« La priorité de la Banque de France, c'est le financement de l'économie réelle »

Pour François Villeroy de Galhau, qui a présenté le 14 mars les résultats annuels de la Banque de France, « la politique monétaire ne peut pas tout. Les gouvernements doivent tout faire, de leur côté, pour mener des politiques actives de croissance. »
Christine Lejoux
François Villeroy de Galhau a annoncé que l'institution a vu son bénéfice net augmenter de 8% en 2015, à 2,23 milliards d'euros.

Unique actionnaire de la Banque de France, l'Etat peut se frotter les mains. L'institution a vu son bénéfice net augmenter de 8% en 2015, à 2,23 milliards d'euros. « Un résultat d'autant plus appréciable qu'il a été obtenu dans un environnement de taux bas persistant », a souligné François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, qui présentait pour la première fois les comptes annuels de l'institution, ce lundi 14 mars. De fait, tombé à un plancher historique de 0,05% en 2015 [avant d'être encore abaissé, à 0% cette fois, le 10 mars dernier ; Ndlr], le taux de refinancement de la Banque centrale européenne (BCE) a pesé sur les résultats de la Banque de France, en diminuant les revenus tirés des prêts accordés aux banques commerciales. Mais, parallèlement, la taille du bilan de la Banque de France est passée de 578 milliards d'euros à 710 milliards en l'espace d'un an, sous l'effet de la participation de l'institution au programme d'achats de titres de dette publique de 60 milliards d'euros par mois (« quantitative easing ») enclenché par la BCE en mars 2015.

La Banque de France, un contributeur important aux finances publiques

Cette augmentation de la taille du bilan de la Banque de France a accru l'excédent de liquidités qui, du fait du taux négatif de -0,3% pratiqué en 2015 par la BCE sur les dépôts des banques, a été rémunéré. D'où, au total, une stabilisation du produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) en 2015, à 6,9 milliards d'euros. Du côté des coûts, les charges d'exploitation ont diminué de 1%, au prix d'une baisse de 2% des effectifs, à 12.245 agents, dans le cadre du plan de modernisation de la Banque de France engagé en 2013. Au passage, l'institution présentera à l'automne prochain un nouveau plan stratégique, baptisé « Ambitions 2020 », sur lequel elle planche depuis le début de l'année. Toujours au chapitre du compte de résultat, l'impôt sur les sociétés a, lui aussi, diminué, de 248 millions d'euros. Pour autant, à 1,9 milliard d'euros et couplé à un dividende dont le montant n'a pas encore été arrêté mais qui représentera « une part significative » du bénéfice net, il fait toujours de la Banque de France « un contributeur important aux finances publiques », a tenu à rappeler François Villeroy de Galhau.

La relance de la croissance est aussi l'affaire des Etats

Une contribution qui ne doit en aucun cas inciter le gouvernement à relâcher ses efforts en matière de redressement des finances publiques, selon le gouverneur de la Banque de France. Pas plus que les politiques monétaires des banques centrales ne doivent conduire les Etats à attendre les bras croisés le retour de la croissance. Certes, c'est bien pour amener les banques à prêter davantage aux entreprises et aux ménages - et, partant, relancer les investissements, la consommation et, donc, la croissance - que la BCE a annoncé le 10 mars de nouveaux TLTRO (targeted longer term refinancing operations), ces prêts de long terme réservés aux banques de la zone euro. Dans la même veine, l'institution présidée par Mario Draghi a élargi son « quantitative easing » aux obligations d'entreprise de bonne qualité, afin de favoriser le financement des entreprises par les marchés financiers.

« Notre priorité, c'est le financement de l'économie réelle », a martelé François Villeroy de Galhau, endossant son costume de membre de l'Eurosystème, l'organisme de l'Union européenne (UE) qui regroupe la BCE et les banques centrales des Etats membres de l'UE ayant adopté l'euro. Pour autant, « la politique monétaire ne peut pas tout. Les gouvernements doivent tout faire, de leur côté, pour mener des politiques actives de croissance », a martelé François Villeroy de Galhau. Avec une mention spéciale à la France, qui « doit poursuivre et amplifier un certain nombre de réformes, comme la simplification du droit du travail, le développement de l'entrepreneuriat, et la décentralisation du dialogue social au niveau de l'entreprise. »

Christine Lejoux
Commentaires 7
à écrit le 17/03/2016 à 15:59
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Villeroy est un grand malade qui n'a clairement pas les intérêts de l'état Français en ligne. Ses manières agressives et son militantisme pour la liberté absolue des groupes bancaires nous font nous interroger sur la place de cet homme : pourquoi est...

à écrit le 15/03/2016 à 10:59
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Je finis par me demander si les gars ont compris que ce ne sont pas des prêts, que le péquin veut. Mais du BOULOT ! Vous avez TROP pompé le réel.

à écrit le 14/03/2016 à 21:16
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(3) (...) Dit autrement, nos dirigeants sont soit stupides ( ils promettent sans connaitre le système financier international, et donc ne peuvent pas tenir leurs promesses envers les électeurs, car ces électeurs ne savaient pas non plus comment chang...

à écrit le 14/03/2016 à 21:12
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(2) (…) L’astuce ( la solution financière au marasme économique ) est de mettre en circulation davantage de liquidités virtuelles en favorisant d'autant la production ou des produits de service. Cela a déjà été fait avec succès : En France, l’économ...

à écrit le 14/03/2016 à 21:06
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(1) C'est faux ! Les banques et le système bancaire international provoquent directement le marasme économique. Nous n'avions pas ces problèmes avant 1974. Notre président, ainsi que tous nos élu(e)s politiques, les responsables d’entreprises...

à écrit le 14/03/2016 à 18:04
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Quelle blague ! Si cela était le cas, on en serait pas là

à écrit le 14/03/2016 à 17:54
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Je n'arrive pas à comprendre comment cet organisme peut faire des bénéfices. Sa seule production est la fabrication de monaie avec une productivité lamentable; elle est en sureffectif trop payé et inutile. Quel est l'artifice comptable qui lui perme...

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