Sans de réelles avancées, les agriculteurs se disent « prêts à repartir à l'action »

Alors que le Salon de l'agriculture doit se tenir dans un peu moins de deux semaines, les syndicats agricoles continuent de mettre la pression sur le gouvernement. Ainsi, « si d'ici 10 jours il ne devait pas y avoir ce travail de fond, on serait prêts à repartir à l'action », a notamment menacé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
Arnaud Rousseau, le président du syndicat majoritaire FNSEA.
Arnaud Rousseau, le président du syndicat majoritaire FNSEA. (Crédits : © ARNAUD FINISTRE/AFP)

[Article publié le mardi 12 février à 10h42 et mis à jour à 13h22]. Vers de nouveaux blocages juste avant le Salon de l'agriculture ? C'est en tout cas ce que le président du syndicat majoritaire FNSEA a laissé entendre ce mardi, si les mesures concrètes attendues du gouvernement n'étaient pas au rendez-vous d'ici l'événement phare du monde agricole.

« Les agriculteurs n'ont jamais désarmé. Tout le monde a dit : on est prêt à repartir si le travail réalisé n'est pas au niveau des attentes, qui sont très fortes », a notamment prévenu Arnaud Rousseau sur TF1, à quelques heures d'une réunion avec Gabriel Attal à Matignon. Ce dernier a dû faire face à cette crise juste après son entrée en fonction en tant que Premier ministre début janvier, alors même que l'ensemble de son gouvernement n'était pas constitué.

« On veut voir ce qui change dans nos fermes (...). Quand le gouvernement nous dit "on va travailler sur un grand plan élevage d'ici le salon" et qu'à 15 jours, on n'a pas de nouvelles... Si d'ici 10 jours il ne devait pas y avoir ce travail de fond, on serait prêts à repartir à l'action », a notamment insisté le président de la FNSEA.

Des mobilisations ont même eu lieu ce mardi, à l'image du coup d'éclat des producteurs de lait indépendants sur l'esplanade des Invalides avec une poignée de tracteurs, leur chef de file Adrien Lefevre promettant « d'autres moments forts de mobilisation ». Dans le même temps, une cinquantaine d'éleveurs se sont rassemblés devant Bercy, avec un mouton et deux brebis, pour se plaindre d'être « les grands oubliés de l'exception agricole ».

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Pression avant le Salon de l'agriculture

Le Premier ministre retrouve aujourd'hui à Matignon les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), dix jours après la levée des blocages. Il reçoit les dirigeants syndicaux à 16h30, selon Matignon, en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et de la nouvelle ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher.

« L'intérêt de cette rencontre avec le Premier ministre, c'est de pouvoir faire le point, de travailler à des mesures très concrètes, puisqu'on est à mi-chemin, après l'annonce de mesures d'urgence et (avant) le Salon de l'agriculture qui aura lieu dans onze jours », a affirmé Arnaud Rousseau.

De son côté, Emmanuel Macron recevra la Coordination rurale et la Confédération paysanne mercredi, avant la FNSEA et les Jeunes agriculteurs « la semaine prochaine ». Et ce, comme avant chaque Salon de l'agriculture, a précisé l'Elysée.

L'ouverture le 24 février de ce traditionnel rendez-vous entre la France des agriculteurs et le monde politique doit survenir alors que l'exécutif tente d'éviter la reprise d'un mouvement suspendu le 1er février après de nouvelles annonces du gouvernement. Celles-ci portent sur des sujets aussi divers que les pesticides, les retraites des exploitants ou encore la simplification des normes et des aides à l'élevage ou à l'agriculture bio. Les agriculteurs maintiennent la pression : « Il faut accélérer le tempo », a même déjà lancé lundi Arnaud Rousseau. Il a prévenu que la qualité de l'accueil du président de la République en dépendrait.

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Nombreux dossiers

Le gouvernement tente pourtant d'avancer sur de nombreux dossiers. Ainsi, les deux ministres chargés de l'Agriculture « verront dans la semaine chacune des organisations syndicales », notamment pour évoquer le projet de loi sur le renouvellement des générations du monde agricole, a-t-on précisé lundi au cabinet de Marc Fesneau.

Ce texte, reporté pour être enrichi selon le gouvernement, devrait être présenté en Conseil des ministres « à la fin du mois de février » pour un vote « d'ici le mois de juin », a-t-on précisé de même source. Il doit permettre de susciter des vocations pour le secteur ainsi que faciliter la reprise d'exploitations agricoles alors que la population des près de 500.000 chefs d'exploitation vieillit.

Outre ce projet de loi, les annonces de Gabriel Attal, avec des mesures d'urgence chiffrées à 400 millions d'euros par Bercy, ont commencé à être déclinées concrètement, affirme-t-on au ministère, évoquant par exemple l'ouverture depuis le 5 février des dispositifs d'indemnisation pour les éleveurs. Et sur le plan local, des réunions « ont eu lieu dans toutes les préfectures de département » pour « regarder les arrêtés locaux » et « faire remonter les propositions de simplification » administrative.

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Pesticides et jachères

Parmi les sujets explosifs figure aussi le suivi des usages de pesticides, remis sur la table lundi. Huit ONG environnementales ont annoncé avoir quitté une réunion du Comité d'orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Ecophyto, qui s'est tenue au ministère de l'Agriculture, avec le gouvernement, des élus et des représentants des agriculteurs et de l'industrie.

Pour rappel, ce plan, qui vise une réduction de moitié de l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017), a été suspendu par Gabriel Attal « le temps de mettre en place un nouvel indicateur » qui remplacerait le Nodu, principal outil de mesure français. Une décision qui a satisfait les syndicats agricoles majoritaires mais consterné les associations environnementales.

Enfin, du côté de la question délicate des jachères, la Commission européenne a adopté mardi pour 2024 une exemption partielle aux obligations de jachères prévues par la Politique agricole commune (PAC), une revendication-clé des récentes manifestations agricoles en Europe. Marc Fesneau s'est aussitôt « réjoui » de cette décision, que Paris « mettra en œuvre », démontrant ainsi que « les engagements pris envers les agriculteurs français ont été tenus ».

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 14/02/2024 à 12:25
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Les mêmes qui voulaient bloquer Rungis pour rationner les Parisiens vont parader bientôt Porte de Versailles au Salon de l'Agriculture : on est vraiment dans la France des enfants gâtés, où on n'a que des droits et zéro devoirs. C'est pas grave : tou...

à écrit le 13/02/2024 à 12:25
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Bonjour, parfois après concertation, la matraque semblent le seul moins de bien expliqué la situation.... Ils y a plus d'argent, et nous voulons moins de pesticides dans l'alimentation... S'est plus claire comme cela...

le 13/02/2024 à 15:35
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Une info pour murir votre réflexion ; l'UE favorise la concurrence déloyale entre les divers pays qui composent l'union, résultat nous sommes inondés de produits importés gorgés de pesticides et autres produits chimiques sans que le moindre contr...

le 13/02/2024 à 16:41
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Pour Ldx. Vous savez comment que les produits importés sont gorgés de pesticides . Vous pouvez nous donner les analyses ? Et concrètement, quels sont les normes qui les dérangent ? Celles qui limitent les pulvérisations à côté des habitations ou ...

à écrit le 13/02/2024 à 11:57
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noter que le secteur agricole français est passé d'un plus bas de 1,3% du PIB en 2009 à 1,9% en 2022 (World Bank Data).

à écrit le 13/02/2024 à 11:30
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bis repetita comme avec les gilet jaune l'illusioniste fait des phrases ,des promesses, le constat , et puis rien ne change ce n'est pas lui qui gouverne il n'est qu'un pantin qu'une girouette qui se doit d'obeir a l'imperatrice et se doit d'etre...

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