Tarn : 9.000 personnes manifestent contre l'autoroute A69

Malgré la détermination de l’État à voir aboutir le chantier, les opposants à la liaison entre Toulouse et Castres ont manifesté hier dans une atmosphère tendue.
(Crédits : CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

« Ramdam sur le macadam ». Tel est le nom de code de la mobilisation qui s'est tenue à Saïx, dans le Tarn, pour s'opposer au projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Celui-ci vise à réduire d'une vingtaine de minutes le temps de parcours entre les deux villes. Plus de 10 000 personnes ont manifesté hier. Les organisateurs avaient promis de tout mettre en œuvre pour « arrêter le chantier ». Un groupe violent de 400 personnes a attaqué une cimenterie qui devait prendre part au chantier et ses camions toupies, causant un incendie dans ses locaux, endommageant le matériel roulant. Quelques centaines de mètres plus loin, les manifestants tentaient d'instaurer, dans l'après-midi, une occupation durable dans des bâtiments d'habitants expropriés, voués à être détruits.

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Ces débordements sont survenus après que le gouvernement a rappelé son intention de mettre en service l'A69 en 2025. « L'État est déterminé à faire aboutir ce projet, qui a été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge », a fait savoir le ministère des Transports en début de semaine. Mais la mobilisation, annoncée de longue date, devait permettre aux manifestants de prouver que l'opinion publique était de leur côté. Selon un sondage commandé à l'Ifop par le collectif La voie est libre et l'association Agir pour l'environnement, 61 % des sondés sont favorables à l'abandon du projet d'autoroute et 82 % à la tenue d'un référendum local.

Un groupe violent de 400 personnes a attaqué une cimenterie

En avril, 8.000 personnes selon les organisateurs, 4 000 d'après la préfecture, avaient manifesté au même endroit, sans heurts notables cette fois-là. Quant à la mobilisation de samedi, les organisateurs se disaient satisfaits du nombre de personnes venues sur place ce week-end, après la publication quelques jours plus tôt d'une tribune de 1 500 scientifiques nationaux, dont des membres du Giec, appelant à stopper ce projet. « Nous n'avons jamais eu en France une telle empathie pour une lutte, les décideurs doivent se réveiller, prévient Gilles Garric, du collectif La Voie est libre. Ramdam sur le Macadam n'est qu'une étape. Nous avons d'autres plans pour que cette autoroute ne voie pas le jour. » La société Atosca, chargée de la construction et de l'exploitation de la future infrastructure, a commandé son propre sondage auprès d'OpinionWay avec des résultats bien différents, mais avec un échantillon de 1 025 personnes... de toute la France. Dans cette enquête, 53 % des sondés apparaissent favorables à l'A69.

Ces derniers mois, la tension est montée d'un cran autour de ce chantier se faisant de plus en plus concret avec l'abattage des arbres et les premiers travaux de terrassement.

« Nous sommes dans une phase très forte du chantier, avec une accélération ces dernières semaines, estime Martial Gerlinger, le directeur général d'Atosca. Nous avons déjà engagé plus de 40 % du budget total de 450 millions d'euros prévus. Nous avons commencé les ouvrages d'art. Un arrêt total du projet serait irréaliste. »

Selon lui, sur une emprise totale de 340 hectares de cette autoroute, « 100 hectares vont être réellement artificialisés ». « Ce sont entre 500 et 600 hectares qui seront bitumisés », conteste Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne.

Réduire la largeur de l'autoroute

Pour tenter de désamorcer la grogne montante contre l'A69, le ministre des Transports, Clément Beaune, a demandé à Atosca de revoir sa copie.

« Nous allons réduire la largeur de l'autoroute d'environ 1 mètre grâce au trafic moyen attendu, ce qui permettra de réduire de 5 hectares la surface artificialisée », souligne Martial Gerlinger.

Une avancée insuffisante pour les opposants. « Pourquoi allons-nous faire une autoroute pour 7.000 véhicules par jour ? peste Thomas Brail, le président du Groupe national de surveillance des arbres. C'est une infrastructure du siècle dernier. Nous n'en voulons pas. » Les opposants à l'autoroute militent pour un aménagement de la RN126 existante et attendent toujours le résultat de deux recours juridiques. 2025 devrait être l'année de mise en service de l'A69, selon le contrat de concession signé entre la société Atosca et l'État.

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