Présidentielle : les flous budgétaires persistants du programme d'Eric Zemmour

Eric Zemmour est en perte de vitesse dans les sondages. Le candidat de "Reconquête" se place en quatrième position rassemblant 9% des intentions de votes, selon les récents résultats d'un baromètre OpinionWay. Des zones d'ombre demeurent dans le chiffrage de son programme, notamment sur le coût de la création d'un "ministère de la remigration".
Eric Zemmour lors de la présentation de son programme présidentiel à la maison de la Chimie à Paris.
Eric Zemmour lors de la présentation de son programme présidentiel à la maison de la Chimie à Paris. (Crédits : Reuters)

Face aux journalistes, Eric Zemmour a présenté un épais catalogue de 400 mesures pour son programme présidentiel pendant une quarantaine de minutes. Ce programme est « destiné à reconquérir notre pays et mettre fin au grand remplacement et au grand déclassement », a-t-il annoncé lors de son point presse. Son équipe de campagne a également mis en ligne un chiffrage de son programme dédié prioritairement à la lutte contre l'immigration. Il promet au total « 65 milliards d'euros d'économies en année pleine », dont 20 milliards d'euros via la "suppression des prestations non contributives pour les étrangers extra-européens": allocations familiales, aides au logement ou RSA, que l'ancien polémiste décrit comme des "pompes aspirantes" qui encourageraient l'immigration.

Mais ce chiffre de 20 milliards d'euros est loin de correspondre aux estimations de la Caisse nationale des allocations familiales. La CAF avait indiqué que la totalité des allocations versées aux étrangers (européens et extra européens) correspond à « 9 milliards d'euros » par an (chiffre 2019), sans le minimum vieillesse géré par la Caisse nationale d'assurance vieillesse. « Ce sont les chiffres pour les médias pour dire qu'on ne dépense pas beaucoup d'argent pour les étrangers », a rétorqué le candidat à la présidentielle.

> Lire aussi : Présidentielle : les zones d'ombre budgétaires du programme de Marine Le Pen

D'autres flous demeurent dans le programme du candidat d'extrême droite. Le document n'intègre pas par exemple sa proposition d'un « ministère de la remigration» chargé d'expulser, selon le candidat d'extrême droite, un million d'étrangers en cinq ans : clandestins, délinquants, criminels et fichés S. Il explique en outre qu'il n'a « pas pu tout aborder, ni détailler chaque mesure. Il y en a 40 ! »

Pas de chiffrage précis sur une multitude de mesures importantes

L'ancien journaliste a fait une liste à rallonge des mesures qu'il entendait mettre en place à son arrivée au pouvoir. Parmi les mesures phares, il veut que les Français « travaillent plus et plus longtemps » et a repris à son compte le slogan cher à Nicolas Sarkozy "travailler plus pour gagner plus". Il veut récompenser "le travail" et "le mérite" en augmentant les salaires par une baisse de la CSG pour les salaires allant du SMIC jusqu'à 2.000 euros.

Cette mesure sera financée par la suppression des aides sociales non contributives des étrangers non européens a précisé le candidat. Il veut notamment remettre en avant la défiscalisation et la désocialisation des heures supplémentaires. Toutes ces annonces importantes destinées à favoriser le travail n'ont pas fait l'objet de chiffrages précis alors qu'elles peuvent représenter un manque à gagner fiscal et social conséquent sur l'ensemble du quinquennat. Les économistes de l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avaient calculé dans une étude que la mesure mise en oeuvre sous Nicolas Sarkozy coûtait 4,5 milliards d'euros par an aux finances publiques, soit plus de 22 milliards d'euros sur un quinquennat.

Une baisse de 30 milliards d'euros sur les impôts de production

Sur la fiscalité des entreprises, l'ancien chroniqueur du Figaro va beaucoup plus loin qu'Emmanuel Macron, Valérie Pécresse ou Marine Le Pen en proposant une baisse de 30 milliards d'euros par an des impôts de production. « Ce n'est pas normal que l'Etat taxe les entreprises avant le premier euro de bénéfice », a-t-il insisté.

Il veut supprimer en priorité la C3S (contribution sociale de solidarité) et la CVAE (la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises). « Il faut arrêter le massacre et libérer ceux qui veulent créer, libérer et prospérer», a-t-il déclaré. Le candidat veut également baisser l'impôt sur les sociétés à 15% pour les TPE et les PME jusqu'à 300.000 euros de bénéfice.

Un chiffrage axé sur le régalien

Globalement, son programme « coûtera à terme 60 milliards d'euros en année pleine: une moitié pour baisser les impôts sur les entreprises - 28 milliards - et l'autre moitié pour renforcer les moyens de nos politiques prioritaires: la défense, la sécurité, la justice et la santé - 32 milliards », a-t-il estimé, lors de sa présentation aux journalistes à la maison de la Chimie à Paris.

Il table en outre, comme Marine Le Pen, sur 15 milliards d'économies grâce à la « lutte contre la fraude sociale et fiscale ». Côté collectivités locales, Eric Zemmour entend faire 15 milliards d'économies en luttant contre la « bureaucratie », les « doublons » et les « riplons ». Il y a une « gabegie incroyable », estime celui qui plaide pour la mise en place d'un conseiller territorial, à la fois départemental et régional, comme le prônait Nicolas Sarkozy.

Là encore, ce chiffre de 15 milliards d'euros d'économie sur « les doublons » et « les triplons » reste particulièrement approximatif, même dans les documents présentés sur le site du candidat. Interrogé sur ces flous, il a expliqué qu'à son arrivée au pouvoir, il ferait faire « une étude par des hauts fonctionnaires et la Cour des comptes et non pas par le cabinet McKinsey pour voir où il y a des dépenses excessives, des dépenses bureaucratiques que l'on peut réduire [...] Je ne veux pas m'avancer sur la suppression d'un certain nombre d'emplois publics mais je veux quelques chose de beaucoup plus pointu ».

Pour le budget de l'Etat, il promet 15 milliards d'économies à l'horizon 2027, dont la suppression de l'aide médicale d'Etat - couverture santé des étrangers en situation irrégulière - et la « réduction des dépenses d'intervention du ministère de la Culture ».

A plus long terme, Eric Zemmour propose de repousser l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans d'ici 2030, afin d'économiser « près de 15 milliards d'euros en année pleine ». Enfin, il veut gonfler le budget de la Défense à des niveaux stratosphériques, jusqu'à 70 milliards d'euros par an en 2030 contre 50 milliards actuellement.

Un déficit à 1,7% en 2027, sans prévision de croissance

Le candidat de Reconquête promet également de réduire le déficit public à 1,7% du PIB en 2027 en repassant sous le seuil des 3% dès 2025. Pour rappel, le déficit public à la fin de l'année 2021 était de 6,5% du produit intérieur brut. Le polémiste prévoit ainsi de réduire drastiquement le solde des comptes publics de cinq points durant son mandat sans afficher un objectif de croissance économique dans son chiffrage.

« Ce programme n'est pas là pour gagner les prochaines élections mais pour sauver les prochaines générations », a déclaré Eric Zemmour qui revendique le « sérieux budgétaire » sur son site. En attendant, Marine Le Pen creuse l'écart avec son concurrent de l'extrême droite en espérant pouvoir encore se retrouver au second tour de la présidentielle.

Commentaires 4
à écrit le 08/04/2022 à 13:45
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Quell blague d'en faire un titre ! Et Mélenchon, et Macron, et Lepen, et Pécresse, ils n'en n'ont pas des flous persistants dans leur programme ??? quand ils en ont un !... En plus, on s'en fiche, puisque pas un ne le respectera !

à écrit le 08/04/2022 à 8:19
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Vous êtes injuste puisqu'il a dit plusieurs fois qu'il avait le même programme économique que notre président, donc vous n'avez qu'à regarder le programme économique de notre président, à savoir des larmes et du sang pour la classe productrice et vou...

à écrit le 07/04/2022 à 19:20
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D ou sort ils ces chiffres ? D un paquet bonux?… quel charlot… Bollore va être furieux!!! Il pourra toujours lui demander du cash fait sur le dos des Africains ….

à écrit le 07/04/2022 à 19:20
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D ou sort ils ces chiffres ? D un paquet bonux?… quel charlot… Bollore va être furieux!!! Il pourra toujours ce lui demander du cash fait sur le dos des Africains ….

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