Manque d'anticipation, « imprécisions », les conclusions de la gestion de l'État de la crise Covid-19

Dans un rapport de 800 pages et deux tomes, la Cour des comptes a listé les manquements et erreurs commis par la puissance publique dans sa gestion de la crise sanitaire.
(Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Écoles, hôpitaux, SNCF, etc., le manque d'anticipation de l'État face à d'éventuelles crises a pénalisé l'efficacité de nombreuses administrations et opérateurs publics dans la gestion de l'épidémie de Covid-19, juge la Cour des comptes dans son rapport annuel publié jeudi.

A année exceptionnelle, travail exceptionnel: l'institution financière consacre une large part de ce rapport aux "premiers enseignements" de la crise sanitaire, concluant que "les acteurs publics n'accordent pas suffisamment d'attention à la gestion des risques, à leur préparation, quelle que soit leur nature".

Ainsi, dans les hôpitaux, et en particulier dans les services de réanimation, dans l'organisation de la continuité scolaire durant le confinement ou en matière de prise en charge des sans-abri, "les dispositifs d'anticipation de crise n'étaient pas au rendez-vous", assène-t-elle.

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Des « imprécisions » sur le recensement des malades et des lits

La Cour a aussi relevé "les nombreuses incertitudes et imprécisions" dans la collecte d'informations des hôpitaux sur le nombre de malades du Covid-19 et de lits disponibles, données servant pourtant de base à la politique sanitaire nationale.

Elle a étudié la réaction des établissements de santé face à la première vague dans une zone très touchée, la Franche-Comté, et une région plus épargnée, la Nouvelle-Aquitaine.

Elle y pointe notamment en conclusion "les nombreuses incertitudes ou imprécisions qui entourent le système de collecte et les remontées d'informations servant de fondement aux décisions stratégiques nationales, tant sur la comptabilisation des malades que sur celle des capacités disponibles".

Un système inadapté, datant des attaques de 2015

Le rapport met en lumière des systèmes de codification complexe qui par exemple imposaient de ne comptabiliser que les malades pour lesquels "un diagnostic a été clairement établi", excluant les cas de suspicion de Covid.

De plus, l'outil informatique utilisé pour faire le recensement des malades, était celui "conçu et déployé pour répertorier les victimes des attentats de Paris de novembre 2015", un système donc inadapté, "pas conçu pour être utilisé dans la durée" et qui a nécessité de nombreuses saisies manuelles.

Le rapport donne l'exemple du CHU de Poitiers qui a d'abord déclaré 37 lits de réanimation, puis 53, voire 65, "soit presque du simple au double" en changeant de modes de calcul.

Le coût élevé des structures de gestion de la crise

En revanche, l'aide au retour des Français qui se sont retrouvés coincés à l'étranger à l'annonce du premier confinement a montré la capacité d'adaptation de l'administration.

C'est d'ailleurs grâce à la "forte capacité de mobilisation" des agents que les opérateurs publics ont finalement pu globalement s'adapter à la crise après un temps de "désorganisation", que ce soit dans les hôpitaux, au sein de l'administration fiscale pour délivrer les aides, ou au sein de l'Unédic, souligne l'institution.

La Cour salue également la capacité d'"innovation" et de "réaction" des acteurs publics pour faire face à une situation inédite.

Mais elle relève aussi le "coût financier élevé" de la crise, et pointe l'efficacité "discutable" de certaines dépenses du fait de l'impréparation des acteurs publics, ou le besoin de "mieux contrôler" certaines d'entre elles, par exemple le dispositif du fonds de solidarité pour les entreprises.

La crise a aussi mis en lumière les lacunes du financement de certains services publics, comme la tarification des soins critiques (soins intensifs, réanimation...) ou le financement des services ferroviaires.

Outre ses travaux liés à l'épidémie, la Cour s'est aussi intéressée dans son rapport annuel à plusieurs domaines de l'action publique comme les Chambres de commerce et d'industrie et les Chambres des métiers de l'artisanat, l'inclusion bancaire, l'innovation en matière de défense ou encore la gestion de l'eau et de l'éclairage public par les collectivités.

Absente en revanche, la traditionnelle évaluation de l'état des finances publiques attendra le mois prochain, Matignon ayant commandé à la Cour un travail spécifique sur le sujet au moment où la dette publique a explosé avec l'augmentation des dépenses pour faire face à la crise sanitaire.

Lire aussi : Un an de crise : qui sont les gagnants et les perdants en Bourse ?

Commentaires 5
à écrit le 19/03/2021 à 19:42
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Difficile d'anticiper avec la Cour des Comptes qui trouve toujours que l'Etat dépense trop. C'est l'hôpital qui se fiche de la charité!

à écrit le 19/03/2021 à 14:04
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Les risques de pandémie correspondent à une situation exceptionnelle et non prévisible avec une occurrence très faible. Par conséquent, dans le modèle actuel de santé publique, les conclusions de la gestion de l'État de la crise Covid-19 par la Cou...

à écrit le 19/03/2021 à 11:06
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Manque d'anticipation? Mais vous plaisantez! La situation que nous vivons a été programmé!

à écrit le 19/03/2021 à 11:05
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Manque d'anticipation? Mais vous plaisantez! La situation que nous vivons a était programmé!

à écrit le 19/03/2021 à 9:23
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Sur nos trois derniers présidents, deux gros dépensiers qui ont épuise les caisses publiques, Sarkozy et Macron donc et Hollande, un socialiste qui plus est, qui lui a dépensé beaucoup moins or les médias de masse se sont acharnés sur lui l'obligeant...

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