Aides à Airbus : Washington menace de taxer (encore) plus les produits européens

Après les taxes sur l'automobile, Donald Trump s'attaque à un autre secteur stratégique : l'aéronautique. Lundi, l'administration américaine a menacé l'Union européenne d'une nouvelle salve de taxes douanières sur des produits européens, dont des Airbus, si Bruxelles ne met pas un terme à certaines subventions allouées au constructeur aéronautique. Les États-Unis évaluent à 11 milliards de dollars le montant des dommages.
Les avions gros porteurs commerciaux européens ainsi que leurs pièces provenance de France, d'Allemagne, d'Espagne ou du Royaume-Uni, sont visés.
Les avions gros porteurs commerciaux européens ainsi que leurs pièces provenance de France, d'Allemagne, d'Espagne ou du Royaume-Uni, sont visés. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 09.04.2019 à 9h22, mis à jour à 10h53 avec les déclarations du porte-parole d'Airbus, Rainer Ohler et Bruno Le Maire]

Il s'agit là d'une nouvelle étape dans le conflit qui oppose depuis 14 ans Boeing et Airbus via leurs pays respectifs, qui s'accusent mutuellement devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de verser des aides illégales à leurs champions aéronautiques respectifs. Le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer, a estimé lundi que les subventions européennes à Airbus "pénalisent" les États-Unis à hauteur de 11 milliards de dollars d'échanges commerciaux (soit 9,8 milliards d'euros) chaque année et s'est dit prêt "à l'action" alors que l'OMC doit rendre prochainement un nouvel arbitrage sur ce conflit.

« L'Organisation mondiale du commerce a conclu que les subventions de l'Union européenne à Airbus avaient nui aux Etats-Unis qui vont maintenant appliquer des droits sur 11 milliards de dollars de produits de l'UE ! L'UE a profité des USA sur le commerce pendant de nombreuses années. Ce sera bientôt fini ! »

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L'industrie aéronautique européenne ciblée

L'USTR a publié une liste préliminaire de produits européens qui pourraient faire l'objet de droits de douane, en signe de représailles. Les avions gros porteurs commerciaux européens ainsi que leurs pièces provenance de France, d'Allemagne, d'Espagne ou du Royaume-Uni, mais aussi les produits laitiers et le vin font partie des produits visés. La liste finale sera connue après l'arbitrage de l'organe de règlement des différends de l'OMC, fait savoir l'USTR. Le résultat est attendu cet été.

Les aides à Airbus ont contribué à faire perdre à Boeing "plus de 300" appareils et des parts de marché dans le monde entier, peut-on lire. L'avionneur américain s'est félicité de l'annonce de l'USTR.

« Boeing soutient le représentant américain au Commerce et son équipe dans leurs efforts en cours pour rendre équitables les règles du jeu sur le marché mondial de l'aviation. (...) Il est à souhaiter que la liste préliminaire de taxes contraindra l'UE à se conformer aux précédentes décisions de l'OMC contre elle. Boeing a toujours soutenu le respect par les États-Unis des décisions de l'OMC. Il est temps que l'UE suive cet exemple et cesse tout soutien gouvernemental illégal pour Airbus », ajoute le communiqué.

À la suite de la publication de cette liste, l'action d'Airbus a cédé environ 1,4% en Bourse mardi en fin de matinée, dans un marché parisien orienté à la hausse.

Airbus ne voit aucune base légale à des sanctions américaines

Le porte-parole d'Airbus, Rainer Ohler, a immédiatement réagi aux déclarations du représentant américain au Commerce, estimant qu'il ne voyait "aucune base légale" pour que les États-Unis imposent de telles sanctions, y compris sur les avions commerciaux.

« Le montant est largement exagéré et sera de toute façon défini par l'OMC et pas les États-Unis. »

Depuis plus de 14 ans, Washington et Bruxelles s'accusent mutuellement de verser des aides indues à Boeing et Airbus. Ce conflit commercial, dont l'enjeu s'élève à des milliards d'euros ou de dollars, est le plus long et le plus compliqué traité par l'OMC.

Dans le dossier concernant les aides à Boeing, l'OMC a confirmé fin mars que les États-Unis ne s'étaient pas pleinement conformés à sa décision de 2012 leur intimant de mettre fin aux aides illégales versées au groupe aéronautique, notamment en transformant certaines en allègements fiscaux. Une source à la Commission européenne a déclaré à Reuters que l'exécutif européen se préparait à d'éventuelles représailles concernant les subventions accordées à Boeing.

Le niveau des contre-mesures envisagées par les États-Unis est "très exagéré", a ajouté la source, en soulignant que le montant de représailles ne pouvait être déterminé que par un arbitre de l'OMC.

« Dans le différend parallèle concernant Boeing, on se rapproche également de l'identification des droits à rétorsion de l'UE et l'UE demandera à l'arbitre nommé par l'OMC de déterminer les droits de rétorsion de l'UE », a déclaré la source, en évoquant le rapport de l'Organe d'appel de l'OMC.

L'UE, a ajouté la source, reste ouverte à la discussion avec les États-Unis sur la question des subventions aux programmes de développement d'avions.

Le Maire plaide pour un accord à l'amiable

Pour tenter de calmer le jeu, le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a plaidé ce mardi pour un compromis entre les États-Unis et l'Union européenne sur les subventions accordées à Airbus.

« L'intérêt des États-Unis comme l'intérêt du continent européen et de la France, c'est de trouver un accord à l'amiable. (...) Quand je vois la situation de la croissance mondiale, je ne pense pas que nous puissions nous permettre un conflit commercial, même sur les seules questions de l'industrie aéronautique, entre les États-Unis et l'Europe. »

Boeing sous pression à cause de son 737 MAX

Ce communiqué intervient dans un climat de tensions commerciales récurrentes avec la Chine et l'Union européenne. L'administration de Donald Trump est devenue coutumière des droits de douane punitifs, dont elle brandit la menace pour négocier et dont elle a déjà imposé un certain nombre.

L'UE et les États-Unis s'efforcent depuis des mois de concrétiser l'entente commerciale annoncée fin juillet par le président américain et le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, notamment en négociant un accord commercial limité aux biens industriels. Donald Trump menace dans ce cadre de taxer lourdement l'industrie automobile européenne.

En outre, le communiqué de l'USTR intervient alors que Boeing est en pleine tourmente, en raison de la mise en cause de son avion vedette 737 MAX, dont la sécurité est en cause après deux accidents mortels.

(avec AFP et Reuters)

Commentaires 31
à écrit le 10/04/2019 à 21:05
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Les européens ne vont pas aller à la lutte avec les states puisque ces derniers sont les vrais propriétaires de l' UE. L' UE zone en récession de - 2 % sur dix ans, tout est dit, l' allégeance et le fiasco sont totaux, l' un aya...

à écrit le 10/04/2019 à 13:27
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faisons de même vis à vis des américains, des anglais et des chinois.... Pourquoi devons nous être la carpette des autres??? Macron n'a aucun courage, ne parlons pas de Bruxelles on dirait qu'ils sont payés par les américains et non pas les européens...

le 10/04/2019 à 14:19
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Vous êtes complètement parano , il faut prendre des anti-dépresseurs ou allez en HP , tenir le raisonnement tel que vous faites sur le Président Macron n'a aucun sens .

à écrit le 10/04/2019 à 13:17
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Ben si Trump accuse l'Europe et surtout la France de subventionner Airbus qu'il donne des preuves, moi j'ai rien vu les sociétés qui bossent pour lui dans mon coin rament comme des malades. Par contre taxer leurs produits c'est sur faut voir sur eB...

à écrit le 10/04/2019 à 7:28
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On est pas fichu d'être fermes face aux Anglais sur le Brexit. Les autres puissances le voit. Chinois et Américains vont profiter de nos faiblesses et de notre manque de détermination

à écrit le 10/04/2019 à 7:27
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Bien sur , nous pouvons aussi taxer les avion de Boeing ( civil et militaire ) vendu en Europe ... Dans cette histoire , s'est la Chine qui gagne , mais Mr trumps ne comprend rien...

à écrit le 10/04/2019 à 0:34
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Washington aurait du réagir des la premiere commande américaine d'Airbus en avril 1977 alors qu'Eastern au bord de la faillite avait pris 34 White Tails Airbus A300 pour un dollar par mois. Mais il n'est jamais trop tard.

à écrit le 09/04/2019 à 22:46
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Monsieur Trump s'agite pour tenter de repécher Boeing. C'est quand même pas la faute d'Airbus si ils ont crashé deux avions en essayant d'être aussi bons qu'eux

à écrit le 09/04/2019 à 20:30
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Trump, comme tout dirigeant d'un pays souverain, défend l'industrie nationale . En France , il y a un dirigeant mondialiste qui vend tout à très bas prix (nos biens, même les aéroports : Toulouse, Paris ... bientôt quoi, la Tour Eiffel ? ) . Il br...

le 10/04/2019 à 10:52
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Trump est bien au contraire le fossoyeur de l'industrie nationale. Protéger son industrie de la concurrence l'empèche de la remettre en cause, et petit à petit, elle decroche. Imaginons que pendant 10 ans, les USA ferment leurs portes à Airbus. Au bo...

à écrit le 09/04/2019 à 19:48
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Washington n'a qu'à taxer les airbus et l'UE n'a qu'à taxer les Boeing. Trump une fois de plus prend le problème à l'envers. Ici c'est un problème de sécurité, pas un problème d'argent.

le 09/04/2019 à 21:09
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L' UE taxer les Boeing, avez-vous visionné François Asselineau, "qui gouverne la France et l' Europe" ? Assurément non.

à écrit le 09/04/2019 à 16:54
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Les industriels américains du secteur de la défense gagnent énormément d'argent avec les achats européens. Le programme F-35 de Lockheed en est un parfait exemple, qui contribue significativement aux excédents américains dans le secteur aéronautique&...

à écrit le 09/04/2019 à 15:58
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Voilà la réponse, via la Maison Blanche, du mauvais perdant Boeing, face à l'Europe et Airbus en particulier. Les Européens devraient y être accoutumés, ca fait 50 ans que la chose dure, depuis les Caravelle de Sud-Aviation... Les plus vieux comme mo...

le 09/04/2019 à 17:02
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@ misère 38 ...et le Concorde interdit parce qu'il faisait trop de bruit.? Non, parce que l'ego des US en avait pris un coup, ils n'étaient pas les premiers à avoir construit un avion supersonique commercial. La France et la GB devant les US et l'...

à écrit le 09/04/2019 à 15:34
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Les compagnies aériennes americaines US s'opposeront à une taxe sur les Airbus. Moins de concurrence pour eux, c'est être à la merci de Boeing au niveau du prix des avions.

le 09/04/2019 à 16:04
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Bien vu ! Et si lesairbus obtiennent un avantage concurrentiel face a boeing les compagnies US seront laisees. Trump serait capable de taxer les compagnie qui entrraient avec un airbus aus US.

à écrit le 09/04/2019 à 15:21
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Quand l'UE va-t-elle se décider a répliquer de façon crédible a ces foucades de Trump en assaisonnant comme il faut les produits américains autres que ceux confidentiels ?

le 09/04/2019 à 18:05
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@Bill Bocquet...Quand allez-vous comprendre que le problème n'est pas Trump mais les USA ? Le conflit AIRBUS - BOEING n'est pas nouveau. Mitterand parlait déjà de "la guerre économique sans pitié des américains"

à écrit le 09/04/2019 à 12:51
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Les Américains aiment la concurrence...lorsqu'ils gagnent. Sanctionner Airbus ne fera pas vendre plus de 737 MAX, de la même façon que sanctionner Mercedes ou BMW ne fera pas vendre plus Chevrolet ou de Ford. Trump n'a visiblement pas compris que le ...

le 09/04/2019 à 16:08
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Et les riches acheteront toujours la qualite allemandele prix n'est pas un probleme. On le voit assez en France avec les acheteurs de gros SUV ou gros 4x4 qui payent des bonus malus.

à écrit le 09/04/2019 à 12:17
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Le president Donald Trump fait du protectionisme industriel donc il va protéger l'industrie automobile américain ( Ford, Chrysler,etc...) et pour l'aéronautique Boeing. L'Europe doit continuer à se construire et doit continuer à aussi protéger son ma...

le 09/04/2019 à 15:32
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En remplaçant le mot Europe par le mot France je serai d'accord avec vous. Pour vous, pour concurrencer 130 milions de russes il faut être 500 millions d'européens? Voulez-vous dire qu'un russe vaut 4 européens. Ayez un peu plus d'estime pour vous mê...

à écrit le 09/04/2019 à 11:57
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Il est de notoriété mondiale que les USA ne subventionnent ni Boeing, ni leur agriculture ni quoique ce soit, ni même autre chose.Malheureux peuple américain, innocente victime de la rapacité des industriels européens, chinois, coréens et autres.

à écrit le 09/04/2019 à 11:39
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Ça y est, Le Maire est déjà en train d'envisager un accord à l'amiable.... Les européens vont aider Boeing à faire quelques provisions comptables. En cas de coup dur, sait-on jamais. Nous arrivons à cette burlesque situation où c'est l'Europe qui va ...

le 09/04/2019 à 14:45
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Exact...une annonce de bataille et déjà on s'écrase... C récurrent en France..

le 09/04/2019 à 15:28
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Vous voulez faire la guerre aux Américains ? Ben non, il faut trouver un gentleman agreement, dans lequel Trump trouvera une raison d'exulter en disant "j'ai gagné", et que les affaires continuent sereinement. Le Maire a tout à fait raison, le seul s...

à écrit le 09/04/2019 à 11:28
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Le pire c'est que en cas de guerre commercial les Européens ne riposteront pas. Les Allemands ont la trouille de perdre des parts de marché à l'exportation. Ils s'aplatissent déjà devant Trump pour sauver leur industrie automobile. Ils acceptent tous...

à écrit le 09/04/2019 à 10:40
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bienentendu, il conviendra de mettre dans la balance les subventions a boeing, loockeed, etc....... sinon il faudra encore taxe google, harley, le ble et le mais americain, les levi's et tout le reste

à écrit le 09/04/2019 à 10:05
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Pourquoi ne pas taxer en retour Boeing qui bénéficie outrageusement de subventions militaires de la part du gouvernement US ?

à écrit le 09/04/2019 à 9:27
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Et comme d'habitude l'UE va aller se cacher dans un trou de souris et c'est encore une fois les citoyens européens qui vont payer pour la compromission généralisée de nos dirigeants politiques et économiques européens. On connait le refrain...

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