La facture commence à devenir très salée pour les entreprises. En dépit du ralentissement de l'inflation ces derniers mois, les prix de l'énergie ont rebondi en France au mois de février. C'est d'ailleurs la seule composante de l'inflation à réaccélérer, selon les calculs de l'Insee dévoilés ce jeudi 29 février. Et cette remontée n'est pas vraiment une surprise. En effet, le gouvernement avait annoncé une hausse de 10% des prix de l'électricité à partir du premier février. Résultat, 71% des entreprises tricolores sont touchées par cette hausse, selon la dernière grande consultation des entrepreneurs réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI. Sur le total, 41% des répondants affirment même que l'impact de cette hausse est important et 30% que les conséquences seront faibles. À l'opposé, 28% déclarent qu'il n'y aura pas d'impact.
Déterminé à faire des économies, le gouvernement a annoncé un débranchement progressif du bouclier tarifaire lors de la présentation du budget 2024 à l'automne dernier. Cette extinction du bouclier tarifaire et des mesures d'aides pour amortir le choc de l'énergie amputerait la croissance de 0,3 point en 2024 selon les calculs de l'Observatoire français de conjoncture économique (OFCE). Le ralentissement général des prix prévu en 2024 pourrait redonner du souffle aux entreprises et aux ménages. Mais rien n'est sûr au regard des dernières prévisions de l'Insee. La croissance devrait osciller entre 0,1% et 0,2% au cours du premier semestre.
L'industrie en première ligne
Derrière cette moyenne, il existe de fortes disparités entre les secteurs. En première ligne face à la crise énergétique, l'industrie tricolore risque de payer un lourd tribut. Près de 85% des dirigeants du secteur indiquent que cette augmentation aura des répercussions sur leur entreprise. Dans le commerce, cette proportion est légèrement moindre (82%).
Quant aux services (66%) et à la construction (55%), les dirigeants sont moins affectés que dans l'industrie. Mais cela risque toutefois de fragiliser les constructeurs déjà frappés par une violente crise. Par taille d'entreprise, ce sont les établissements de plus de 50 salariés qui sont le plus exposés (82%). A l'opposé, les petites entreprises semblent plus épargnées (67%).
Seules 9% des entreprises ont demandé un report de leur PGE
Le coup de frein de l'économie et la brutale remontée des taux d'intérêt depuis l'été 2022 avait suscité des craintes dans les milieux économiques. Pressées par le durcissement des conditions financières, les entreprises auraient pu se retrouver en difficulté pour rembourser leur prêt garanti par l'Etat (PGE) contracté pendant la pandémie.
En réalité, assez peu d'entreprises (9%) ont demandé un report de remboursement de ces prêts. Sur le total des entreprises qui ont sollicité ce mécanisme, 88% ont prévu de rembourser à la date initialement prévue. Et 16% ignoraient qu'un nouveau délai était possible. Interrogé récemment par La Tribune en marge d'un événement à Bercy, le médiateur des entreprises Pierre Pelouzet n'avait pas exprimé d'inquiétude particulière sur ce dossier.
Le moral des dirigeants baisse très légèrement
Le moral des dirigeants a très légèrement reculé (-1 point) entre janvier et février. L'indicateur qui prend en compte la confiance à l'égard de la situation économique s'est établi à 86 points contre 87 points en début d'année. Après avoir atteint un point bas en décembre à 77, cet indice gagne du terrain mais il est encore loin d'avoir retrouvé les niveaux d'avant guerre en Ukraine supérieurs à 100 points.
S'agissant du contexte actuel, 37% affirment que « c'est très bien en ce moment », soit 3 points de moins qu'en janvier. Sur les perspectives, les répondants sont 27% à penser que « ce sera mieux demain », soit 3 points de plus qu'en janvier. Enfin sur l'avenir de leur entreprise, ils sont 73% à être confiants en février. C'est 4 points de plus qu'en janvier. Reste à savoir si l'économie tricolore va réussir à redémarrer après une année 2023 au ralenti.
(*) Étude réalisée auprès d'un échantillon de 1.012 dirigeants d'entreprises comptant au moins un salarié. Les chefs d'entreprise ont été interrogés du 8 au 16 février dernier par téléphone. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.