Prix des carburants : pour aider les pêcheurs, le gouvernement promeut le biocarburant

Face à l’appel à l’aide des pécheurs qui alertent sur un prix du carburant qui menace leur activité, le secrétaire d’Etat à la Mer, Hervé Berville, propose d’utiliser plus de biocarburant dans les bateaux afin de réduire de 13 centimes par litre les prix à la pompe. Une solution insuffisante selon les pêcheurs.
Les prix élevés du carburants sont vus comme un « cataclysme » par les professionnels de la pêche.
Les prix élevés du carburants sont vus comme un « cataclysme » par les professionnels de la pêche. (Crédits : D.R)

Avec les pêcheurs, le gouvernement veut faire d'une pierre deux coups : baisser les prix à la pompe, et verdir leurs bateaux.

 Appelé à l'aide par les professionnels du secteur, qui qualifient de « cataclysme » les prix élevés du carburants depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 et accuse l'Etat de « désengagement », le secrétaire d'Etat à la Mer, Hervé Berville, a annoncé ce vendredi un « plan de transition énergétique de la flotte de pêche », à l'occasion des assises de la pêche à Nice.

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Hervé Berville a détaillé ce « plan de transition énergétique de la flotte qui doit être un véritable partenariat public-privé avec trois piliers » : le « verdissement du carburant maritime », la « réduction de la dépendance de nos navires au pétrole » et « l'adaptation des infrastructures portuaires ».

13 centimes d'économie par litre de carburant

« Sur le premier point, nous travaillons depuis plusieurs mois au verdissement du carburant maritime. Avec le PDG du groupe TotalEnergies nous nous sommes mis d'accord, pour que le gazole pêche soit plus vert en incorporant une part importante de biocarburant », a-t-il indiqué.

En utilisant 7,5% de biocarburant dans les bateaux de pêche, une quantité « disponible » en France, selon le secrétaire d'Etat, les pêcheurs auront « pour premier bénéfice une réduction à la pompe de 13 centimes (par litre) pour tous les navires de pêche, tant que les prix seront élevés », a déclaré Hervé Berville, sans préciser le calendrier de mise en oeuvre de cette mesure. Cette adjonction « ne nécessite pas d'adaptation des moteurs » des navires, mais « nécessite des investissements dans les stations », a précisé le cabinet du ministre.

Comment l'Etat peut assurer une telle réduction du prix à la pompe ? En demandant à l'énergéticien français de prendre sur ses marges pour assurer une baisse des prix au litre. TotalEnergies assure en effet l'approvisionnement des « deux tiers de la vente du carburant marin » en France, et du biocarburant.


Les pêcheurs attendent une réponse plus importante

Pour les pêcheurs, cette annonce est une « déception ». Ils exigent davantage d'aides publiques, en regrettant que l'aide de 20 centimes par litre de gazole qui leur était jusqu'à présent accordée prenne fin le 15 octobre alors même que le poisson se vend à des prix historiquement bas. Les mesures, reconduites à plusieurs reprises pour un montant total de 75 millions d'euros, avaient été prises en mars 2022 pour les aider.

La nouvelle solution du gouvernement pour économiser 13 centimes par litre est donc loin de satisfaire la profession. Avant même la fin de son discours, les pêcheurs ont quitté la salle en silence, le président du comité national des pêches Olivier le Nezet estimant que « le compte n'y est pas ».

Jugeant le plan du ministre « intéressant sur le moyen et le long terme », Olivier Le Nezet a toutefois souligné que de nombreuses entreprises de pêche exigeaient des réponses à « court terme voire en urgence extrême ».

« Nous allons devoir nous expliquer avec le ministre et surtout, lui va devoir nous expliquer son plan, qui aujourd'hui n'en est pas un. Les 13 centimes ne permettront pas aux entreprises de continuer leur activité », a déclaré Olivier le Nezet devant la presse.

Confrontée à une crise qui frappe « tout le monde », pêcheurs, mareyeurs ou distributeurs, « la filière ne s'en remettra que si l'Etat propose des solutions qui permettent de maintenir l'activité », a-t-il alerté en précisant que « les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de la crise que traverse depuis des années la filière, celle du Covid, du Brexit, de l'énergie » tout en appelant à rencontrer le « chef de l'Etat » pour discuter de la situation avec lui.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 22/09/2023 à 18:51
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Bonjour, le rabais sur le carburant n'est plus acceptable, le prix reste le prix... ils faut arrêter de faire payer au plus grand nombreux, des avantages économique pour une minorités....

à écrit le 22/09/2023 à 16:05
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13 centimes alors que le prix de l'essence a doublé en moins de deux ans... "Cela me rappellle un sketch de Coluche après la crise de 73:"Si vous avez besoin de quelque chose, dites le nous nous vous dirons comment vous en passer !". 50 ans après rie...

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