En Chine, la croissance se stabilise en attendant le bras de fer avec Trump

La Chine a vu sa croissance économique faire mieux que prévu au premier trimestre, à 6,8% contre 6,5%. Elle a été soutenue par une consommation robuste, et ce, malgré un ralentissement de sa production industrielle, d'une campagne contre les risques financiers et de frictions commerciales avec les États-Unis.
Alors que la production industrielle chinoise s'est nettement accélérée en janvier-février, elle s'est essoufflée en mars, progressant de 6% sur un an.
Alors que la production industrielle chinoise s'est nettement accélérée en janvier-février, elle s'est essoufflée en mars, progressant de 6% sur un an. (Crédits : Reuters)

L'économie chinoise ne semble pas être particulièrement affectée par les frictions commerciales avec les États-Unis. Dévoilé mardi par le Bureau national des statistiques (BNS), le PIB du géant asiatique a progressé sur les trois premiers mois de l'année au même rythme qu'au dernier trimestre de 2017. Il s'établit à 6,8%, donc au-dessus de l'objectif de 6,5% fixé par l'exécutif chinois et légèrement supérieur aux prévisions de certains analystes qui tablaient, au contraire, sur un léger essoufflement de l'économie chinoise (+6,7%).

Ces derniers pointaient notamment le refroidissement du crucial secteur immobilier, un des principaux piliers du PIB, et le durcissement du crédit, à l'heure où Pékin s'efforce d'endiguer l'endettement colossal du pays (plus de 250% du PIB !) et les risques financiers qui y sont liés, quitte à freiner le financement de l'activité.

La production industrielle s'essouffle en mars. L'effet des mesures antipollution ?

De fait, la production industrielle chinoise s'est fortement essoufflée en mars, progressant de 6% sur un an, et en-deçà des prévisions des analystes sondés par Bloomberg (+6,3%). La production industrielle avait, en revanche, nettement accéléré (+7,2%) en janvier-février, soutenue par une demande internationale solide et un bond des exportations - en dépit d'une vaste campagne antipollution qui avait entraîné de nombreuses fermetures d'usines dans le pays.

Pays le plus polluant au monde, la Chine lance en effet depuis quelques mois de grandes opérations contre le fameux "smog" (brume épaisse), notamment dans la région de Pékin-Tianjin-Hebei, la plus affectée par la pollution de l'air.

Un article du Temps se penche davantage sur l'action volontariste de l'exécutif chinois en matière d'environnement : il a exigé que 28 villes situées dans cette région diminuent leurs émissions de CO2 de 15% d'ici à mars 2018. Certaines usines ont ainsi été fermées, notamment les plus petites d'entre elles dépourvues de filtres à air et/ou qui opèrent de façon illégale à proximité de zones résidentielles. L'usage de charbon pour se chauffer a, lui aussi, été interdit, favorisant le gaz.

Conséquence : le prix de l'aluminium, de l'acier, du nickel et du zinc ont explosé, en raison des coupes dans la production chinoise et peut-être, entre autres, du gel des travaux de construction à Pékin cet hiver décrété par le gouvernement chinois.

Lire aussi : La Chine éclipse l'UE sur l'investissement dans le solaire en 2017

Une croissance dopée par la forte consommation des ménages

Par ailleurs, la conjoncture reste dopée par une consommation intérieure toujours très solide : les ventes de détail, baromètre des achats des ménages, ont grimpé de 10,1% sur un an en mars, accélérant par rapport à janvier-février (9,7%). C'est là-encore mieux qu'anticipé par le marché, qui tablait sur une simple stabilisation.

Signe en revanche des efforts de désendettement des autorités, les investissements en capital fixe, reflet des dépenses dans les chantiers d'infrastructures, ralentissent : ils ont gonflé de 7,5% sur un an au premier trimestre, contre une hausse de 7,9% sur les deux premiers mois.

De l'avis des experts, sur le reste de l'année 2018, l'intensification de la campagne menée contre les risques financiers devrait continuer à peser sur le crédit et à contenir la croissance.

Sur fond de tensions avec les États-Unis

Par ailleurs, l'économie chinoise reste hantée par le spectre d'une escalade de la crise commerciale entre Pékin et Washington, à l'heure où le président Donald Trump menace de taxer pour 150 milliards de dollars d'importations de produits chinois.

En réponse à la publication par l'administration Trump, le 3 avril, d'une liste provisoire de produits qui pourraient être soumis à ces droits de douane, Pékin a répliqué avec une liste visant des produits américains plus stratégiques dont le soja, l'automobile et l'aéronautiquepour un montant équivalant aux premières mesures annoncées par Washington, soit 50 milliards de dollars.

Ces droits de douane ne sont pas encore appliqués, mais Fitch Rating évalue que leur impact pourrait abaisser le PIB des deux pays de deux points en l'espace de deux ans.

Lire aussi : Mis sous pression par Pékin, Trump menace la Chine de 100 milliards de taxes en plus

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 17/04/2018 à 18:33
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Que l' UE reste à l'écart de cette guerre commerciale stupide ! Pendant que les chinois et les américains s'amusent à saboter leurs relations commerciales, les européens peuvent en profiter pour gagner des parts de marché. Et puis inutile de s'allier...

à écrit le 17/04/2018 à 9:57
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Il est temps que le marché intérieur chinois tienne les promesses que nos actionnaires milliardaires et leurs politiciens nous font depuis des décennies. Il est temps que le dumping social chinois, générant précarité pour les salariés occidentaux...

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