Céréales : la production française s'annonce « catastrophique » à cause de la sécheresse qui dure

Cette année, les récoltes céréalières s'annoncent particulièrement mauvaises. En cause : la sécheresse historique qui touche le pays et tout une partie de l'Europe. La culture du maïs, qui sert principalement à nourrir les élevages, est déjà très impactée. Dans un contexte plus large de tensions sur les marchés mondiaux des céréales, les prix ne sont pas prêts de baisser.
La France exporte habituellement 30% en moyenne de sa production de maïs grain. Mais avec la sécheresse qui sévit, cette part va sérieusement se réduire.

Dans les champs, les cultures souffrent. Après un printemps sec et un mois de juillet particulièrement aride, la France entame le mois d'août par un troisième épisode de canicule estivale qui devrait toucher presque tout le territoire cette semaine. Les conséquences s'annoncent d'ores et déjà désastreuses pour la production agricole française. « Bien que les situations soient variables d'un champ à l'autre, cette année, l'agriculture va être très affectée par la sécheresse », affirme François Tardieu, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE), à Montpellier.

D'autant que cette année, les récoltes des céréales semées l'hiver dernier, comme le blé, l'orge et le colza, affectées par la sécheresse de mai-juin, et qui sont récoltées au début de l'été, sont inférieures à la moyenne. « Rien que pour le blé, alors que la France compte parmi les premiers exportateurs au monde, la récolte est en dessous des 33,4 millions de tonnes. C'est une petite récolte, même si on a déjà fait pire », précise Sébastien Poncelet, consultant chez Agritel et expert des marchés des matières premières agricoles.

Pas de risque de pénurie pour l'alimentation du bétail

Touchées de plein fouet par chaleur, le temps sec et la canicule de juillet, les cultures d'été, semées au printemps, comme le maïs ou le tournesol, pourraient être encore plus mauvaises. Pour la culture du maïs, qui sert - avec le blé - à la fabrication d'aliments pour le bétail, les conséquences de la sécheresse s'annoncent même « catastrophiques », affirme Sébastien Poncelet. A l'échelle nationale, la proportion de parcelles de maïs grain considérées en état « bon à excellent » est passée de 75% à 68% en une semaine, selon le dernier baromètre CéréObs de FranceAgriMer publié le 29 juillet.

« La France produit néanmoins suffisamment de maïs chaque année, même les années de "petite" récolte, pour satisfaire l'ensemble des besoins de son marché national (y compris l'amidonnerie et la semoulerie en plus de l'alimentation animale), et pour en exporter, notamment vers les autres pays de l'Union européenne », précise-t-on chez FranceAgriMer, l'office agricole français. Il n'y a donc pas de risque de "pénurie" de céréales fourragères à l'échelle de la France, même si la sécheresse persistante affectait le potentiel de production en maïs.

D'autant que les fabricants d'aliments pour le bétail ont l'habitude de modifier leurs recettes en variant les incorporations en fonction de la disponibilité des céréales (comme le blé, l'orge, le triticale mais aussi les tourteaux d'oléagineux, les protéagineux, les drêches,...) et du rapport qualité/prix. Pour le maïs par exemple, la production française peut varier d'une année sur l'autre : de 11,8 millions de tonnes en 2018 à 14,3 millions de tonnes en 2021. Dans ce cas les fabricants d'aliments du bétail s'adaptent. Sur cette période, les utilisations de maïs par ont ainsi varié entre 2,5 millions de tonnes et 3,9, explique-t-on encore chez FranceAgriMer.

Baisse des exportations et maintient des prix

En revanche, c'est bien la part dédiée aux exportations qui s'annonce plus faible. Concernant le maïs, habituellement, « 30% de la production de maïs grain (destiné à l'alimentation animale) qui est cultivé en France est exportée à nos voisins européens », rappelle Sébastien Poncelet. Mais cette proportion risque bien de se réduire, les cultures, concentrées en Alsace et dans le Sud-Ouest de la France, étant particulièrement touchées par la sécheresse.

La France n'est pas le seul pays dont les terres agricoles sont affectées par la sécheresse. « C'est toute l'Europe du maïs qui souffre, notamment l'Italie, mais aussi la Hongrie, ou encore la Roumanie, également gros producteurs de maïs », souligne Sébastien Poncelet. Résultat : les prix des céréales ne sont pas prêt de baisser.  « Si la guerre en Ukraine a contribué à faire grimper les prix des céréales, la sécheresse qui touche la France et une partie de l'Europe depuis le début de l'été risque de contribuer à les maintenir, encore pour quelque temps, à des niveaux élevés », confirme l'expert d'Agritel.

Si le maïs venait à manquer, les éleveurs français pourraient néanmoins, au besoin, se tourner vers le Brésil ou encore les Etats-Unis. « L'Europe peut compter sur le Brésil qui a fait une grosse récolte. Aux Etats-Unis, il y a aussi du maïs. Mais son accès est plus compliqué à cause des réglementations, notamment sur les OGM », ajoute Sébastien Poncelet. « A défaut, on a de l'orge en Europe, qu'on donnera aux animaux. » On peut donc aussi s'attendre à des répercussions sur le prix des productions animales (lait, viandes, œuf), qui ne risquent pas de baisser tout de suite. « Finalement, cette sécheresse va participer, très probablement, à maintenir une fermeté sur les prix agricoles », souligne l'analyste des marchés des matières premières agricoles.

Irriguer et stocker de l'eau

Avec le réchauffement climatique, faut-il s'inquiéter pour l'avenir de la production agricole française ? Comment prévenir ou éviter que ce type de situation ne se répète ? Parmi les solutions mises en avant : une meilleure irrigation des terres, alors qu'en France par exemple, seulement 5% de la surface agricole utile (SAU) est irriguée. Autre moyen défendu, notamment par la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricole (FNSEA), un meilleur stockage de l'eau l'hiver avec des retenues, remplies par les eaux de surface et les eaux de ruissellement.

Pour cela, dans le cadre du plan France 2030, un dispositif d'aides, géré par FranceAgriMer, a été mis en place pour les agriculteurs afin de les encourager à investir en matériels innovants pour économiser l'eau (capteurs connectés ou drones de télédétection chargés de surveiller les besoins hydriques des cultures, par exemple).

En outre, depuis le printemps, dans un contexte de ressources en eau limitées par la sécheresse et de capacités d'irrigation restreintes dans plusieurs départements, les ministères en charge de l'agriculture et de la transition écologique avaient annoncé, dès le 9 mai 2022, une enveloppe supplémentaire 20 millions d'euros pour aider les agriculteurs à faire face au changement climatique.

Lire aussiPourquoi il faut investir massivement dans la troisième révolution agricole

Faire confiance aux agriculteurs

A plus long terme, d'autres leviers pour adapter les cultures au changement climatique, sont défendus par les chercheurs. « A l'avenir, il va falloir continuer à jouer avec ces incertitudes climatiques, en s'adaptant. Soit par des changements de variétés, d'espèces ou de production, en jouant par exemple sur des cycles de culture plus courts, là où il y a des risques », explique François Tardieu.

Il faut aussi faire confiance aux agriculteurs « qui s'adaptent très vite ». « Ils sèment maintenant dans le centre de la France des variétés qui étaient cultivées dans le Sud il y a 30 ans. Les dates de semis sont de plus en plus précoces », ajoute le chercheur de l'INRAE. Parallèlement, il faut compter aussi sur les progrès de sciences. « Des progrès génétiques pour la production en sécheresse ont également été réalisés, souligne François Tardieu. On a des plantes plus résistantes à la sécheresse qu'il y a 50 ans. Même avec des épisodes de sécheresse plus fréquents, les rendements sont en moyenne en hausse de 1 à 2% par an dans les sites secs.»

Commentaires 30
à écrit le 07/08/2022 à 16:18
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On plantera peut-être du sorgho, qui consomme quatre fois moins d'eau que le maïs et permet de faire du pain et des crêpes (entre autres). Il faut s'adapter, en cultures (plantes, techniques), le reste est vain. Si la vigne va finir par migrer en Bel...

le 08/08/2022 à 14:48
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Il n’est pas nécessaire de voir des catastrophes partout….. les Agriculteurs ont toujours su s’adapter et ils vont continuer à le faire sans que des citadins qui n’y connaissent rien leur disent ce qu’il faut faire !! Cette annee pour les semences d’...

à écrit le 06/08/2022 à 17:01
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Alors que le roitelet Macron se la coule douce au frais dans son chateau de Bregançon, le peuple français crame en plein soleil depuis 2 mois et cela va encore continuer au moins jusqu'à fin aout àcause de sa politique nullissime en matière de lutte ...

à écrit le 06/08/2022 à 0:15
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Il faudrait détailler les céréales et ne pas faire une généralité à partir du mais. La récolte de blé n'est pas catastrophique.

à écrit le 05/08/2022 à 12:36
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Rassurez-vous, les moissons ( ble, orges etc..) sont terminees, Toutes ces "Fake News" ne concernent que le Mais, les Betteraves, Qui mange du Mais, des Betteraves en France ??

à écrit le 05/08/2022 à 6:53
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En dehors de cette sécheresse, nous savons qu'il y a une culture intensive qui est pratiqué dans certaines plantations qui poussent à affaiblir le sol . Donc la production du maïs devais prendre fin depuis pour laisser la place à un autre produit

à écrit le 04/08/2022 à 20:54
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30 700 euros. C’est en moyenne ce qu’ont perçu de la Pac les exploitations agricoles françaises, toutes orientation de production confondues, en 2019 en cumulant les aides directes du premier et du deuxième pilier de la Pac (dont les aides provenant ...

à écrit le 04/08/2022 à 17:24
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Bonjour. Sud Sarthe on a eu en cause un gros massif forestier de feuillus des orages au point d'envahir le sous-sol, la rivière souterraine qui borde mon jardin n'est pas à sec et les maïs ne sont pas vilains, une pluie suffirait pour une belle réco...

à écrit le 04/08/2022 à 15:56
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Même sans la sècheresse, l'épuisement progressif des sols par l'agriculture intensive induit une baisse des rendements. Sur un autre volet, la culture du maïs aurait dû être abandonnée depuis plusieurs années à cause du changement climatique et de se...

le 04/08/2022 à 16:39
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Vous ignorez donc qu'il n' y déjà plus d'eau dans certains ruisseaux depuis plusieurs semaines même dans le Massif Central " château d'eau de la France "

à écrit le 04/08/2022 à 14:18
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Comme déjà écrit,une des solutions est de créer des mares ou lacs artificiels.Les rivières rejoignent les fleuves qui se déversent en mer donc l’eau est perdue.Entre temps,il est possible d’en détourner une partie pour l’agriculture ou autre.Non? Su...

le 04/08/2022 à 15:45
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Et vous les alimentez de quelle manière les nappes phréatiques ?

le 04/08/2022 à 17:55
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@iciailleurs. Les nappes phréatiques sont alimentées par l’eau de pluie qui s’infiltre dans les sols(prés,champs,forêts) Rivières et fleuves sont de l’eau de surface qui si elle n’est pas utilisée ira dans la mer!

à écrit le 04/08/2022 à 13:53
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Euh...Y a t il quelque chose qui n'est pas à la ramasse complète dans ce pays autrefois si prospère et si envié ?

à écrit le 04/08/2022 à 13:37
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De toute façon il pleut de trop ou il fait trop chaud, ils vont demander des aides.

à écrit le 04/08/2022 à 13:18
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Bon, faut changer disque... le mais tout comme certaines cultures sont destinées à l'exportation, notamment vers la CHine. ENsuite, le maïs à bas cout acheté auprès de cultivateurs qui sont tombés dans le piège des semenciers, ne sert pas qu'à l'alim...

à écrit le 04/08/2022 à 10:55
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Les "bassines", c'est de l'eau qui n'ira jamais alimenter les nappes phréatiques déjà bien basses. C'est de l'eau détournée (volée ?) à la collectivité au profit d'une agriculture intensive qui ferait mieux de s'adapter plutôt que de fuir en avant ...

le 04/08/2022 à 11:43
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Nos paysans ne sont pas tous totalement stupides, déjà certains se tournent vers la culture du quinoa et de l'aloe vera. Cette année, tout le monde, les agriculteurs compris ont eu la démonstration que le changement climatique, ce n'était pas une rum...

à écrit le 04/08/2022 à 10:34
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Pour stopper la sécheresse et la canicule centenaire il faut interdire tous les SUV et 4*4 alimentées par le pétrole, comme les poids lourds qui traversent par millions la France et pour cela relancer le nucléaire civil en renationalisant en monopole...

le 04/08/2022 à 12:59
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et quand on a plus d eau pour refroidir les centrales nucleaires on fait quoi !

à écrit le 04/08/2022 à 10:10
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Chers amis Claude et Calamar en ce qui concerne les céréales; blé , maïs etc.. l'Espagne est un des plus important importateurs en Europe !!!!

à écrit le 04/08/2022 à 9:34
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L'eau c'est la vie. Dans les régions où il y beaucoup de rétentions d'eau (les fameuses "bassines"), il est plus facile d'arroser les cultures, sans compter que les bassines rafraichissent naturellement leur environnement. Il faut donc favoris...

le 04/08/2022 à 10:25
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L'abandon du barrage de Sivens sous la pression des écolos est le type même de la bêtise gouvernementale. Il faut couvrir la France de réserves d'eau ou décider que l'agriculture est hors la loi. Enfin il faut supprimer tous les carburants à base de ...

le 04/08/2022 à 11:22
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Dans le marais poitevin, des travaux ont été engagés il y a quelques dizaines d'années pour favoriser l'évacuation rapide de l'eau vers l'océan, afin d'abaisser le niveau moyen de l'eau des marais, et libérer des terres pour la culture du maïs. Et au...

à écrit le 04/08/2022 à 8:59
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Mais comment font nos chers amis espagnols qui inondent Rungis, nos magasins, nos marchés de leurs bons fruits et légumes et en plus à des prix imbattables. Ils ont des températures bien plus élevées que chez nous et ils ont moins de pluie que chez ...

le 04/08/2022 à 9:24
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Les espagnols ont dix fois plus que nous de réserves d'eau agricole alimentés par les pluies. La France sous la pression des écologistes se refuse à autoriser de faire des réserves pour sauver quelques grenouilles où autres insectes qui de toute faço...

le 04/08/2022 à 11:47
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Les Espagnols sont entrain de détruire leurs terres et ils ont de plus en plus de problèmes d'eau, entre le maraichage et le tourisme intensif. Eux aussi se préparent des lendemains qui déchantent.

à écrit le 04/08/2022 à 8:36
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"qui sert principalement à nourrir les élevages" : Et bien il va falloir les réduire, les élevages

le 04/08/2022 à 9:30
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On ne veut pas parler de la démographie, alors on parle de l'impact environnemental de l'homme sur la nature. Il faut faire un choix, on ne peut pas passer de 2 milliards en 1950 à 8 milliards aujourd'hui et dire qu'il faut réduire le bétail !

à écrit le 04/08/2022 à 8:05
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Bonjour, Personnellement, je ne suis pas de votre avis, certe le prix a la tonnes reste bas mais la production semble correct... Certains sont toujours prets a se peindre, histoire de pouvoir réclamer des aides financière. Bien sur ils ne f...

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