Outre-mer  : le gouvernement dévoile 72 mesures pour « mieux vivre »

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé mardi un inventaire de mesures afin d'améliorer le quotidien dans les territoires français d'Outre-mer, notamment le pouvoir d'achat.
L'Outre-mer doit aussi s'adapter au plus vite aux conséquences du dérèglement climatique, dont la montée des eaux.
L'Outre-mer doit aussi s'adapter au plus vite aux conséquences du dérèglement climatique, dont la montée des eaux. (Crédits : Charles Platiau)

Le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM), organisé mardi à Matignon, a accouché d'un plan de 72 mesures qui vise selon Elisabeth Borne « à ce que nos compatriotes ultramarins vivent mieux, et qu'ils voient des changements, rapidement ».

Lire aussiOutre-mer : vers une révision de la protection tarifaire sur les produits importés (l'octroi de mer)

Parmi les décisions annoncées, une future réforme « en profondeur » de l'octroi de mer, protection tarifaire sur les produits importés Outre-mer. « L'octroi de mer contribue à la vie chère en Outre-mer », a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a promis que la réforme de ce dispositif serait « totalement adoptée et mise en œuvre au plus tard en 2027 ».

La réforme de l'octroi de mer va « contribuer à faire baisser le coût de la vie dans les Outre-mer. Évidemment nous serons vigilants sur les répercussions de cette réforme pour les finances des communes et la protection de la production locale », a souligné le président (LR) du Conseil départemental de la Réunion, Cyril Melchior.

Des prix bien plus élevés que dans l'Hexagone, notamment pour les produits alimentaires

Selon une dernière étude de l'Insee, en 2022, les prix à la consommation étaient plus élevés dans les départements d'Outre-mer (DOM) que dans l'Hexagone : de 9 % à La Réunion à 16 % en Guadeloupe. Pour tous les DOM, les écarts de prix ont augmenté par rapport à 2015. Les écarts, souligne l'Institut, s'expliquent avant tout par la cherté des biens et en particulier des produits alimentaires, pour lesquels les prix payés par les ménages sont de 30 % à 42 % plus élevés.

Les écarts sont plus faibles pour les services, qui restent cependant globalement plus chers Outre-mer, notamment les services de communication. Certes, l'inflation est bien moins élevée qu'en France métropolitaine mais elle touche des produits déjà chers et une population moins aisée. Depuis, le gouvernement a mis en place le BQP+ (Bouclier Qualité Prix), que n'a pas pris en compte l'Insee, qui permet aux préfets de négocier avec les industriels de modérer les prix sur des produits de la vie courante.

Financer les réseaux d'eau et d'assainissement

Elisabeth Borne a par ailleurs annoncé 2,3 milliards d'euros d'investissements sur quatre ans (2024-2027) pour les infrastructures et les services publics, contre 1,8 milliard entre 2019 et 2022. Ces investissements serviront « prioritairement pour financer les réseaux d'eau et d'assainissement, les infrastructures de transport et les écoles », selon la Première ministre, l'accès à l'eau étant, dans plusieurs collectivités d'Outre-mer, entravé par la vétusté des réseaux. En début d'année, le directeur de l'Office de l'Eau de Guadeloupe, confiait à la presse avoir « fait un état des lieux en 2021 qui a montré qu'environ 80% des systèmes d'assainissement en Guadeloupe étaient défectueux ».

Le décret gelant les prix de l'eau en bouteille à Mayotte, très attendu sur l'île de l'océan Indien en proie à une crise de l'eau, sera publié demain ce mercredi, a annoncé Elisabeth Borne, promettant par ailleurs « de relancer l'élaboration d'un projet de loi spécifique à Mayotte ». Un « plan de rattrapage », de 150 millions d'euros sur quatre ans, sera engagé pour l'accompagnement médico-social des personnes handicapées, a-t-elle précisé.

Des aides pour favoriser la continuité territoriale

Le gouvernement s'est en outre engagé à revaloriser les bourses étudiantes en Outre-mer, de 30 euros par mois, et à ce que davantage d'ultramarins - 3 sur 4 - deviennent éligibles aux aides à la continuité territoriale, qui permet de bénéficier de billets d'avion à tarifs réduits. Dans son rapport d'activité, l'Agence de l'Outre-mer pour la mobilité (LADOM) soulignait que plus de 60.000 Ultramarins (tous DROM-COM confondus) avaient bénéficié du dispositif en 2022. L'agence précisait alors que « les arbitrages concernant l'évolution de la continuité territoriale, attendus dans le cadre du Comité Interministériel des Outre-mer (CIOM), devraient permettre à LADOM d'aller bien au-delà, en étoffant son offre ».

Des mesures accueillies sans enthousiasme par des élus ultramarins

Ces mesures sont accueillies avec prudence par certains élus ultramarins, comme le sénateur PS de la Guadeloupe Victorin Lurel, qui compte sur le travail parlementaire pour les améliorer. « Avec ces 72 mesures, ce CIOM pouvait être espéré comme le début d'un changement de méthode. A ce stade, il ne répond pas à cette ambition », a-t-il regretté. Le député (Liot) de Guadeloupe Olivier Serva a retenu pour sa part « une tentative de concertation, au-delà des exécutifs ».

 « De nombreuses attentes restent largement insatisfaites et rien de fort n'est proposé pour stopper la fracture sociale et réduire les inégalités », a déploré Philippe Naillet, député PS de Saint-Denis de la Réunion.

Les questions les plus sensibles - institutions, immigration et sécurité - n'ont pas été abordées lors de cette réunion.

(avec AFP)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.