Céréales : les prix du blé et du maïs se rapprochent de leurs niveaux d'avant-guerre en Ukraine

La reprise des exportations des céréales d'ukrainiennes a favorisé une baisse relative des prix sur les marchés mondiaux, retombant aux niveaux d'avant l'invasion russe en Ukraine. Néanmoins, la sécheresse qui sévit en Europe et en Chine contribue à mettre le marché du maïs, destiné principalement à nourrir le bétail, sous tension.
Les exportations de céréales ont repris début août depuis le port d'Odessa, en Ukraine.
Les exportations de céréales ont repris début août depuis le port d'Odessa, en Ukraine. (Crédits : Reuters)

La flambée du prix des céréales sur les marchés agricoles semble se calmer. Après six mois de guerre en Ukraine, les prix sont redescendus à leurs niveaux d'avant l'invasion russe, même s'ils restent encore très élevés. A cause notamment de la hausse des coûts de l'énergie, des engrais (dont le prix a triplé en un an) et des transports.

Néanmoins, le scénario du pire, avec ses « ouragans de famine » redoutés par l'ONU semble évité. Les exportations de céréales d'Ukraine, un des principaux producteurs et exportateurs au monde, ont été bloquées pendant plusieurs mois en raison de l'invasion russe, faisant craindre une crise alimentaire mondiale.

« Six mois après l'invasion russe, c'est presque un retour à la case départ. Les marchés ont appris à vivre avec la crise. La détente s'est amorcée fin mai-début juin avec de premières estimations de production rassurantes en Europe et la reprise des exportations d'Ukraine, d'abord par la route et le rail, puis par la mer », explique Gautier Le Molgat, analyste chez Agritel, cité par l'AFP.

Détente avec la reprise des exportations de céréales ukrainiennes

Ce reflux concerne notamment le blé, dont les cours s'étaient envolés à près de 440 euros la tonne sur le marché européen mi-mai (le double de l'été 2021) et ils sont redescendus autour de 330 euros en août. La reprise des exportations de céréales depuis l'Ukraine, superpuissance agricole qui pesait avec la Russie 30% du commerce mondial du blé fin 2021, n'est pas sans effets.

L'Ukraine est « en voie d'exporter presque 4 millions de tonnes de produits agricoles en août », toutes voies confondues, se rapprochant des plus de 5 millions mensuels d'avant-guerre, a annoncé mardi un haut responsable du département d'État américain.

D'après l'accord signé le 22 juillet entre Kiev et Moscou, sous l'égide de l'ONU et de la Turquie, ce sont plus de 20 millions de tonnes de maïs, blé et tournesol stockées en Ukraine qui sont destinées à sortir du pays par la mer, et qui sont cruciales pour l'approvisionnement alimentaire de nombreux pays d'Afrique.

Cet accord garantit également à la Russie de pouvoir exporter ses produits agricoles et ses engrais malgré les sanctions occidentales. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a d'ailleurs de nouveau alerté sur le fait que les engrais et produits agricoles russes devaient pouvoir accéder aux marchés mondiaux « sans entrave », au risque d'une crise alimentaire mondiale dès l'an prochain.

Inquiétudes sur le maïs

Si les analystes voient le cours du blé continuer à refluer à moyen terme, ils sont plus circonspects pour le maïs : la sécheresse qui sévit partout inquiète. L'Union européenne estime sa production de maïs en repli de 16% en moyenne sur cinq ans. Rien que pour la France, dans le contexte d'une sécheresse historique et d'une succession de canicules, la production de maïs grain a chuté de 18% en août par rapport à l'an dernier, indiquait lundi le ministère de l'Agriculture.

Toutefois, compte tenu d'une « disparité inédite des rendements » sur les grandes cultures, « la qualité de la récolte française 2022 permettra de répondre aux attentes des marchés », estime le ministère français de l'Agriculture.

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Les États-Unis ont revu à la baisse leurs rendements dans certaines régions, notamment dans le Nebraska et le Dakota du Sud (-21,7%), deux états de la « Corn Belt », cette zone d'agriculture intensive dans le Middle West (Centre-Est) des États-Unis, en proie à la sécheresse.

Ces baisses de production promettent de faire gonfler la demande en maïs, principalement pour nourrir les animaux. La semaine dernière, les importations européennes ont déjà atteint 3,6 millions de tonnes depuis début juillet, le double de l'an dernier sur cette période. « Si on ne se met pas à rationner la demande, pour le bétail en particulier, on va avoir un problème d'approvisionnement », estime Michael Zuzolo, président de Global Commodity Analytics and Consulting. D'autant que la Chine, frappée à son tour par la sécheresse, a repris ses importations en céréales.

 (Avec AFP)

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