L'inflation a continué d'accélérer en France en octobre, l'inquiétude monte dans d'autres Etats

Les prix à la consommation ont progressé de 2,6% sur un an au mois d'octobre, après 2,2% en septembre, a confirmé l'Insee. Cette hausse persistante des prix n'inquiète pour l'instant pas la Bourse de Paris mais à Bruxelles, on craint de ne pas faire "dérailler la reprise."
Dans le détail, les prix du tabac ont eux augmenté au même rythme qu'en septembre (+4,8%), note l'Insee.
Dans le détail, les prix du tabac ont eux augmenté au même rythme qu'en septembre (+4,8%), note l'Insee. (Crédits : Regis Duvignau)

Les acteurs du monde économique commencent à tomber d'accord : l'inflation auparavant annoncée comme "temporaire" devrait durer plus longtemps que prévu. Aussi, l'Insee a confirmé mardi son estimation provisoire, avec un indice des prix à la consommation en hausse de 2,6% sur un an au mois d'octobre dans l'Hexagone. Avec les problèmes d'approvisionnement, le spectre de l'inflation, capable de faire reculer le pouvoir d'achat et la croissance - tous deux nécessaires pour financer les plans de relance et l'Etat -, pourrait planer jusqu'à la fin 2022, a récemment concédé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Sur un mois, l'inflation atteint 0,4%, après -0,2% en septembre (+2,2%), confirme encore l'Insee. La hausse a été une nouvelle fois tirée par les prix de l'énergie. "Cette hausse de l'inflation résulte d'une accélération des prix de l'énergie (+20,2% après +14,9% en septembre) et des services (+1,8% après +1,4%)", détaille l'Institut national de la statistique dans un communiqué.

Cette hausse persistante des prix n'inquiète pas davantage pour l'instant la Bourse de Paris et les places européennes. Mardi matin, le CAC 40 évoluait en hausse de 0,22%, désormais bien au-delà de son pallier record des 7.000 points (7.144 points).

"Les investisseurs sont apparemment à l'aise avec l'idée de hausses de taux directeurs modestes" de la part des Banques centrales afin de lutter contre l'inflation aux Etats-Unis, en Europe, ou en Chine, observe Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Dans le détail, les prix du tabac ont eux augmenté au même rythme qu'en septembre (+4,8%), tandis que ceux des produits manufacturés et de l'alimentation ont ralenti, à respectivement +0,3% et +0,7%.

L'inflation rend la BoE "très mal à l'aise", "un désastre" en Russie

Si cette hausse ne fait pas changer pour l'heure la Banque centrale européenne qui continue de donner des conditions optimales aux Etats pour financer la reprise, elle commence, a contrario, à inquiéter outre-Manche.

En Grande-Bretagne, le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Andrew Bailey a reconnu que l'inflation, qui a là-bas atteint 3,1% sur un an en septembre, le rendait "très mal à l'aise", et n'a pas exclu un relèvement des taux dès décembre.

L'exécutif européen estime, lui, que le rebond de l'inflation, tirée par l'explosion des cours du gaz, devrait peser sur la consommation et l'investissement. Mais il s'attend à ce que la hausse des prix se tasse l'an prochain à 2,2% après "un pic" à 2,4% cette année, selon un communiqué.

"Le tableau général reste positif, mais nous devons rester vigilants et agir si besoin pour que les vents contraires ne fassent pas dérailler la reprise", a déclaré le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, lors d'une conférence de presse jeudi 11 novembre.

En Allemagne, le taux de l'inflation se rapproche des 5% sur un an, un niveau inédit depuis 30 ans. Du coup la presse populaire tire à boulets rouges sur la Banque centrale européenne (BCE), dont la politique des taux maintenus au plus bas.

En Espagne, elle a aussi atteint 5,4% en octobre, selon l'Institut national de la statistique (INE).

En Russie, où l'inflation a atteint 8,1% sur un an, est qualifiée de "désastre" car elle appauvrit la population, a noté lundi la présidente de la Banque centrale, Elvira Nabioullina. "Une inflation élevée détruit vraiment la prospérité. Et quand on nous dit que (...) l'essentiel est de maintenir le taux d'intérêt bas pour que le crédit augmente partout, nous ne pouvons pas être d'accord avec cela", a-t-elle dit devant le législateur.

L'inquiétude ne risque enfin pas de s'apaiser dans les prochaines semaines. A l'aube de probables nouvelles mesures de restrictions, déjà décidées dans certains pays, le continent européen est en effet en proie à la cinquième vague du Covid-19 qui pourrait venir gripper les premiers effets de la reprise.

(Avec AFP)

Lire aussi 8 mnInflation : les gouvernements pris à leur propre piège

Commentaires 5
à écrit le 16/11/2021 à 12:01
Signaler
Ce n'est pas la fin du monde, 2 ou 3% à condition que l'économie tourne à plein régime. Le problème vient du coût exorbitant des carburants entretenus par les taxes qui comptent pour presque 75% du prix final payé par le consommateurs . Ceux qui ne p...

le 16/11/2021 à 17:20
Signaler
La facture est la même pour les entreprises à grosse consommation. Là aussi on va rire jaune !

le 17/11/2021 à 7:28
Signaler
L'état c'est qui ? L'état c'est vous !

à écrit le 16/11/2021 à 11:38
Signaler
2% d'inflation par an, c'est zéro inflation en fait : 2,6% d'inflation par an, c'est pas grand-chose. Pas de quoi en faire une thèse. Sauf dans les médias en mal de copie. Et les bistrots intellos parigots, qui fonctionnent à nouveau à plein pot, ...

le 16/11/2021 à 22:18
Signaler
2,6 = 0 : trop fort la comm LREM ! La vérité est que les plus pauvres morflent car il ne profitent pas de la hausse artificielle des actifs (bourse, immo) générée par les taux absurdes

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.