
Bruxelles met la main au porte-monnaie. La Commission européenne a annoncé lundi vouloir puiser dans une réserve de crise de la Politique agricole commune (PAC), à hauteur de 56,3 millions d'euros. Objectif affiché, compenser « les pertes économiques dues à l'augmentation des importations de céréales et d'oléagineux » venues d'Ukraine « et limiter l'impact des déséquilibres du marché », a indiqué l'exécutif européen.
En mai dernier, l'UE avait suspendu pour un an les droits de douane sur tous les produits importés d'Ukraine, afin de soutenir l'économie du pays attaqué par la Russie. Dans le domaine agricole, cette mesure devait lui permettre d'exporter ses stocks de céréales, après la fermeture de la voie maritime par la mer Noire.
Cette décision représente toutefois un manque à gagner pour les Vingt-Sept. Le commerce bilatéral entre l'UE et l'Ukraine a, en effet, représenté 52 milliards d'euros d'échange en 2021, selon l'exécutif européen, un chiffre qui a doublé depuis 2016. La levée des droits de douane a également eu des répercussions directes sur les Etats voisins de l'Ukraine. Ceux-ci ont vu augmenter les arrivées de maïs, blé ou encore de graines de tournesol, déstabilisant les marchés locaux au détriment de leurs agriculteurs. La Pologne et la Bulgarie, notamment, souffrent d'une importante « offre excédentaire » qui pèse sur les prix.
La Pologne, la Bulgarie et la Roumanie concernées
Dans le détail, la Commission européenne propose ainsi d'allouer 29,5 millions d'euros à la Pologne, 16,75 millions à la Bulgarie et 10,05 millions à la Roumanie. En outre, elle autorise ces trois pays à doubler ces montants par des aides d'Etat, a précisé à la presse le commissaire à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski. En revanche, la Hongrie et la Slovaquie n'ont pas été jugées suffisamment affectées pour bénéficier du même soutien.
La proposition sera soumise aux 27 Etats membres. Ils devraient se prononcer lors d'une réunion technique le 30 mars, selon Bruxelles. La Commission européenne espère de premiers versements d'ici fin septembre.
Pas d'aide pour compenser l'inflation
Concernant les mesures commerciales en faveur de l'Ukraine et leur possible prolongation, « il sera plus facile d'activer une clause de sécurité » pour freiner certaines importations si elles « augmentent de façon disproportionnée », a ajouté Janusz Wojciechowski. « Nous continuerons à surveiller de près l'effet sur la volaille, la viande, les œufs, comme pour les céréales », a-t-il relevé.
La guerre en Ukraine a, en effet, largement contribué à l'envol des prix des engrais et des carburants. L'aide annoncée lundi ne vise toutefois pas à compenser cette inflation des coûts pour les exploitants, contre laquelle des possibilités d'importantes aides d'Etats sont déjà prévues, a insisté le commissaire.
(Avec AFP)
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