Les sénateurs au chevet d'une agriculture française de moins en moins compétitive

A partir de mardi, le Sénat va examiner une proposition de loi pour permettre aux produits agricoles français de regagner des parts de marché à l'international. Le texte qui se veut pragmatique est dénoncé par les écologistes qui y voient des atteintes à l'environnement et au consommateur. La mesure la plus controversée est celle qui permet au ministère de l'Agriculture de suspendre des décisions de l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses).
(Crédits : Reuters)

Le Sénat va examiner à partir de mardi en première lecture une proposition de loi « pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France », afin d'enrayer « le déclin de la puissance agricole française », mais qui braque les écologistes.

Porté par les sénateurs Laurent Duplomb (LR), Pierre Louault (centriste) et Serge Mérillou (PS), auteurs d'un récent rapport alertant sur la perte de compétitivité de l'agriculture française, le texte est cosigné par 175 sénateurs, essentiellement LR et centristes.

Opposition des socialistes et des écologistes

Le groupe socialiste a en revanche annoncé son intention de voter contre et l'écologiste Joël Labbé se dit « sidéré devant autant de retours en arrière ». UFC-Que Choisir, pour sa part, dénonce une proposition de loi « dévastatrice pour l'environnement et la santé des consommateurs ».

« On n'évitera pas les caricatures », déplore la rapporteure et présidente de la commission des Affaires économiques Sophie Primas (LR), qui défend « des mesures pragmatiques ».

Parmi les articles phares, le texte propose d'instituer un « haut-commissaire à la compétitivité des filières agricoles et agroalimentaires ». Il crée « un fonds spécial » pour soutenir l'investissement et la recherche des petites filières et un « livret Agri », pour faciliter l'accès à l'emprunt des agriculteurs.

Il comporte également des dispositions pour « maîtriser » les charges sociales, comme l'exclusion des entreprises agricoles et agroalimentaires de l'application du bonus-malus sur les contrats courts.

Remise en cause de la loi de 2014

Mais une disposition cristallise les oppositions: il s'agirait de revenir sur une loi de 2014 consacrant l'indépendance de l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) en permettant au ministre de l'Agriculture de suspendre une décision de l'agence qui interdit certains produits phytosanitaires.

La proposition de loi « répond favorablement aux lobbies et à la FNSEA », tacle Joël Labbé. Mais pour Sophie Primas, il s'agit avant tout « de ne pas mettre nos agriculteurs en situation de subir une concurrence déloyale » au sein de l'Union européenne (UE).

Autre point qui promet des débats dans l'hémicycle, sur fond de guerre des « bassines », la question de l'eau. Le texte initial déclarait notamment « d'intérêt majeur les ouvrages ayant vocation à prélever et stocker de l'eau à des fins agricoles ». La rapporteure a adouci la rédaction, en consacrant le caractère d'intérêt général pour ceux qui  « s'inscrivent dans une démarche d'usages partagés ».

Sans guère de chances de succès, le groupe écologiste présentera une motion de rejet du texte, arguant notamment que son calendrier d'examen « n'est pas respectueux du processus de concertation en cours (...) sur la construction de la future Loi d'orientation et d'avenir agricoles ».

Commentaires 12
à écrit le 15/05/2023 à 12:23
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Une agriculture française de moins en moins compétitive mais de plus en plus polluante!

à écrit le 15/05/2023 à 11:55
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Pour l’utilisation des produits phytosanitaires, le principe devrait être simple : pas d’interdiction tant qu’il n’y a pas d’alternative dans des conditions économiques équivalentes ou proches !

à écrit le 15/05/2023 à 9:58
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Au nom de l'écologie et de la bureaucratie , ne changeons surtout rien à un modèle qui perd ! Nous ne sommes même plus auto suffisant en alimentation ,les produits alimentaires importés représentant dorénavant plus de 50 % en valeur du contenu de...

le 15/05/2023 à 14:41
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Vous oubliez le rôle du principal syndicat agricole dans la situation actuelle et l'élection de son nouveau président la changera "peut-être" !!

à écrit le 15/05/2023 à 9:48
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Les bassines qui puisent l'eau dans les nappes phréatiques ne sont pas une bonne idée. Seules les retenues qui reçoivent les eaux de ruissellement de surface devraient être autorisées.

le 15/05/2023 à 17:54
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Il faudrait surtout faire payer le vrai prix de l'eau aux rentiers de l'agrobusiness afin de financer des centres de désalinisation d'eau de mer et des pipelines pour acheminer l'eau douce car puiser dans les fleuves risque de plomber la productio...

à écrit le 15/05/2023 à 9:13
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Il faut lire le livre d'Isabelle Saporta en 2016, intitulé " Foutez nous la paix " ! Savez-vous quelle pression écologique un âne exerce sur son pâturage ? Votre carrelage est-il réglementaire ? Connaissez-vous le supplice de la pédichiffonnette ?...

à écrit le 14/05/2023 à 20:06
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La caste a poussé à la suppression des aides au bio et c' est parti, la filière bio qui subissait déjà une inflation voulue, énergie chère pour cause de ..tuyaux pétés par le sponsor us et farce covid à 600 milliards par le m...

à écrit le 14/05/2023 à 17:35
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la France est le plus grand bénéficiaire des subventions agricoles européennes et même avec ça ils ne peuvent pas (sur) vivre. Il y a quelque chose bien pourri dans ce pays mais cela ne concerne pas les produits des agriculteurs.

le 14/05/2023 à 19:52
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La France est l'un des plus gros contributeurs à l'UE parce la ristourne pour l'agriculture est aux ordres de Bruxelles ! ;-)

à écrit le 14/05/2023 à 16:37
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Bonjour, avant toute chose, ils faut avant tout signaler que de nombreux parlementaires et députés sont issus du monde agricole... Donc beaucoup trops de partis pris et une évolution difficile des procédures agréable dans notre pays .. Avant tout ch...

à écrit le 14/05/2023 à 16:37
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Il fût un temps où l'on nourrissait sa population et l'on exporter le surplus permettant l'échange ! Maintenant on se fie au "prix" international pour agir ! ;-)

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