Biden au pouvoir, la Chine pourrait bien regretter Trump

Sous Donald Trump, les relations sino-américaines sont tombées au plus bas depuis des décennies, avec une guerre commerciale et un affrontement diplomatique quasi-quotidien, au point que Pékin a officiellement mis en garde contre une "nouvelle guerre froide" entre les deux premières puissances militaires mondiales. Et pourtant, avec Joe Biden aux commandes, les relations pourraient s'avérer encore plus tendues. Explications.
À propos du président chinois Xi Jinping, le candidat à la présidentielle Joe Biden n'avait pas mâché ses mots en début d'année: C'est un type qui n'a pas le moindre ossement de démocratie dans son squelette (...) C'est un voyou.
À propos du président chinois Xi Jinping, le candidat à la présidentielle Joe Biden n'avait pas mâché ses mots en début d'année: "C'est un type qui n'a pas le moindre ossement de démocratie dans son squelette (...) C'est un voyou." (Crédits : Reuters)

Il devrait davantage respecter la Chine mais pourrait s'avérer plus ferme sur le fond: Joe Biden s'annonce coriace pour Pékin, des droits de l'Homme aux différends commerciaux et technologiques.

La relation sino-américaine est tombée sous Donald Trump au plus bas depuis des décennies, avec une guerre commerciale et un affrontement diplomatique quasi-quotidien, au point que Pékin a officiellement mis en garde contre une "nouvelle guerre froide" entre les deux premières puissances militaires mondiales.

Le président américain a particulièrement irrité le régime communiste en se rapprochant de son rival taïwanais et en parlant de "virus chinois" à propos du Covid-19.

Joe Biden, qui doit s'installer à la Maison blanche fin janvier, devrait se montrer moins provocateur.

"Avec Biden, on devrait avoir une approche plus respectueuse, plus subtile et mieux ciblée, qui ne se contente pas d'agresser mais envisage sur le long terme la compétition" entre les deux pays, pronostique Adam Ni, directeur du China Policy Centre en Australie.

Le futur président devrait ainsi resserrer les liens avec les alliés traditionnels de l'Amérique, avec pour objectif de "dissuader" Pékin de recourir à l'agression, comme l'a expliqué pendant la campagne Anthony Blinken, conseiller de longue date de Joe Biden.

La Chine "oublie" de féliciter Joe Biden

Alors que l'affrontement faisait rage entre les deux candidats, le régime du président Xi Jinping a veillé à ne pas prendre parti pour l'un ou l'autre.

Depuis la victoire de Joe Biden samedi, la plupart des dirigeants mondiaux lui ont adressé leurs félicitations. Mais Pékin s'est jusqu'à présent abstenu de reconnaître le résultat de la présidentielle, alors qu'en 2016, Xi Jinping avait félicité Donald Trump dès le lendemain de sa victoire sur Hillary Clinton.

Lire aussi : La Chine s'abstient de féliciter Joe Biden

Hong Kong, les Ouïghours... Biden va faire monter la pression

Démocrates ou républicains, Pékin semble s'être résolu à devoir faire durablement face à l'hostilité de Washington, qui s'alarmerait de la montée en puissance de la deuxième puissance économique mondiale.

"La Chine ne doit pas s'imaginer que l'élection de Biden améliorera les relations avec les États-Unis", met en garde à Pékin le quotidien nationaliste Global Times. "La concurrence américaine et sa méfiance envers la Chine ne fera que s'accroître."

Entre mise au pas de Hong Kong et répression contre la minorité musulmane des Ouïghours au Xinjiang (nord-ouest), l'administration Biden devrait particulièrement faire monter la pression en matière de droits de l'Homme.

Pour Joe Biden, Xi Jinping est un "voyou"

Joe Biden lui-même n'a pas mâché ses mots en début d'année à l'endroit du président chinois. "C'est un type qui n'a pas le moindre ossement de démocratie dans son squelette", déclarait alors l'ex-vice président. "C'est un voyou".

"Son équipe a déjà qualifié l'internement des Ouïghours de génocide", rappelle la sinologue Bonnie Glaser, du Center for Strategic and International Studies à Washington.

Le retour de Washington sur la scène internationale

Pékin pourrait voir d'un mauvais oeil le retour de l'Amérique dans le système multilatéral, alors que Donald Trump l'a retirée de l'accord de Paris sur le climat, de l'accord sur le nucléaire iranien, de l'Unesco et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Les États-Unis vont jouer un rôle plus important sur la scène internationale. Il y aura moins de place à remplir pour la Chine", prédit à Pékin le politologue indépendant Hua Po.

Sous Donald Trump, les retraits américains ont pu faire par contraste apparaître la Chine comme la championne du multilatéralisme.

"Notre démocratie, lorsqu'elle est affaiblie, en désarroi, est sans doute une bonne chose pour la Chine", observait le conseiller Blinken lors d'une intervention récente à l'institut Hudson. "Cela rend notre modèle moins attirant."

Côté chinois, certains observateurs s'attendent à un retour à la coopération de l'ère Obama sur des dossiers spécifiques comme la Corée du Nord et la sécurité nucléaire, à l'instar de Shen Dingli, professeur à l'Université Fudan à Shanghai.

Mais aux yeux de Pékin, "peu importe que le président soit Donald Trump ou Joe Biden. Aucun des deux n'est prêt à abandonner la domination américaine sur le monde. Sur ce point là, rien ne changera", prévient-il.

Commentaires 7
à écrit le 29/11/2020 à 22:57
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Quelle analyse de tromblon.... La Chine est la seule grande gagnante de l'élection de Biden... La rentabilité des entreprises Américaines va se casser la gueule, le dollar va baisser, et les Chinois vont faire pression sur les pays d'Asie pour qu'i...

à écrit le 10/11/2020 à 21:51
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Oula ! quand je vois ça : La Chine "oublie" de féliciter Joe Biden. On voit bien qui domine et qui sont les dominés ! La honte

à écrit le 10/11/2020 à 18:55
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Le soutien des USA aux terroristes Ouïgours est analogue à celui qu'ils apportent à Erdogan et à Daesh, même s'ils font semblant de "regretter" les attentats islamistes qui frappent l'Europe ... et qui les arrangent bien. Pour la Chine, les USA reste...

à écrit le 10/11/2020 à 18:50
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Pourquoi cet effet d'annonce avec un tel titre ? L'article conclut exactement le contraire !!? Les chinois ont gagné la guerre, définitivement. Les usa sont à terre et ne conserveront qu'une influence régionale et, à court terme, en Europe (parce q...

à écrit le 10/11/2020 à 14:53
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Profitez-en pour lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Editions (sortie le 09 mars 2020). Un récit épicurien et érudit qui dévoile les menaces que la Chine fait peser sur le monde. Ecrit par un observateur attentif et sans parti-pris de la C...

à écrit le 10/11/2020 à 13:54
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"Mais Pékin s'est jusqu'à présent abstenu de reconnaître le résultat de la présidentielle, alors qu'en 2016, Xi Jinping avait félicité Donald Trump dès le lendemain de sa victoire sur Hillary Clinton." Pékin reconnaitra le résultat lorsque celui-c...

à écrit le 10/11/2020 à 12:39
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"La Chine "oublie" de féliciter Joe Biden" Idiot, vous partez au quart de tour en étant inculte en politique internationale car engluée dans la compromission politico-financière européenne, vous ne savez pas ce qu'est une nation souveraine. L'...

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