Entrepreneuriat : l'embellie se confirme dans les pays développés

[Graphique] Selon l'OCDE, le nombre de créations d'entreprises est reparti à la hausse dans la plupart des pays développés. Il existe néanmoins de fortes disparités entre certains secteurs comme l'industrie et les services.
Grégoire Normand
Dans tous les pays de l'OCDE, les créations d'entreprises ont été plus rapides dans les services que dans l'industrie.

Le dynamisme entrepreneurial se redresse dans les pays développés. Dans sa dernière édition du Panorama des entrepreneurs publiée en fin de semaine dernière, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a indiqué que dans neuf pays sur 14 étudiés (*), le nombre de créations d'entreprises a évolué à la hausse ces dernières années. Et la France est particulièrement concernée par le phénomène comme l'indique les dernières données de l'Insee.

(La forte hausse observée à partir de 2009 correspond à l'entrée en vigueur du régime des auto-entrepreneurs. Ce statut permet aux salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour accroître leurs revenus avec des démarches simplifiées et un régime fiscal avantageux.)

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Des créations plus rapides dans les services

D'après les données récoltées par l'organisation internationale, les créations d'entreprises ont été bien plus importantes dans le secteur des services que dans celui de l'industrie.

"Les taux de création d'entreprises dans les services ont été plus élevés que dans l'industrie, contribuant à hauteur de deux tiers environ à l'ensemble des créations d'emplois imputables aux nouvelles entreprises en 2014."

En revanche, le poids des emplois industriels sur l'emploi total semble de plus en plus se réduire. En effet, les experts de l'OCDE ont souligné que dans la plupart des économies, les nouvelles entreprises industrielles ont représenté moins de 15 % des créations d'emplois en 2014. Entre 2008 et 2014, l'emploi a baissé dans la totalité des pays de l'OCDE dans le secteur manufacturier sauf en Allemagne et au Luxembourg.

Du côté du secteur des services, les créations d'entreprises ont été particulièrement marquées dans le secteur des activités d'hébergement et de restauration et dans celui des activités professionnelles, scientifiques et techniques.

Des faillites d'entreprises en baisse

Cette embellie est également visible au niveau des faillites d'entreprises. À la fin de 2016, le nombre de faillites était revenu à son niveau d'avant la crise, voire en deçà, dans la plupart des pays.

"Et même dans les pays où le niveau des faillites demeurait plus élevé qu'en 2007, en particulier en Espagne, en Islande et en Italie, les évolutions observées au début de l'année 2017 commencent à laisser entrevoir des améliorations."

En France, les dernières données du cabinet d'études Altares, vont dans le même sens que le document de l'OCDE. Le nombre de défaillances d'entreprises a baissé de 7,8% sur un an au deuxième trimestre 2017. Quelque 12.925 défaillances d'entreprises ont ainsi été enregistrées sur la période, du jamais vu depuis vingt ans.

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Des taux d'emploi à la hausse

Sur le front de l'emploi, les indicateurs sont également au vert pour les auteurs du rapport. Ce dynamisme serait particulièrement porté par les petites et moyennes entreprises.

"Les taux d'emploi se sont également redressés dans de nombreux pays et, dans la plupart, les petites et moyennes entreprises (PME), jeunes et anciennes, ont été le principal moteur de la croissance de l'emploi."

Le constat de l'OCDE rejoint ainsi celui de l'institut national de la statistique qui a publié des chiffres illustrant une dynamique similaire sur le marché du travail à la fin du mois d'août dernier. Ainsi, le taux d'emploi des 15-64 ans au second trimestre 2017 a augmenté de 0,5 point et s'établit à 65,3%, sa valeur la plus élevée depuis 1980 selon les chiffres de l'institut.

 > Lire aussi : Le taux d'emploi atteint un record en France

 Au niveau du secteur manufacturier, la croissance de l'emploi dans la zone euro a été plus rapide dans les grandes entreprises que pour les PME. Les économistes du Château de la Muette expliquent une telle différence par les effets de la crise qui auraient été plus importants pour les petites entreprises.

Une hausse du travail indépendant

La tendance générale observée dans la plupart des pays développés repose sur l'augmentation du nombre de travailleurs indépendants ayant seulement une activité à temps partiel.

"Le travail indépendant à temps partiel a connu une progression considérable au cours des dix dernières années, ce qui tient en partie aux nouvelles possibilités offertes par l'émergence de "l'économie à la demande", c'est‑à‑dire par l'essor de formes d'emploi flexibles, qui complètent les emplois à temps plein ou s'y substituent."

 L'émergence et le développement de l'économie de plateforme dans les services de transport et de livraisons par exemple, ont favorisé l'essor du travail indépendant. Mais il est nécessaire de rappeler que dans certains pays comme la France, le salariat garde une place prépondérante sur le marché du travail. Une enquête de l'Insee publiée fin 2015 rappelait à juste titre que le salariat reste très majoritaire. Les salariés représentent 88,5 % des actifs occupés en France métropolitaine contre 11,5% pour les non-salariés. "Une proportion qui reste stable ces dernières années" malgré la mise en place de statut favorisant le développement de micro-entreprises. Et parmi les salariés,  85,6 % sont en contrat à durée indéterminée (CDI), 10,4 % en contrat à durée déterminée (CDD), 2,5 % en intérim et 1,6 % en apprentissage. Ce qui tend à relativiser le constat de l'OCDE.

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Par ailleurs, les auteurs du rapport restent eux-mêmes prudents sur l'usage du nombre de travailleurs indépendants comme indicateur du dynamisme entrepreneurial.

"L'émergence des travailleurs à la demande soulève de nouvelles questions sur l'opportunité d'utiliser la proportion de travailleurs indépendants ou leur nombre comme variable indicatrice de l'ampleur de l'entrepreneuriat, la relation entre économie à la demande et activité entrepreneuriale n'étant aucunement évidente. Les acteurs de l'économie à la demande peuvent, certes, être de petits entrepreneurs, mais nombre des travailleurs à la demande fournissent leurs services dans des conditions qui présentent de fortes similitudes avec la situation des salariés classiques, notamment en l'absence de risque. "

 Ouverture à l'international grâce au numérique

La démocratisation des outils numériques et la baisse de leur coût ont permis aux micro-entreprises d'accéder à des marchés étrangers avec beaucoup plus de facilités rappelle l'OCDE. En s'appuyant sur les données de l'enquête sur l'avenir des entreprises (Future of Business Survey) réalisée par Facebook, l'OCDE et la Banque mondiale auprès de PME présentes sur internet, les économistes montrent que les travailleurs sans salariés peuvent réaliser une part importante de leurs activités à l'exportation, "en capitalisant sur les outils numériques, malgré la petite taille de leur entreprise".

"Deux entreprises exportatrices sur trois ont répondu que plus de la moitié de leur chiffre d'affaires international dépendait d'outils en ligne, et près de la moitié (45 %) ont indiqué que plus de 75 % de leur chiffre d'affaires international étaient tributaires d'outils en ligne."

(*)  Il s'agit de l'Australie, de la Belgique, des États-Unis, de la France, de la Hongrie, de l'Islande, de la Norvège, des Pays-Bas et de la Suède.

(**) Le taux d'emploi est défini comme la part des personnes ayant un emploi parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans, exprimée en pourcentage.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 03/10/2017 à 10:18
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"Des créations plus rapides dans les services" Oui, et de suppressions d'emplois aussi sans parler des délocalisations qui se multiplient dans les pays à bas coût.

à écrit le 03/10/2017 à 8:57
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L'Insee et les autres instituts de statistiques ont leur politique aux niveaux des chiffres ( qui ne sont pas représentatif) de la réalité. En 2015 , cette embellie était déjà indiquée dans la plupart des sources d'informations , nous connaissons la...

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