Allemagne  : Scholz au soutien du traité de libre-échange Mercosur, Attal réaffirme l'opposition de la France

A l'occasion de la visite de Gabriel Attal lundi à Berlin, le chancelier allemand Olaf Scholz a réaffirmé son soutien à l'accord commercial entre l'UE et les pays du Mercosur, auquel s'oppose la France, mettant en avant les « perspectives de croissance » pour l'Europe. Malgré ce désaccord, « 2024 sera une année spéciale pour les relations franco-allemandes », a fait valoir le chancelier, avec notamment la visite d'Etat d'Emmanuel Macron en Allemagne fin mai.
« L'amitié franco-allemande fait partie des grandes chances de notre histoire », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz après sa rencontre avec le chef du gouvernement français.
« L'amitié franco-allemande fait partie des grandes chances de notre histoire », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz après sa rencontre avec le chef du gouvernement français. (Crédits : FABRIZIO BENSCH)

La colère du monde agricole dans plusieurs pays de l'UE, dont la France et l'Allemagne, est venue percuter les négociations avec les pays du Mercosur. Elles ont été au menu de la rencontre à Berlin, lundi, entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre français, Gabriel Attal qui ont campé sur leurs positions.

« L'Allemagne est un pays qui est très attaché au libre-échange (...) et je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que nous avons besoin de tels accords, car ils ont une grande importance géostratégique », a déclaré le chancelier lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre français Gabriel Attal à l'issue de leur entretien en tête à tête, qui a duré une demi-heure.

« Les négociations avec les pays du Mercosur sont en cours depuis 20 ans déjà. Il n'est pas si étonnant qu'on ait le sentiment qu'elles doivent aboutir et que l'on souhaite qu'elles aboutissent ».

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« Les conditions ne sont pas réunies »

Le Premier ministre français a, lui, réitéré la position de refus de Paris concernant cet accord que négocie la Commission européenne.

« Je veux rappeler que l'Europe, c'est un continent de commerce, et évidemment qu'on a besoin d'avoir des relations commerciales avec des pays, avec des continents en dehors de l'Europe », a déclaré Gabriel Attal, qui effectue à Berlin sa première visite à l'étranger.

Mais « il y a des accords pour lesquels, du point de vue de la France, les conditions ne sont pas réunies. Et je le redis ici du point de vue de la France, le président de la République l'a dit, j'ai eu l'occasion de le dire aussi, les conditions ne sont pas réunies pour nous sur l'accord Mercosur », a-t-il martelé.

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Emmanuel Macron a effet plus d'une fois réaffirmé son opposition à cet accord commercial dont les règles ne sont à ses yeux pas « homogènes » avec les règles européennes. Il a ainsi exigé des « mesures claires » pour les importations de poulets et de céréales d'Ukraine.

De son côté, l'Allemagne reste l'un des plus fervents soutiens au traité avec les pays latino-américains. Et pour cause, il promet d'élargir les débouchés de sa puissante industrie exportatrice, en difficultés depuis plusieurs mois. Malgré ce désaccord, « 2024 sera une année spéciale pour les relations franco-allemandes », a fait valoir le chancelier, avec notamment la visite d'Etat d'Emmanuel Macron en Allemagne, fin mai.

Faire barrage aux « populistes »

Gabriel Attal a ainsi mis son déplacement à Berlin sous le signe du « sursaut franco-allemand ».

« On mesure la force de l'Europe à la solidité de l'amitié franco-allemande, que nos deux nations avancent ensemble et l'Europe accélère, se développe et retrouve ses habits de puissance » plutôt que « nos deux nations se divisent et l'Europe tout entière hésite », a affirmé le chef du gouvernement français.

« L'amitié franco-allemande fait partie des grandes chances de notre histoire », a abondé le chancelier allemand Olaf Scholz.

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Devant la communauté française à l'ambassade de France, Gabriel Attal a mis en garde contre la « brèche de la division » entre les deux pays. « C'est celle qu'attendent les populistes, celle dont se repaissent les extrêmes, guettant la moindre de nos différences pour flatter les plus bas instincts et tenter de saborder l'Europe », a-t-il averti, alors que l'extrême droite est donnée favorite en France et dans d'autres pays aux élections

Les incertitudes liées aux guerres, à l'inflation, au réchauffement climatique « donnent une dynamique aux mouvements populistes d'extrême droite », a aussi constaté Olaf Scholz, « convaincu que nous arriverons à la surmonter à condition qu'Allemagne et France se concertent étroitement et agissent en commun ».

L'Allemagne veut construire jusqu'à quatre centrales électriques à gaz

L'Allemagne a confirmé lundi son projet de développement massif de nouvelles centrales à gaz, convertibles à l'hydrogène, éléments-clé, mais aussi controversés de la transition énergétique du pays. Concrètement, l'Allemagne veut construire jusqu'à quatre centrales électriques à gaz d'une capacité de 2,5 gigawatts chacune, devant faire l'objet d'un appel d'offre « à court terme », a indiqué le gouvernement dans un communiqué lundi. Selon le magazine Spiegel, l'appel d'offres pour la première centrale sera lancé cet été.

Ces centrales devront être « Hydrogen-ready », c'est-à-dire conçues pour être converties au fonctionnement à l'hydrogène « entre 2035 et 2040, à partir d'une date de transition à fixer en 2032 », précise le gouvernement. L'Allemagne a absolument besoin de ces centrales électriques pour compenser l'intermittence de l'approvisionnement en énergie solaire et éolienne. C'est la seule manière pour le pays industrialisé, qui a fermé ses centrales nucléaires et doit abandonner progressivement le charbon, de garantir la stabilité du réseau.

Mais le rôle de transition que doivent jouer pendant encore plus de dix ans les centrales thermiques au gaz, qui utilisent donc un combustible fossile, est critiqué par les défenseurs du climat. Les 10 nouveaux gigawatts que veut installer le gouvernement reviennent à augmenter d'un tiers la puissance de centrales thermiques au gaz déjà disponible en Allemagne.

(Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 07/02/2024 à 2:35
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L Allemagne est favorable a ces traites quand ca va dans lz bon sens pour son industrie et son commerce exterieur.. meme si ca sacrifie l agriculture europeenne

à écrit le 06/02/2024 à 15:16
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"De son côté, l'Allemagne reste l'un des plus fervents soutiens au traité avec les pays latino-américains " L'article ne précise pas si les agriculteurs allemands sont favorable au Mercosur

le 07/02/2024 à 0:05
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Les agriculteurs allemands sont contre les règles du libre échange mais en Allemagne la population ne les soutient pas et les politiques pas du tout ! ils passent en force seuls l ´industrie les intéressent ..

le 07/02/2024 à 0:05
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Les agriculteurs allemands sont contre les règles du libre échange mais en Allemagne la population ne les soutient pas et les politiques pas du tout ! ils passent en force seuls l ´industrie les intéressent ..

à écrit le 06/02/2024 à 12:53
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Comme d´habitude, le gouvernement allemand (de droite ou de gauche) suit ce que disent les grandes groupes (et les familles possèdantes), qui ne voyent leur existence que dans l´export. Les Allemands pourraient peut-être consommer leurs productions? ...

à écrit le 06/02/2024 à 12:14
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L'amitié existe entre les peuples, mais pas entre les États. Comme chacun le sait, les États n’ont pas d’amis. Les États ont des intérêts. Je vois le problème des relations franco-allemandes dans le fait que les perspectives et les intérêts des deux ...

à écrit le 06/02/2024 à 12:08
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L’accord de libre-échange du Mercosur revêt une importance économique et politique pour l’Europe. Si aucun accord n’est trouvé, les États du Mercosur se tourneront vers la Russie et la Chine. Dans chaque contrat, les parties contractantes doivent fai...

à écrit le 06/02/2024 à 12:07
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Construire une centrale à gaz ça coûte "peanuts" par rapport à une centrale nucléaire. Quant à l'Allemagne, il faut bien qu'elle trouve des débouchés pour ses voitures et machines-outils a un moment où la Chine ne va pas trop bien et les exportatio...

à écrit le 06/02/2024 à 9:46
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Les échanges de produit manufacturé contre des produits agricoles ne favorisent que la Deutchland et ses satellites pendant que les autres absorberont obligatoirement les surplus du tiers monde !

le 07/02/2024 à 11:41
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@ Non mais Ce n'est pas vrai. Un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur serait également bénéfique pour l'industrie française. Mais les politiques français craignent que leurs agriculteurs ne se révoltent.

à écrit le 06/02/2024 à 8:42
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Les extrêmes ont bon dos. Ils ne sont pas au pouvoir. Par ailleurs, les désaccords franco-allemands sont profonds. Cela fait très longtemps que les problèmes sont mis sous le tapis. Écarts de compétitivité, politiques économiques allemandes non coopé...

le 06/02/2024 à 15:47
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+1

à écrit le 06/02/2024 à 7:30
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L'enfer néolibéral est pavé de bonne conscience socialiste.

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