Elections en Turquie : Erdogan revendique la victoire, son adversaire affirme être en tête

Le président sortant revendique l'obtention de la majorité dès le premier tour. Son opposant dénonce une manipulation et affirme être légèrement en tête du scrutin. Les électeurs se sont déplacés en masse pour élire leur futur président mais aussi leurs députés. Les résultats devraient s'affiner dans la soirée.
(Crédits : Reuters)

La Turquie, qui s'est massivement pressée aux urnes dimanche, était suspendue en  début de soirée à la bataille de chiffres engagée entre le président Recep Tayyip Erdogan, donné en tête par les médias officiels, et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu qui revendique une légère avance.

L'enjeu du scrutin pour les 64 millions d'électeurs est de choisir le treizième président de la République turque, qui fête son premier siècle, et l'avenir du chef de l'Etat qui espère se maintenir au pouvoir à l'issue du vote que les sondages annonçaient serré. Outre l'élection présidentielle, il y a des élections législatives pour désigner les 600 députés qui siègeront au parlement monocaméral à Ankara.

Recep Tayyip Erdogan, âgé de 69 ans, obtiendrait la majorité dès le premier tour avec plus de 52 % des voix contre moins de 41% à son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, selon les chiffres donnés par l'agence étatique Anadolu, mais qui sont susceptibles d'évoluer fortement dans les prochaines heures. Le troisième candidat en lice, Sinan Ogan, est crédité d'environ 5% des voix.

L'opposition a immédiatement dénoncé ces résultats. « Nous sommes en tête », a affirmé Kemal Kiliçdaroglu. L'un de ses bras droits, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, s'exprimant au siège du parti « au nom de Kemal Kiliçdaroglu », a appelé « les citoyens à ne pas tenir compte des chiffres donnés par Anadolu », agence de presse, selon lui, « sous respirateur artificiel depuis 2019 » et qui « a perdu toute respectabilité ». Une allusion à la tutelle du pouvoir sur les principaux grand médias turcs.

Star montante de l'opposition, Ekrem Imamoglu avait vu son élection à la mairie d'Istanbul invalidée en 2019, avant d'être confirmée avec éclat dans les urnes trois mois plus tard.

Le taux de participation n'est toujours pas connu

Toute la journée, dès l'ouverture des bureaux jusqu'à la dernière minute, les électeurs sont allés en masse attendant parfois plusieurs heures devant les écoles transformées en bureaux de vote. Le taux de participation, apparemment élevé, n'a toujours pas été dévoilé.

Le vainqueur doit obtenir une majorité de 50% des voix plus une, sous peine d'un deuxième tour le 28 mai - date anniversaire symbolique du plus grand mouvement de contestations populaire qui a secoué le pouvoir en 2003.

En 2018, lors de la dernière présidentielle, le chef de l'Etat l'avait emporté au premier tour avec plus de 52,5 % des voix. Un ballotage constituerait déjà pour lui un revers.

Le président sortant a promis de respecter le verdict des urnes, surveillées par des centaines de milliers de scrutateurs des deux camps et dont il a toujours tiré sa légitimité.

Arrivé à la mi-journée dans son bureau de vote d'Üsküdar, quartier conservateur sur la rive asiatique d'Istanbul, Recep Tayyip Erdogan, les traits tirés, a souhaité « un avenir profitable au pays et à la démocratie turque », soulignant « l'enthousiasme des électeurs » en particulier dans les zones affectées par le séisme du 6 février qui a fait au moins 50.000 morts.

De son côté à Ankara, Kemal Kiliçdaroglu se voulait confiant. « La démocratie nous a manqué. Vous verrez, le printemps va revenir dans ce pays, si Dieu le veut, et il durera pour toujours », a-t-il déclaré en reprenant un de ses slogans de campagne.

Front uni de six partis

L'opposant emmène un front uni de six partis de la droite nationaliste au centre gauche libéral. Il a en outre reçu le soutien du parti prokurde HDP, troisième force politique du pays. Kemal Kiliçdaroglu a joué la carte de l'apaisement, promettant le rétablissement de l'Etat de droit et le respect des institutions, malmenées au cours des dix dernières années par la dérive autocratique de Recep Tayyip Erdogan.

Ce dernier se présente cette fois devant un pays usé par une crise économique, avec une monnaie dévaluée de moitié en deux ans et une inflation qui a dépassé les 85% à l'automne.

(avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 15/05/2023 à 9:55
Signaler
Erdogan tout comme Trump et un certain Melanchon ne reconnaissent jamais la défaite (ni rien du tout d'ailleurs). Erdogan qui détient tous les pouvoirs sera réélu évidemment de manière frauduleuse. La corruption est au centre de son pouvoir, il ne pe...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.