Retraites : les syndicats rappellent leur opposition à la réforme et espèrent toujours son abrogation

Reçus mardi et mercredi à Matignon, les syndicats ont mis sur la table les sujets sur lesquels ils jugent urgent d'avancer. Ils ont profité de ces entrevues individuelles avec la Première ministre pour lui rappeler leur opposition « déterminée » à la réforme des retraites, qu'ils espèrent encore voir abroger grâce au vote de la proposition de loi du groupe Liot début juin.
Les syndicats présenteront leurs revendications communes le 30 mai, avant une 14e journée de mobilisation le 6 juin.
Les syndicats présenteront leurs revendications communes le 30 mai, avant une 14e journée de mobilisation le 6 juin. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Après Force ouvrière et la CFDT mardi, les trois autres syndicats - CFE-CGC, CFTC et CGT - se succèdent ce mercredi à Matignon pour rencontrer Élisabeth Borne. Une première depuis la promulgation de la très contestée réforme des retraites. « On ne tourne pas la page », a asséné le président de la CFTC, Cyril Chabanier. Les syndicats n'ont « pas baissé les armes », a également souligné François Hommeril, président de la CFE-CGC, le syndicat des cadres.

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Les échanges ont démarré mardi avec le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Il a déroulé à la Première ministre ses propositions sur les conditions de travail, les salaires, la prévoyance. « Des sujets sur lesquels les travailleurs ne peuvent pas attendre » selon lui, prévenant : « On ne se contentera pas de mesurettes ». Son homologue de FO, Frédéric Souillot, s'est montré plus intransigeant. « On a parlé de nos revendications », notamment sur les salaires, mais « nous n'avons pas accepté de calendrier » de négociations sur d'autres sujets que les retraites, a-t-il dit, avec cette formule : « On a ouvert le bal, mais on n'a pas dansé ».

Rétablir la confiance

Le bal s'est poursuivi ce mercredi avec le président de la CFE-CGC, premier à être reçu par la Première ministre en fin de matinée. François Hommeril a dit ne pas faire du retrait de la réforme un préalable à cette « reprise de contact » avec la cheffe du gouvernement, même si les organisations syndicales n'ont « plus confiance », estimant avoir été « trahies » sur ce dossier.

François Hommeril a évoqué « trois pistes pour restaurer la confiance ». La première est la révision des ordonnances travail, dont il a fait un « préalable ». La CFE-CGC attend que le gouvernement rouvre ce dossier, faute de quoi elle estimera qu'il est de « mauvaise foi ». Reste que, « à aucun moment Elisabeth Borne n'a laissé paraître qu'elle serait ouverte à rouvrir le dossier, c'est un problème », a-t-il noté, alors que le président de la République s'est de nouveau félicité la semaine dernière de ces ordonnances.

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Deuxième point, la dégressivité des allocations chômage, et leur modulation en fonction de la conjoncture économique. Selon François Hommeril, la Première ministre envisagerait de « laisser les partenaires sociaux revenir » sur ces mesures dans le cadre des négociations qu'ils doivent ouvrir sur l'assurance chômage. Enfin, François Hommeril a aussi dit attendre du gouvernement qu'il reprenne sa place d' « arbitre » dans les discussions entre le patronat et les syndicats, alors que le gouvernement fait « depuis plusieurs années » le choix d' « avantager la position du patronat ».

Une Première ministre « ouverte » sur certains sujets

Les discussions se poursuivaient à la mi-journée avec le président de la CFTC, Cyril Chabanier. Il souhaite que toute hausse du premier niveau de la grille salariale se traduise par une augmentation identique des niveaux supérieurs, jusqu'à au moins 1,6 Smic. Le syndicat prône également l'instauration d'un système de prévoyance pour tous les salariés.

Selon Cyril Chabanier, Élisabeth Borne s'est montrée ouverte à la discussion sur la prévoyance, la conditionnalité des aides publiques aux entreprises, la révision des grilles salariales, l'ouverture d'une négociation sur la hausse du point d'indice, l'emploi des seniors - même si elle a parfois renvoyé ces sujets à la discussion entre partenaires sociaux. « On jugera sur les actes », a-t-il prévenu.

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La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a quant à elle rendez-vous à 17 heures. Cette dernière a indiqué sur France Inter ce mercredi matin qu'elle parlerait « des exigences des salariés, du retrait de la réforme des retraites, des augmentations de salaire et de la conditionnalité des aides publiques ».

Le vote de la proposition de loi du groupe Liot très attendu

Les syndicats ont aussi indiqué à la Première ministre qu'ils soutenaient la proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme des retraites. Elle doit, en théorie, être examinée le 8 juin. « On espère qu'il y aura enfin un vote », a fait savoir François Hommeril, alors que la majorité manœuvre pour l'éviter.

Sophie Binet a, elle aussi, évoqué la proposition de loi du groupe Liot. La nouvelle patronne de la CGT a estimé qu'il serait « gravissime que les députés soient encore une fois empêchés de voter sur cette réforme ». Un avis partagé par Laurent Berger qui a estimé qu'il « serait inacceptable (qu'elle) ne soit pas examinée ». Les syndicats présenteront leurs revendications communes le 30 mai, avant une 14e journée de mobilisation le 6 juin.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 18/05/2023 à 9:25
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Dans 10 ans, il faudra constater que les syndicats auront été à l'origine de la destruction du régime de retraite par répartition. Évidemment, ceux qui en patiront le plus seront les classes sociales les moins aisées....qui devront travailler bien au...

à écrit le 17/05/2023 à 18:57
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La retraite à 65 ans ne marchait pas si mal, du temps de la génération précédente. Au lieu d'amener l'âge de 60 à 64 ans (???), de façon peu démocratique, il eut été préférable de négocier (au lieu d'imposer) une transition sur plusieurs années vers...

à écrit le 17/05/2023 à 17:44
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Que de perte de temps à écouter les directives de Bruxelles plutôt que le peuple qui a voulu lui faire confiance ! ;-)

le 19/05/2023 à 13:43
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Écouter le peuple ? Sur un sujet pareil, les retraites, le peuple ne veut pas se faire violence en continuant de bosser deux ou trois ans de plus. Maintenant pour boucler le financement et faire que ce ne soient pas de « petites retraites », on lui a...

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