Rachat d'actions : Le Maire met la pression sur les entreprises et réclame de « donner plus aux salariés »

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé ce mardi que les entreprises pratiquant le rachat d'actions devront rouvrir leurs accords d'intéressement et de participation.
« Quand une entreprise a de quoi racheter des actions, elle sera obligée de rouvrir les accords d'intéressement et de participation et de donner plus aux salariés », a affirmé le ministre Bruno Le Maire.
« Quand une entreprise a de quoi racheter des actions, elle sera obligée de rouvrir les accords d'intéressement et de participation et de donner plus aux salariés », a affirmé le ministre Bruno Le Maire. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Le rachat d'actions, cette pratique qui consiste pour une entreprise à racheter ses propres actions sur le marché, est dans le viseur du gouvernement. Dans l'optique d'un meilleur partage de la valeur, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a annoncé ce mardi que les entreprises rachetant leurs propres titres devront parallèlement rouvrir leurs accords d'intéressement. Objectif affiché, « donner plus aux salariés », a-t-il insisté, en amont du débat budgétaire en séance publique à l'Assemblée. Le ministre a observé que cette opération pourrait passer par de la « distribution d'actions gratuites » notamment.

« Quand une entreprise a de quoi racheter des actions, elle sera obligée de rouvrir les accords d'intéressement et de participation et de donner plus aux salariés », a affirmé le ministre au micro de BFM Business, « avec toujours la même logique : le travail doit payer ».

« Vous avez les moyens de faire du rachat d'actions, donc vous avez les moyens d'augmenter vos salariés », a-t-il ajouté, assurant que « la justice, c'est pour tous et tout le temps ».

Lire aussiLe gouvernement repart à la charge contre la pratique des rachats d'actions

Une pratique déjà pointée du doigt

Le MoDem a plaidé pour taxer davantage les opérations de rachats d'actions de grandes entreprises lors d'un amendement déposé début octobre au projet de loi de finances 2024. Jean-Paul Mattei a souligné que « les rachats d'actions ont considérablement augmenté en France et à l'international ces dernières années et ont quasi doublé sur un an ». Le problème étant que ces opérations « servent en grande partie des objectifs de court terme », à savoir « rémunérer les actionnaires en complément du versement de dividendes, soutenir le cours de la bourse ou encore augmenter le bénéfice par action », a-t-il renchéri.

Mais cette mesure a divisé la majorité. Jean-René Cazeneuve (Renaissance) s'y est opposé, soulignant que le rachat d'actions n'est pas une pratique « condamnable ». « Ce qui est important pour nous, c'est le partage de la valeur. J'espère que le gouvernement viendra dans l'hémicycle avec une proposition de taxation » limitée aux entreprises qui ne « feraient pas ce partage de la valeur », a-t-il glissé. C'est désormais chose faite.

Des points du CIR ajustés ?

Interrogé sur la baisse des allègements de charges employeur sur les salaires compris entre 2,5 et 3,5 SMIC, réclamée par certains parlementaires, Bruno Le Maire a rappelé que « les allègements de charges ça marche, on a créé deux millions d'emploi grâce à cela » depuis 2017. Mais il a remarqué que le coût de ces allègements a fortement augmenté pour l'Etat cette année, alors que le Smic est indexé sur l'inflation et que l'inflation est très élevée.

« Certains parlementaires de la majorité ont dit "il faut peut-être geler cette indexation entre 2,5 et 3,5 Smic", pourquoi pas », a-t-il ajouté, n'excluant pas que cela puisse passer par la fixation d'un salaire brut maximal au-delà duquel il n'y aurait plus d'allègement. « C'est une option pour éviter qu'il y ait une envolée du coût pour l'Etat », a-t-il ajouté.

Enfin, le locataire de Bercy a estimé qu'il y avait « ici ou là » des points du crédit impôt recherche (CIR) qui mériteraient d'être ajustés. « On peut faire des ajustements sans que ce soit un drame et sans que ça change la politique économique de fond du gouvernement », a-t-il estimé.

Alors que toutes ces mesures risquent de déplaire au patronat, Bruno Le Maire a réitéré l'engagement du gouvernement dans la politique de l'offre. Il a affirmé que « les chefs d'entreprises peuvent avoir une confiance totale dans la ligne économique défendue par le Président de la République, la Première ministre et le ministre de l'Economie et des Finances ».

Il a souligné aussi que les entreprises bénéficieraient en 2024 de « la seule baisse d'impôt significative » du budget, celle d'un milliard d'euros de la CVAE, un impôt de production. Le gouvernement avait néanmoins promis initialement de supprimer totalement la CVAE en 2024, pour un coût de quatre milliards d'euros.

Commentaires 8
à écrit le 17/10/2023 à 22:24
Signaler
Rassurez-moi: c'est une blague, ce Le Maire de Bercy postulant au poste de patron d'un syndicat de salariés? Pas claire, cette suggestion de faire payer par les entreprises la radinerie du gouvernement. Où est l'entonnoir qui coiffait Michel Debré? (...

le 17/10/2023 à 23:16
Signaler
La radinerie du gouvernement sur le plan des entreprises du CAC 40? Si c'est le cas du message, alors ce serait le plus gros gag jamais lu sur ce site. Son petit effet de langage est juste un écran de fumée.

à écrit le 17/10/2023 à 22:20
Signaler
Les théories @ Adieu BCE sont toujours autant puériles. Entre avril et juin 2023, d’après un recensement du gestionnaire d’actifs Janus Henderson, les 1 200 plus importantes entreprises mondiales cotées en bourse ont redistribué 568.1 milliards de do...

à écrit le 17/10/2023 à 18:18
Signaler
La politique des rachats d'actions propres reste dénoncée depuis neuf ans - comme étant le synonyme de profits sans prospérité ("profits without prosperity") - par l'économiste canadien William Lazonic dans la publication "Harvard Business Review" de...

le 17/10/2023 à 18:41
Signaler
Si, il y avait une vraie neutralité fiscale, au lieu de racheter des actions les entreprises distribueraient des dividendes et les actionnaires pourrait réinvestir l'argent à leur grè où il y a plus d'opportunités. Le fait que les entreprises ne soi...

à écrit le 17/10/2023 à 18:04
Signaler
Par retour lors d'une augmentation de capital, il faudra diminuer le salaire des collaborateurs c'est ça?

à écrit le 17/10/2023 à 18:04
Signaler
Raymond et Bruno sont sur la même ligne: ils n'aiment pas les le rachats d'actions. Les entreprises qui choisissent le rachat d'actions le font pour deux raisons: 1) les investissements envisageables ne sont pas aussi rentables que les capitaux actu...

le 17/10/2023 à 21:09
Signaler
"serait plus pénalisant " en quoi ? quant aux actionnaires qui perçoivent des dividendes il bénéficient de la flat tax cadeau de Macron !!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.