Élections aux îles Salomon : le Premier ministre sera désigné le 2 mai

Les îles Salomon choisiront leur Premier ministre ce jeudi 2 mai, le scrutin de la mi-avril n'ayant pas permis aux principaux partis d'obtenir une majorité absolue. Le sortant et pro-Pékin, Manasseh Sogavare, ne se représentera pas, mais rien n'assure encore que son successeur ne continuera pas sa politique de rapprochement avec la Chine.
Le futur ex-dirigeant des îles Salomono s’est déclaré confiant dans le fait que son parti puisse réunir une courte majorité de 28 sièges et rester ainsi au pouvoir.
Le futur ex-dirigeant des îles Salomono s’est déclaré confiant dans le fait que son parti puisse réunir une courte majorité de 28 sièges et rester ainsi au pouvoir. (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)

Après le scrutin du 17 avril dernier, qui a permis de renouveler le Parlement, c'est au tour du Premier ministre des îles Salomon d'être désigné. Pour cela, les élus des différents partis se réuniront à partir de ce jeudi 2 mai au parlement, comme annoncé ce lundi par le gouverneur général David Vunagi, dans une note écrite.

Les parlementaires tenteront de former une majorité, aucun des deux principaux partis n'ayant obtenu la majorité absolue requise pour désigner un Premier ministre dans ses rangs à l'issue du scrutin. Le Premier ministre sortant, Manasseh Sogavare, a en effet seulement réussi à conserver son siège. Avec seulement 15 sièges sur 50, son parti baptisé « Our Party » est donc loin de la majorité nécessaire.

Le vote, secret, se tiendra à huis clos. Le processus de désignation est d'ailleurs particulier : celui qui obtient la majorité absolue l'emporte, mais si aucun n'obtient le nombre de votes requis dès le premier tour, les candidats ayant le score le plus faible sont éliminés au fur et à mesure des tours du scrutin.

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Coalition en préparation

Impossible de savoir, pour l'heure, qui est en passe de l'emporter. Le Premier ministre sortant, Manasseh Sogavare, ne fera en tout cas pas partie des postulants. Il a annoncé ce lundi que son parti a choisi le ministre des Affaires étrangères, Jeremiah Manele, comme chef de la majorité parlementaire, faisant de lui de facto son candidat. Mais le futur ex-dirigeant s'est déclaré confiant dans le fait que son parti puisse réunir une courte majorité de 28 sièges et rester ainsi au pouvoir. Il a par ailleurs estimé qu'il avait « été continuellement calomnié dans les médias » et a accusé ses adversaires d'avoir soumis sa famille à « des agressions verbales sans précédent ».

Outre Our Party, les deux principaux partis rivaux ont obtenu 12 sièges à eux deux. Ils auraient fait alliance avec deux autres partis d'opposition, selon des médias, réunissant au total 20 sièges, ce qui nécessite encore de former une coalition plus large pour avoir une chance de gouverner.

Un petit pays qui suscite l'intérêt

Les négociations qui s'annoncent pour une coalition devraient en tout cas être suivies de près par les grandes puissances. Car, bien qu'il soit l'un des pays les moins développés de la planète, l'archipel de quelque 720.000 habitants est devenu ces dernières années le théâtre d'une bataille diplomatique intense opposant la Chine à ses rivaux occidentaux. Il intéresse autant, car il offre un accès idéal aux routes maritimes du Pacifique. Et occuper une base militaire sur cet archipel permettrait à toute puissance de bloquer le trafic maritime venant des Amériques vers l'Asie du Sud-Est.

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C'est justement ce que craignent les États-Unis et l'Australie, partenaires traditionnels des îles, à propos de la Chine. Car Pékin jouit déjà d'une certaine influence dans l'archipel. Après leur indépendance du royaume britannique en 1978, les îles Salomon ont établi d'étroites relations diplomatiques avec Taïwan, l'un de ses premiers partenaires étrangers. Mais ces liens ont été brusquement rompus en 2019, lorsque Manasseh Sogavare, fraîchement élu, a apporté son soutien à la position de la « Chine unique » prônée par Pékin. C'était d'ailleurs Jeremiah Manele, en tant que ministre des Affaires étrangères, qui avait fait le voyage pour formaliser l'ouverture de relations diplomatiques entre les deux pays. Par la suite, leurs liens se sont encore resserrés, avec la signature en 2022 d'un pacte de sécurité. Si les détails de cet accord demeurent obscurs, reste qu'il a déjà permis l'expansion rapide des intérêts chinois dans l'archipel.

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Manasseh Sogavare a promis de renforcer ces liens avec la Chine s'il était réélu, position que risque bien de conserver Jeremiah Manele. De leurs côtés, les partis rivaux à celui du Premier ministre sortant se sont au contraire exprimés en faveur d'une réduction de l'influence Pékin.

(Avec AFP)

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