêmes qui demandent la réouverture des commerces, des bars et des restaurants seront les premiers à s'en prendre au gouvernement qu'ils accuseront de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour endiguer une épidémie qui est absolument inco...

à écrit le 03/11/2020 à 8:31
Signaler
encore un gouvernement qui ne fait que des promesses du baratin comme toujours ou sont les 15000 lits promis en mars la responsabilité du ministre est en cause mais le veritable responsable et m macron. et quand vas t'il nous faire un discourt c...

à écrit le 03/11/2020 à 8:28
Signaler
Bien venu en absurdie

à écrit le 03/11/2020 à 7:25
Signaler
C'est tout à fait représentatif de la manière de gouverner en France : Il n'y a aucune vision d'ensemble, ou à long terme. On navigue à vue, selon l'opinion du moment. Aucune régulation, aucune estimation des conséquences des décisions prises.

le 03/11/2020 à 9:46
Signaler
Au passage, une bonne série sur De Gaulle sur France 2 hier soir. La suite lundi prochain.

le 03/11/2020 à 10:01
Signaler
Faux ! C'est au contraire une vision à long terme qui est appliquée sur une période d'au moins une quarantaine d'années et qui a commencé par les supermarchés. C'est inoculé à dose homéopathique pour qu'on ne s'en rende pas compte. Les parts de march...

à écrit le 03/11/2020 à 6:33
Signaler
Ce premier sinistre n'a qu'un but. Avoir encore plus de pouvoir pour vous asservir davantage. On depense a tout va des sommes delirantes dans un tonneau des Danaides et aucune alternative credible ne se dessine, qu'il faudra rembourser. Le servage es...

à écrit le 03/11/2020 à 0:26
Signaler
Le gouvernement ne gouverne pas, il gère à la petite semaine, parce que ses serviteurs sont des gens sans envergure, n'ont aucune vision à long terme. Un technocrate ne peut être qu'un mauvais politicien.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.