Le rebond de l'économie française en 2021 pourrait être plus important que prévu

L'Insee a révisé à la hausse sa prévision de croissance du PIB pour 2021 à 6,2% contre 6% précédemment. Malgré la résurgence du variant Delta cet été, la consommation a tiré l'activité tricolore durant la saison touristique. L'institut de statistiques s'attend néanmoins à un essoufflement en fin d'année.
Grégoire Normand
La réouverture de nombreux secteurs depuis le printemps et l'accélération de la vaccination ont insufflé un vent d'optimisme sur l'économie tricolore. Des vents contraires pourraient cependant venir perturber cette reprise.
La réouverture de nombreux secteurs depuis le printemps et l'accélération de la vaccination ont insufflé un vent d'optimisme sur l'économie tricolore. Des vents contraires pourraient cependant venir perturber cette reprise. (Crédits : Reuters)

Les indicateurs économiques sont au vert. Après un chute abyssale de 8% en 2020, le produit intérieur brut (PIB) de l'économie française pourrait rebondir d'environ 6,2% en 2021. Lors de la présentation de leur note de conjoncture, les statisticiens de l'Insee ont brossé le portrait d'une reprise plus solide qu'anticipé.

"Malgré la quatrième vague épidémique cet été, la reprise s'est poursuivie contrairement à ce que nous avions observé lors des précédentes vagues. Cette situation s'observe très bien à partir du trafic routier. Du côté des enquêtes de conjoncture, les climats des affaires se sont beaucoup redressés à la faveur de la réouverture de l'économie. La vaccination a entraîné l'espoir d'une reprise durable" a expliqué, le chef du département de la conjoncture, Julien Pouget, lors d'un point presse ce mardi 7 septembre.

La réouverture de nombreux secteurs depuis le printemps et l'accélération de la vaccination ont insufflé un vent d'optimisme sur l'économie tricolore. Des vents contraires pourraient cependant venir perturber cette reprise.

En effet, les économistes s'attendent encore à des tensions sur certains composants et sur la main d'œuvre au moins jusqu'à la fin de l'année. En outre, un tel rebond n'est pas vraiment surprenant au regard de l'ampleur de la chute enregistrée l'année dernière. Au delà de cet "effet de base" régulièrement souligné par les économistes, il faudra sans doute attendre encore quelques mois pour vraiment observer la solidité de cette reprise.

Une croissance tirée par la consommation

Sans surprise, l'activité devrait être en grande partie tirée par la consommation des ménages. En effet, l'Insee table sur un rebond de la consommation de 4,5% en 2021 après un plongeon de 7,2% l'année dernière. Depuis la fin du troisième confinement et la levée progressive des restrictions, les moteurs de la consommation accélèrent dans les services, fortement pénalisés depuis le début de la pandémie.

"Les transactions par carte bancaire se sont maintenus en juillet et août par rapport à juin. Les ventes physiques tirent cette croissance alors que les ventes en ligne sont revenues à des niveaux proches de celles d'avant crise" a déclaré Olivier Simon, statisticien à l'institut basé à Montrouge."

Sous l'hypothèse d'une non-dégradation de la situation sanitaire, le niveau de consommation des ménages reviendrait à son niveau d'avant-crise aussi bien dans les services que dans l'achat de biens. Certains postes de consommation seraient encore affectés dans l'automobile, la restauration ou le tourisme" a-t-il ajouté.

Contrairement à 2020, l'économie française n'a pas connu de mise sous cloche aussi drastique. Les restrictions ont été relativement plus souples que lors du confinement du printemps 2020 par exemple. Cette décision avait provoqué une chute brutale de la demande, particulièrement catastrophique pour l'économie tricolore.

Le pass sanitaire n'a pas affecté la consommation

A l'exception des restaurants, les conjoncturistes de l'Insee n'ont pas observé d'impact majeur du pass sanitaire sur l'économie tricolore à ce stade. L'annonce de la mise en oeuvre de sésame par le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait suscité de véritables craintes dans les secteurs concernés.

"Les transactions par cartes bancaires permettent de retracer les montants de transactions entre le 17 mai et le 29 août. Dans les cinémas, la date du 20 juillet ne semble pas marquer d'inflexion dans les fluctuations. Dans les lieux touristiques, il peut y avoir un effet très ponctuel. Le diagnostic est en revanche plus visible dans les restaurants" a informé Olivier Simon.

"Cette analyse est à prendre avec précaution. Il est parfois difficile de démêler les effets du pass sanitaire dans l'examen des transactions par carte bancaire" a-t-il ajouté. Au delà des indicateurs à haute fréquence comme les transactions par carte bancaire, des enquêtes plus approfondies sur la consommation des ménages devraient apporter plus de précisions sur l'évolution des comportements d'achat des Français.

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Des tensions sur les approvisionnements

La reprise économique continue d'entraîner des frictions importantes entre l'offre et la demande. Le rebond de l'activité d'abord en Chine puis aux Etats-Unis a entraîné une forte demande en matières premières et en composants. Ce qui a pu provoquer des pénuries et des hausses sur les prix à la production dans certains secteurs en France.

"Les prix à la production s'en ressentent - au-delà de l'effet de base lié à leur relative faiblesse en 2020 - et la production elle-même est parfois bridée en cas de pénurie d'intrants. En juillet 2021, les prix de production de l'industrie française tout comme les prix agricoles à la production ont ainsi augmenté d'environ 8 % sur un an. Parmi les services, les prix de production du transport maritime et côtier de fret ont augmenté très fortement en raison de la hausse soutenue de la demande" indiquent les auteurs de la note.

"Il y a un effet de base important. Les prix à la production étaient très bas il y a un an" a ajouté Julien Pouget. Aux Etats-Unis, la hausse des prix a ravivé le spectre d'une inflation durable mais en Europe la plupart des économistes ne semblent pas vraiment inquiets. "L'inflation pourrait ponctuellement passer au dessus de 2%. Il reste beaucoup d'interrogations sur les effets de second tour. La hausse des prix va-t-elle se transmettre sur les salaires? Dans l'industrie, les signaux sont pour l'instant modérés" a indiqué Julien Pouget.

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Une accélération des contaminations aux Etats-Unis et en Chine

En Europe, la reprise économique pourrait néanmoins être affectée par une dégradation de la situation sanitaire. Parmi les aléas négatifs cités par l'Insee, "certains variants peuvent échapper à la vaccination" a rappelé Julien Pouget. "A l'échelle internationale, les contaminations ont tendance à remonter aux Etats-Unis et en Chine" a-t-il ajouté. A cela peuvent s'ajouter les effets de long terme d'une pandémie sur l'économie mondiale. A ce stade, ces répercussions sont encore difficilement mesurables. La levée des aides déjà entamée au mois juin en France pourrait laisser des traces sur des secteurs particulièrement meurtris par plus de 18 mois de pandémie et de "stop and go" à répétition.

"L'activité de l'économie française retrouverait son niveau d'avant-crise à la fin de l'année malgré la résurgence de l'épidémie cet été. C'est un retour au niveau d'avant crise mais ce n'est pas un retour à la normale. Il y a des recompositions sectorielles importantes. Dans les industries agroalimentaires, le niveau d'activité a retrouvé celui d'avant-crise. Dans l'hébergement restauration, les établissements ont été bien plus affectés par des touristes étrangers moins nombreux et le télétravail. Les salariés prennent davantage de repas à domicile", conclut Julien Pouget.

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 08/09/2021 à 10:51
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Un reponds par rapport a 2020 ou 2019 ?

à écrit le 08/09/2021 à 10:41
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Un scénario à l'Italienne ? Pourtant, "ils" nous avaient dit il y a peu, "jamais un scénario à l'Italienne".

à écrit le 08/09/2021 à 7:01
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Voir dans la durée et la balance commerciale. Mes dépenses dentiste 2120€ garage 1365 je stoppe jusqu'a décembre

à écrit le 07/09/2021 à 19:23
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"Pourrait"... à condition que la prévision initiale ait été trop prudente et que les manifs du samedi ne viennent pas saboter cette merveilleuse perspective. Une prochaine publication nous donnera d'ailleurs l'article en version " ne pourrait pas" ....

à écrit le 07/09/2021 à 19:05
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Après la pluie vient le beau temps (ou pas), c'est ce que promettait déjà la présidence Hollande conseillée par Macron...

le 07/09/2021 à 23:20
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Quoi qu'il en coûte est sous le tapis , alors la croissance est tout sauf une réalité ... Le vrai va réapparaître

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