Reprise, transition écologique, emploi... le carton jaune de l'OCDE à la France

L'OCDE a révisé ses prévisions de croissance du PIB pour la France de 0,5 point, passant de 6,3% à 6,8% en 2021. En dépit de ces perspectives plus favorables, les économistes dressent un bilan peu reluisant de la France en matière de transition écologique et d'emploi.
Grégoire Normand
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le secrétaire général de l'OCDE Mathias Cormann lors d'un point presse ce jeudi 18 novembre à Bercy.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le secrétaire général de l'OCDE Mathias Cormann lors d'un point presse ce jeudi 18 novembre à Bercy. (Crédits : Reuters)

Pandémie, rebond économique, transition écologique... dans un épais rapport remis à Bercy ce jeudi 18 novembre, le secrétaire général de l'OCDE Mathias Cormann a dressé les défis gigantesques de l'économie post-Covid. Après près deux ans de crise sanitaire mondiale, l'économie française a retrouvé des couleurs. La plupart des instituts de prévision ont revu à la hausse leurs chiffres de croissance pour 2021 supérieurs à 6%.  "Le soutien public pendant la crise a été impressionnant et très efficace. D'après nos dernières prévisions, la croissance devrait atteindre 6,8% en 2021 et 4,2% en 2022. Les mesures d'urgence ont permis à la France de protéger son capital industriel et humain. Avec une reprise économique forte, le soutien budgétaire doit devenir plus ciblé. Le plan de relance et France 2030 constitue une opportunité unique. Les 134 milliards d'euros doivent soutenir le numérique et la transition écologique" a déclaré le responsable de l'organisation lors d'un point presse au ministère des Finances.

Pour autant, même si la plupart des clignotants économiques sont au vert, de nombreux nuages planent sur la reprise économique à commencer par l'accélération des contaminations en France, en Allemagne ou au Royaume-Uni. "Trois risques pèsent sur la croissance française. Le premier est le retour de la pandémie. Le second risque est le manque de main d'oeuvre. Le troisième risque est l'inflation. L'inflation est transitoire en France et en Europe. Elle est d'abord tirée par les prix de l'énergie et à la vigueur de la relance" a de son côté affirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. A cinq mois de l'élection présidentielle, le scénario d'une trajectoire économique sans tumulte est loin d'être gagné.

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Transition écologique : le coup de pression de l'OCDE à la France

Alors que la COP 26 de Glasgow vient de s'achever, les économistes de l'OCDE tirent un bilan sévère de la France en matière de transition écologique. Tandis que les différents gouvernements tricolores depuis plusieurs décennies se présentent en défenseur de l'environnement et vantent les faibles émissions de CO2 de l'économie tricolore, les experts de l'institution internationale portent un tout autre regard dans un chapitre important à l'intérieur de ce copieux dossier. "Malgré tous les efforts entrepris depuis plusieurs années, la France se situe encore en deçà de ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, d'augmentation de la sobriété énergétique, de diversification de son mix électrique, et de meilleure préservation de la biodiversité" pointe l'OCDE.

"ll y a un problème de plus en plus urgent. L'impact sur le PIB et la croissance potentielle serait significativement négatif. La France a fait des efforts en matière de gouvernance sur la transition écologique. Malgré tous ses efforts, l'écart entre les objectifs et les résultats montre un retard de la France. Elle doit donc accélérer son rythme de réduction des émissions. Trois secteurs représentent 60% des émissions. Il s'agit des transports, le bâtiment et l'agriculture" a expliqué l'économiste de l'OCDE Priscilla Fialho lors d'une réunion organisée par France Stratégie ce jeudi après-midi.  Les auteurs de l'étude de plus de 150 pages remise à Bercy insistent en particulier sur le rythme de réduction des émissions carbone jugé "insuffisant" pour atteindre les objectifs européens en 2030 et en 2050. A cela s'ajoute la hausse de l'empreinte carbone de l'Hexagone qui prend en compte les émissions de dioxyde de carbone importées.

Face à ce retard, les experts du château de la Muette, le siège de l'OCDE à Paris, ont exprimé plusieurs recommandations. Ils mettent particulièrement l'accent sur la hausse des investissements verts dans le secteur privé et la fin des niches fiscales et des exonérations sur les produits les plus polluants. Afin de réduire le risque d'explosion sociale et de soutenir les entreprises les plus exposées, ils recommandent "la mise en place de dispositifs d'aide à l'achat généreux et ciblés, pour favoriser l'acquisition d'équipements moins polluants". Outre ces suggestions, ils préconisent de limiter la demande croissante de transport, améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments et augmenter la production d'énergies renouvelables.

"Il faut renforcer les instruments de marché et la fiscalité environnementale pour modifier les comportements des ménages et des entreprises. Même si la fiscalité du carbone peut avoir des effets régressifs, elle fait preuve d'efficacité. Il y a beaucoup d'exonérations fiscale sur le gazole non routier par exemple. La fiscalité environnementale est très peu acceptée. Il faut donc utiliser les autres instruments comme les normes ou les aides à l'achat" a indiqué Priscilla Fialho.

L'emploi des jeunes et des seniors au coeur des préoccupations

Enfin, la reprise économique est loin d'avoir mis fin au chômage des jeunes et des seniors en France. "Le taux d'emploi des jeunes et des plus âgés est plus faible en France que dans la moyenne des pays de l'OCDE" a rappelé l'économiste Antoine Goujard. Si l'annonce de la garantie jeune a été saluée, elle sera loin d'être suffisante pour améliorer l'accès des jeunes au marché du travail. "Le contrat d'engagement jeune est une étape importante pour développer l'apprentissage et l'intégration dans le milieu professionnel" a souligné Mathias Cormann. "Le plan de réduction des tensions de recrutement, annoncé en 2021, est bienvenu. Même avant la crise, la transition des jeunes vers le monde du travail était difficile. L'extension prévue du dispositif de garantie jeune devra associer une allocation monétaire pour ceux qui en ont besoin, un accompagnement renforcé en matière d'insertion professionnelle et des procédures simplifiées", recommandent les auteurs du rapport. Autant dire que le chantier est colossal.

Grégoire Normand
Commentaires 5
à écrit le 19/11/2021 à 8:39
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Ben pourtant les médias français n'arrêtent pas de nous dire que nous battons des records d'emplois !? Nous mentirait on ? Ben ça alors quelle surprise... ^^

le 19/11/2021 à 23:45
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Perfide

à écrit le 18/11/2021 à 19:56
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apres negociation sociale reenchantee, le carton est jaune et pas rouge.........moi, ce pays de socialistes minables qui nivelle tout par le bas et finira comme le venezuela et 95% de la population sous 2 euros par jour ' ce qui reduit les inegalites...

à écrit le 18/11/2021 à 18:30
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Tout à fait d'accord avec vous. Merci pour ce commentaire dont la positivité fait plaisir.

à écrit le 18/11/2021 à 18:09
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La France est en pointe en matière de transition écologique : parmi les pays développés ayant les plus faibles émissions de GES par habitant, avec Suisse et Suède (émission seraient encore plus basses si l’activité de construction était aussi faibl...

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