Salaires, égalité femmes-hommes... Plus de 6 mois après la bataille des retraites, 200.000 manifestants battent le pavé selon la CGT

Quelque 230 actions sont annoncées dans de nombreuses villes ce vendredi 13 octobre, mais les premières prévisions ne semblent pas dessiner un mouvement d'ampleur. L'intersyndicale espère toutefois remobiliser les troupes, trois jours avant la conférence sociale.
(Photo d'illustration).
(Photo d'illustration). (Crédits : ERIC GAILLARD)

[Article publié le vendredi 13 octobre 2023 à 06h57 et mis à jour à 17h39] Les syndicats toujours unis, plus de six mois après la bataille contre la réforme des retraites, se sont donnés rendez-vous partout en France ce vendredi 13 octobre, avec l'espoir de remobiliser les troupes à trois jours de la conférence sociale. L'intersyndicale met l'accent sur le pouvoir d'achat malmené par l'inflation. Elle juge « nécessaire (l')égalité femmes-hommes, l'augmentation des salaires, du Smic, des pensions, des minima sociaux et bourses d'études ».

« C'est le sujet numéro 1 de préoccupation des travailleurs », a insisté Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, ce vendredi au micro de France Info.

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« La mobilisation sera forte aujourd'hui, probablement pas au niveau de celles contre la réforme des retraites mais c'est normal, on a connu six mois de mobilisation historique », a reconnu vendredi la numéro un de la CGT Sophie Binet. « On ne peut pas battre des records de France tout le temps », a-t-elle plaidé en marge d'une conférence de presse de l'intersyndicale.

CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires et FSU, et des organisations de jeunesse - dont l'Unef, la Fage et la Fidl -, suivent un appel de la Confédération européenne des syndicats (CES). Des manifestations sont ainsi organisées en Italie, Belgique, Allemagne, Espagne, entre autres, avant un nouveau rendez-vous prévu le 13 décembre. Les huit syndicats représentatifs du public se joignent également au mouvement et rappellent dans un communiqué que « les dépenses publiques pour la fonction publique et ses personnels sont des investissements pour notre société et la population ».

Une plus faible mobilisation

Quelque 230 actions ont été annoncées dans de nombreuses villes, mais les premières mobilisations ne semblent pas dessiner un mouvement d'ampleur. Les premiers cortèges étaient de fait loin des niveaux de la mobilisation du printemps. A Marseille, ils étaient 10.000 selon la CGT, 2.100 selon la préfecture. A Toulouse, ils étaient 2.000 selon la préfecture et 15.000 selon les organisateurs.

À Montauban, il y avait entre 600 manifestants selon les organisateurs et 350 selon la police, entre 700 et 900 à Tarbes, entre 300 et 400 à Auch, entre 2.500 et 900 à Perpignan. Côté éducation, le ministère a fait état d'un taux de grévistes de 3,65% en moyenne chez les enseignants. Le musée du Louvre a été brièvement fermé.

La circulation des trains est légèrement perturbée ce vendredi sur certaines lignes régionales, pour lesquelles la SNCF invite les voyageurs à se renseigner région par région, mais le trafic est normal pour le TGV. En Ile-de-France, les perturbations concernent surtout les RER D et C avec deux trains sur trois, comme pour les lignes H, L, U et R du Transilien. A Paris, le réseau RATP (métro, bus et tramways) circule normalement.

Dans le ciel, 40% des vols seront annulés à Paris-Orly, deuxième aéroport français, 20% à Marseille-Provence et 15% à Beauvais (Oise), selon la Direction générale de l'Aviation civile. A Paris, le cortège s'élancera à 14 heures de la place d'Italie en direction de la place Vauban.

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Au total, 200.000 manifestants ont défilé dans tout le pays, dont 20.000 à Paris, selon la CGT, le chiffre des autorités n'étant pas encore disponible. Loin d'un raz-de-marée ou du million de manifestants atteint à plusieurs reprises en début d'année, selon les autorités, dans les cortèges contre la réforme des retraites qui a porté de 62 à 64 ans l'âge de départ.

La rue, un « tremplin »

Certains leaders syndicaux espèrent toutefois atteindre quelques centaines de milliers de manifestants pour peser, en début de semaine prochaine, dans les discussions avec la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne au cours de la conférence sociale organisée lundi au Cese (Conseil économique social et environnemental).

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Les syndicats plaideront de nouveau la hausse des salaires et l'égalité entre les femmes et les hommes, notamment, au cours de cette conférence où seront abordés différents thèmes (minima de branches, temps partiels subis et exonérations). Ils réclament aussi une « conditionnalité des aides publiques aux entreprises », soit le maintien des exonérations de cotisations à condition que la branche n'ait pas de minima en dessous du salaire minimum. Mais certains craignent qu'il n'y ait « pas beaucoup de propositions effectives ».

Cette mobilisation dans la rue doit servir de « tremplin », a plaidé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. « Les attentes sont extrêmement fortes de la part du monde du travail », a détaillé la leader de la CFDT, Marylise Léon, estimant que « sur le plan social la situation demeure inquiétante ».

« La question du pouvoir d'achat est la priorité avec une inflation qui affole les compteurs » tandis que « de nombreuses personnes basculent dans la pauvreté », s'est-elle alarmée. Selon des sources policières, les « gilets jaunes », qui célébreront mi-novembre leur 5e anniversaire, ne devraient pas se mêler au cortège syndical vendredi. « La mouvance radicale, dont les anciens gilets jaunes, devrait se réserver pour la journée du lendemain avec une mobilisation intitulée "flambée des colères" », selon une source policière interrogée par l'AFP.

« Lundi, on va parler salaires de l'entrée jusqu'au dessert », car « c'est avec la paye qu'on remplit le frigo », a aussi souligné vendredi sur France 2 Frédéric Souillot (FO), qui décidé à « mettre la pression » sur le gouvernement et le patronat.

Les médecins libéraux tirent le rideau ce vendredi

En ce « vendredi noir », généralistes et spécialistes libéraux sont appelés à fermer les cabinets, annuler les consultations et déprogrammer toutes les opérations prévues, hors urgences vitales. L'objectif est de « reporter » les patients vers l'hôpital public pour « montrer l'importance de la médecine libérale », quitte à provoquer « une crise sanitaire », a expliqué mardi Philippe Cuq, président du syndicat de chirurgiens Le Bloc et porte-parole d'une toute nouvelle « intersyndicale » qui réunit 12 organisations de professionnels ou futurs médecins.

Forte d'une unité « jamais vue » selon ses représentants, l'intersyndicale promet une mobilisation d'ampleur, « bien au-delà » des 10% de praticiens syndiqués en France. Cette fois les six syndicats représentatifs (Avenir Spé-Le Bloc, CSMF, MG France, FMF, SML, et UFML-S) ont décidé de faire front.

Première revendication : la reprise des négociations tarifaires avec l'Assurance maladie, avec « de vrais moyens » pour redonner du souffle au métier. L'échec l'an dernier d'une première tentative de négociation avait conduit à une revalorisation a minima de 1,50 euro de la consultation de base (26,50 euros pour le généraliste), qui entrera en vigueur le 1er novembre.

Tout le monde, gouvernement compris, juge insuffisante cette revalorisation. La dernière datait de 2017. Mais l'exécutif ne veut pas lâcher plus sans obtenir des médecins de nouveaux engagements servant ses objectifs, comme aider les Français à trouver un médecin, ou limiter la hausse de la consommation des médicaments.

L'intersyndicale fustige aussi la proposition de loi Valletoux sur « l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels », qui sera examinée fin octobre au Sénat. Ce texte, « bureaucratique » et « coercitif » selon les syndicats, vise à imposer aux médecins libéraux une forme de responsabilité territoriale. Les spécialistes en particulier redoutent d'être mobilisés pour assurer des gardes, voire d'être contraints d'aller les assurer à l'hôpital public.

Le budget de l'Assurance maladie prévu pour 2024 est enfin jugé « largement insuffisant » face à la crise que traverse le système de santé, entre vieillissement de la population et pénurie exponentielle de médecins.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 14/10/2023 à 8:42
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Les syndicats, combien de défaites pour pas une seule victoire ? On dirait vraiment qu'il font tout pour ça, ces gens qui bouffent à la même gamelle que ceux contre qui ils sont sensés revendiquer. Par ailleurs les gens voient leur pouvoir d'achat ch...

à écrit le 13/10/2023 à 13:42
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"Les syndicats toujours unis, plus de six mois après la bataille contre la réforme des retraites" Les mêmes déjà unis en 2022 pour appeler à voter Macron ,alors que la réforme des retraites était dans son programme.

à écrit le 13/10/2023 à 8:40
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Les manif ou grève ne plus servent à rien , ce qu il faut c est taper dans le porte monnaie des. Groupes de pression : grève de la consommation pendant 1-2-3 jours consécutifs çà sera plus efficace

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