Good COP, Bad COP à Dubaï ?

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Pour la première fois, une COP évoque la fin des énergies fossiles. Mais sans engagement précis dans l'accord final, cela fait très opération greenwashing à Dubaï...
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)

L'économiste américain Jeremy Rifkin avait prédit dans son livre « le New Deal vert mondial » (Editions LLL) que la civilisation centrée sur les énergies fossiles s'effondrera d'ici à 2028. Et qu'elle sera remplacée par une nouvelle économie centrée sur les énergies renouvelables, solaire et éolien, sans nucléaire, et sur la révolution numérique. « La civilisation des carburants fossiles, qui est à la base des deux premières révolutions industrielles, s'effondre en temps réel » écrivait-il en 2019, avant la crise Covid. Force est de constater que malgré les confinements pendant la crise sanitaire, non seulement les émissions de CO2 sont reparties de plus belle, mais la consommation de charbon, de gaz et de pétrole n'a fait qu'augmenter. 2023 devrait battre le record d'émissions de 2022 et devenir l'année la plus chaude depuis que l'on mesure le climat.

Le rêve de Rifkin ne s'est pas matérialisé, mais sa prédiction s'est invitée au menu de la COP28 à Dubaï, qui pour la première fois dans l'histoire des COP, envisage d'inscrire dans son projet d'accord final l'objectif d'une sortie voire de « l'élimination progressive » des énergies fossiles.

Bonne nouvelle, mais gare à ne pas crier victoire trop vite. Sortie progressive ne veut pas dire « fin », et la dernière goutte de pétrole n'est ni pour demain, ni pour après-demain. Réduction ou élimination, le cœur de la COP balance, au gré des intérêts des uns et des autres. A suivre pour confirmation le 12 décembre à la fin de la conférence Au moins l'objectif de tripler d'ici 2030 la production d'énergies renouvelables est-il clairement affirmé. Mais il est en trompe-l'œil.

Bonne nouvelle aussi, les négociateurs se sont accordés pour créer un fonds pour les « pertes et dommages » que vont subir les pays pauvres, qui devrait être doté au compte-goutte. Les Emirats arables unis ont promis un fonds de 30 milliards de dollars.

Mais c'est surtout entre pays riches que la bataille de l'énergie se joue. A la veille d'une journée consacrée à défendre le rôle du nucléaire civil dans le mix énergétique, sous l'impulsion d'une alliance portée par la France, le président Macron ne s'est pas privé d'une pique à notre voisin allemand qui n'a cessé de freiner nos ambitions dans l'atome, en plaidant pour que les pays du G7 sortent du charbon d'ici... 2030. Soit avant que le premier nouvel EPR français commence à produire ses premiers watts.

Philippe Mabille

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Commentaires 2
à écrit le 02/12/2023 à 12:12
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Tiens je lis juste qu'une contre COP 28 a eu lieu à Bordeaux, en même temps que cette énième COP... ulation entre politiciens et hommes d'affaires, organisée par des scientifiques qui en appellent à la désobéissance civile du fait d'une situation éco...

à écrit le 02/12/2023 à 9:11
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Les riches peuvent dire et faire ce qu'ils veulent dans notre monde qui s'en écroule or les monarchies pétrolières concentrent certainement les gens les plus riches du monde.

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