CETA : un éventuel rejet de l'Assemblée nationale pourrait ne rien changer, selon Valérie Hayer

Alors que le Sénat l'a rejeté la semaine dernière, le CETA « pourrait » continuer à fonctionner même si l'Assemblée nationale votait aussi contre. C'est en tout cas l'avis de Valérie Hayer, la tête de liste macroniste aux élections européennes, qui s'est exprimé ce lundi sur ce traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada.
Pour Valérie Hayer, un rejet serait « dévastateur pour nos agriculteurs français et pour le signal qui serait envoyé à nos partenaires européens ».
Pour Valérie Hayer, un rejet serait « dévastateur pour nos agriculteurs français et pour le signal qui serait envoyé à nos partenaires européens ». (Crédits : Stephanie Lecocq)

Quel avenir pour le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, dit CETA ? Pour rappel, celui-ci est en application provisoire à l'échelle européenne depuis 2017. Or, jeudi dernier, une coalition de sénateurs français de droite et de gauche, à l'initiative des élus communistes, a réussi à mettre au vote le projet de loi de ratification que le gouvernement français n'avait jusqu'ici jamais inscrit à l'agenda de la chambre haute.

L'opération, conclue par le rejet du traité, s'est soldée par un revers pour le gouvernement français, en pleine crise agricole et à quelques mois des élections européennes. Il doit désormais aussi être présenté à l'Assemblée nationale.

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Des rejets sans impact ?

Mais pour Valérie Hayer, tête de liste macroniste aux Européennes et actuellement présidente du groupe Renew au Parlement européen, même si l'Assemblée nationale venait elle aussi à rejeter le CETA, ces deux refus pourraient finalement n'avoir aucun impact. La France « a des process institutionnels sur ces questions-là », a expliqué la candidate au micro de France info ce lundi. « Ce sera la décision du gouvernement de voir quelle position sera prise », a-t-elle indiqué.

Pourrait-il être appliqué même si les deux chambres votent contre ? « Il pourrait », a-t-elle-même affirmé.

Formellement, le traité pourrait en effet continuer à s'appliquer tant que le gouvernement n'a pas notifié à Bruxelles qu'il ne peut ratifier le traité.

L'hypothèse d'un rejet par les députés est en tout cas loin d'être incongrue. Ceux du Parti communiste (PC) ont déjà annoncé leur intention d'ouvrir le front à l'Assemblée en reprenant le texte de leurs homologues sénateurs le 30 mai prochain.

La date intervenant à seulement 10 jours des élections européennes, le gouvernement semblerait vouloir temporiser et pourrait tarder à déposer le texte sur la table de l'Assemblée. Pour Valérie Hayer, un rejet serait « dévastateur pour nos agriculteurs français et pour le signal qui serait envoyé à nos partenaires européens », dénonçant une « posture démagogique » de la part de « l'extrême gauche et de la droite française ».

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Un traité défendu par Paris et Bruxelles

Valérie Hayer s'est par ailleurs dite « convaincue que cet accord est bon pour nos agriculteurs ». Reprenant ainsi les mots du président de la République, Emmanuel Macron, qui a déclaré vendredi dernier que le CETA est « un très bon accord » pour l'agriculture française, citant ses bénéfices pour les secteurs français du « lait », du « fromage » ou du « vin ». Avis similaire du côté du ministre de l'Agriculture : « Le CETA va dans le bon sens pour la "ferme France" », a-t-il déclaré dans une interview à La Tribune Dimanche de ce 24 mars. « Peut-on aujourd'hui se priver de 250 millions d'euros d'échanges avec le Canada sur les fromages ou sur les vins et les spiritueux ? », a-t-il questionné. Même la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a parlé de « chiffres [qui] démontrent (le) succès considérable » du traité, prenant « acte » du scrutin sénatorial.

Valérie Hayer a par ailleurs appelé à ne pas mettre tous les traités de libre-échange sur le même pied d'égalité. « Il y a de bons accords, il y a de mauvais accords, des mauvais accords, on s'y oppose », a-t-elle indiqué, citant le Mercosur, l'accord avec l'Amérique du Sud en discussions depuis plus de 20 ans. La France s'y oppose mais d'autres membres de l'UE y sont favorables. Les négociations ont en tout cas été perturbées par la colère du monde agricole dans plusieurs pays de l'UE. Déjà vendredi dernier, le chef de l'État a appelé à ne pas « mettre dans le même sac tous les accords commerciaux » de libre-échange. « C'est de la démagogie », a-t-il encore dénoncé.

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 26/03/2024 à 9:10
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C'est ce que l'on appelle la "démocratie" moderne... on élimine ce qui est inutile !

à écrit le 25/03/2024 à 19:19
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Alors si ça c'est pas un aveu d'impuissance totale et donc d'inutilité totale je sais pas ce que c'est. Si vous ne pouvez rien vous servez à quoi sans rire ?

à écrit le 25/03/2024 à 19:13
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Si elle prend vraiment cette posture, Valérie Hayer montre une grande incompétence politique. Dire qu'il est normal que les votes de l'Assemblée et du Sénat (le législateur) puissent être bloqués par l'exécutif est absurde et contraire au principe mê...

à écrit le 25/03/2024 à 18:36
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Quand on vous dit que le FREXIT est la seule solution pour les arrêter !

à écrit le 25/03/2024 à 16:14
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en 10 ans 100000 exploitations agricole ont disparu en France ! la FSNEA souhaite un plan de cessation pour celles en difficultés ( un peu curieux ) que cache donc ces mesures éventuelles. ? des exploitations industrielles proba...

le 25/03/2024 à 17:18
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Non , de petites et moyennes exploitations trouvent déjà leur place en misant sur la qualité , en vendant leurs productions sur les marchés locaux et en transformant quand elles le peuvent , en maitrisant leurs investissements , j'en connait plusieu...

à écrit le 25/03/2024 à 16:13
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en 10 ans 100000 exploitations agricole ont disparu en France ! la FSNEA souhaite un plan de cessation pour celles en difficultés ( un peu curieux ) que cache donc ces mesures éventuelles. ? des exploitations industrielles proba...

à écrit le 25/03/2024 à 14:54
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Passons sur le cas de Mme Hayer qui est peu ou prou un clone de Mme Nathalie Loiseau. On comprend vite quels agriculteurs et quel modèle d'agriculture elle représente. Nous savons depuis le refus par le peuple du projet de traité constitutionnel eu...

à écrit le 25/03/2024 à 13:45
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Donc à quoi servent le sénat et le parlement dans ce cas ? Si la démocratie n'est plus considérée utile, si c'est L'UE et le gouvernement qui décident pour tout, alors supprimons ces assemblées et les émoluments qui vont avec non ? Incroyable !

à écrit le 25/03/2024 à 13:33
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un mot sur la precipitation du'un etat europe federale il faut que celui ci soit enterine par les peuples d'europe avec la vision socialiste c'est a dire un vote tous les dix ans et ceux renouveler cinq fois et interdit de faire voter une assemb...

à écrit le 25/03/2024 à 13:08
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dans ce cas c'est un rejet de la democratie depute et senateur ne serve a rien alors pas plus que ministre et president et il faut demander au peuple si souhaite oui ou non cet accord

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