En dépit d'une sévère défaite de la majorité aux élections régionales du dimanche 27 juin et d'une abstention historique, le président de la République persiste dans sa volonté de poursuivre son programme de réformes. Emmanuel Macron a prévu de vanter les différents chantiers menés depuis le début du quinquennat devant un aéropage de grands patrons invités en grande pompe aux château de Versailles à l'occasion de la quatrième édition du sommet Choose France lundi 28 juin.
Le président entend mettre l'accent sur l'attractivité économique du territoire française et la baisse des impôts menées depuis le début du quinquennat en montrant que la politique de l'offre est efficace. "Toute la politique économique qui a été menée depuis le début de mandat est cohérente et on continue à creuser le sillon avec le plan de relance politique de soutien à l'offre qui est favorable aux entreprises" assurent les conseillers du locataire de l'Elysée .
Pourtant, le calendrier de la fin du quinquennat est relativement serré pour mener à bien de telles réformes. En effet, la campagne présidentielle qui approche à grand pas va contraindre la majorité à agir dans la précipitation. Or ces mesures impopulaires risquent de mettre l'exécutif en danger à quelques mois d'un scrutin décisif. En outre, même si la situation sanitaire s'est grandement améliorée ces dernières semaines, la progression du variant Delta est scrutée par les autorités sanitaires.
L'explosive réforme des retraites remise sur la table
Le dossier explosif des retraites est revenu au centre des débats depuis un déplacement d'Emmanuel Macron dans le Lot au début du mois de juin. Le chef de l'Etat avait alimenté les spéculations en réaffirmant qu'il allait prendre des décisions "difficiles" pour que la dernière année du quinquennat soit "utile" selon des propos rapportés par l'Agence France Presse (AFP). Tout au long de ces quatre dernières semaines, plusieurs membres du gouvernement et de la majorité ont distillé des éléments de langage dans la presse alimentant les discussions sur ce dossier.
En outre, l'ancien chef économiste du Fonds monétaire internationale Olivier Blanchard et le récipiendaire du prix d'économie en hommage à Alfred Nobel Jean Tirole ont consacré une large part de leur copieux rapport remis à Emmanuel Macron la semaine dernière à la réforme des retraites.
"Le système existant a un certain nombre de défauts comme le manque de transparence, le système d'indexation. La France peut faire beaucoup mieux. La réforme des retraites mise sur la table est proche de nos propositions" a indiqué Olivier Blanchard lors d'un échange récent avec des journalistes. Réforme systémique, changements de paramètres (âge, durée de cotisation..)
A ce stade, il est encore difficile de connaître les orientations véritables du gouvernement. Surtout, l'exécutif sait très bien qu'il avance en terrain miné. La plupart des partenaires sociaux ont répété leurs oppositions à cette réforme et le patronat par la voix de Geoffroy Roux de Bézieux a également fait savoir qu'il était récalcitrant pour mener ce chantier à terme avant la fin du quinquennat.
Assurance-chômage : le gouvernement persiste
Après l'échec des négociations entre les partenaires sociaux à l'hiver 2019, le gouvernement avait repris la main sur la réforme décriée de l'assurance-chômage. Au coeur de l'été, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe et l'ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud avaient fait passer par décret la réforme de ce système assurantiel quelques mois avant le début de la pandémie.
Près de deux ans après cette séquence, le gouvernement entend bien mener cette réforme jusqu'au bout malgré la récente décision du Conseil d'Etat de suspendre les modalités de calcul du salaire journalier de référence (SJR) qui devaient entrer en vigueur à partir du premier juillet.
"Les incertitudes sur la situation économique ne permettent pas de mettre en place, à cette date, ces nouvelles règles qui sont censées favoriser la stabilité de l'emploi en rendant moins favorable l'indemnisation du chômage des salariés ayant alterné contrats courts et inactivité" a expliqué la plus haute juridiction française dans un communiqué.
De son, côté, le ministère du Travail a annoncé que cette décision "ne remettait pas en cause la réforme". En attendant, le juge des référés compétent pour intervenir sur des sujets urgents ne s'est pas encore prononcé sur le fond de la réforme. Interrogé par La Tribune, le Conseil d'Etat ne connaît pas encore le calendrier concernant la date d'audience et la décision sur le fond.