Etats-Unis : la croissance a doublé au troisième trimestre, portée par la consommation des ménages

Au troisième trimestre 2023, les Etats-Unis ont vu la croissance doubler, atteignant 4,9% en rythme annualisé. Elle est notamment portée par une forte consommation des ménages, et ce, malgré l'inflation.
Si l'on compare simplement au trimestre précédent, la croissance aux Etats-Unis est de 1,2%.

[Article publié le jeudi 26 octobre 2023 à 15h17 et mis à jour à 16h40] La Réserve fédérale américaine va-t-elle pouvoir procéder à un desserrement de sa politique monétaire ? Peut-être bien avec ce nouvel indicateur économique positif tombé aujourd'hui : la croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est encore accélérée au troisième trimestre. Elle atteint désormais 4,9% en rythme annualisé, plus du double du deuxième trimestre, portée notamment par une forte consommation des ménages, selon la première estimation du département du Commerce, publiée ce jeudi 26 octobre.

« Je n'ai jamais cru que nous aurions besoin d'une récession pour faire baisser l'inflation », a réagi le président Joe Biden, dans un communiqué.

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Comme à son habitude, le démocrate, qui espère être réélu à la Maison Blanche en 2024, a attribué le mérite de cette solide croissance aux mesures mises en place depuis son élection : « C'est un témoignage de la résilience des consommateurs et travailleurs américains, soutenus par les Bidenomics », surnom donné à sa politique économique.

Si l'on compare simplement au trimestre précédent, la croissance est de 1,2%. Elle était, au deuxième trimestre, de 2,1% en rythme annualisé, et de 0,5% par rapport au trimestre précédent. De fait, les ménages américains ont continué de consommer, alimentant ainsi le principal moteur de l'économie américaine.

« L'investissement immobilier a également rebondi après le déclin des neuf trimestres précédents », relève Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics, dans une note.

Une inflation encore trop élevée pour la Fed

Selon l'experte, la croissance devrait perdurer au quatrième trimestre, mais à un rythme « significativement » ralenti, en raison notamment de dépenses moins fortes des ménages : les hausses de taux « devraient avoir un impact plus important sur les consommateurs et les entreprises à l'avenir ».

Ces derniers mois, La Fed a relevé ses taux à 11 reprises depuis mars 2022. Ceux-ci se trouvent désormais dans la fourchette de 5,25-5,50%, au plus haut depuis 2001. La prochaine réunion de la Fed est prévue mardi et mercredi prochains. En l'état, la politique monétaire américaine ne devrait pas radicalement changer.

L'inflation aux Etats-Unis reste trop élevée, a estimé la semaine passée le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, insistant sur la nécessité d'avancer « prudemment » pour ne pas nuire à l'économie, sans exclure toutefois de relever encore les taux si nécessaire. Il a par ailleurs souligné que « les tensions géopolitiques sont très élevées et posent des risques importants pour l'activité économique mondiale ».

« L'inflation est encore trop élevée, et quelques mois de bons chiffres ne sont que le début de ce qu'il faudra pour être certains que l'inflation baisse durablement vers notre objectif » de 2,0%, a martelé le président de la Fed.

La BCE, elle, laisse ses taux inchangés

Mais, a-t-il averti, « le chemin risque d'être semé d'embûches et de prendre du temps ». L'inflation est restée stable sur un an en septembre aux États-Unis, à 3,7% sur un an, selon l'indice CPI publié par le département du Travail. Elle a toutefois ralenti sur un mois, pour la première fois depuis mai. L'indice PCE, privilégié par la Fed, sera lui publié le vendredi 27 octobre.

Jerome Powell n'a pas exclu la possibilité de relever encore les taux, en cas de « signes supplémentaires d'une croissance durablement supérieure à la tendance », ou si les tensions sur le marché du travail cessent de s'atténuer. Ces facteurs « pourraient (...) justifier un nouveau resserrement de la politique monétaire », selon lui. Les économistes ont majoritairement lu dans les propos de Jerome Powell la fin des relèvements de taux. La quasi-totalité des acteurs du marché anticipent désormais un maintien des taux à leur niveau actuel lors de la prochaine réunion, selon l'évaluation de CME Group. « La Fed a terminé son cycle de resserrement », a commenté Gergory Daco, chef économiste pour EY Parthenon, la semaine passée.

La Banque centrale européenne (BCE), elle, a laissé ses taux inchangés ce jeudi, après dix hausses d'affilée. Une pause nécessaire et attendue, le temps d'évaluer l'impact du resserrement monétaire au moment où l'inflation ralentit en zone euro. Le principal taux directeur rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro, a ainsi été maintenu à son niveau historiquement haut de 4%, qu'il avait atteint en septembre.

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« L'inflation s'est inscrite en net recul en septembre », ont noté les gardiens de l'euro à l'issue de leur réunion tenue hors-les-murs à Athènes. Mais « elle devrait toujours rester trop forte pendant une trop longue période » au regard de l'objectif d'une inflation à 2%, ont-ils ajouté. Pour la BCE, il semble donc urgent d'attendre et de voir comment les taux vont continuer à peser sur l'économie et sur les prix.

La pause dans le resserrement monétaire devrait également permettre de mieux évaluer l'effet des tensions géopolitiques liées à la guerre entre Israël et le Hamas, qui font craindre une flambée du coût du pétrole et de l'énergie. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait laissé entendre ces dernières semaines que la trajectoire de hausse des taux sans précédent, amorcée en juillet 2022, touchait à sa fin et que l'institution de Francfort allait entrer dans une phase de stabilisation.

Les commandes de biens durables en hausse

Les commandes de biens durables en septembre ont progressé aux États-Unis, après deux mois consécutifs de baisse, selon les données également publiées ce jeudi par le ministère du Commerce. Le montant total des commandes s'est élevé à 297,2 milliards de dollars, soit une hausse de 4,7% par rapport au mois précédent, pour lequel les données ont en revanche revues à la baisse (-0,1% au lieu de +0,2% annoncé initialement). C'est également nettement mieux que ce qu'anticipaient les analystes, qui tablaient sur une hausse plus modeste, de l'ordre de 1,5%, selon le consensus publié par briefing.com.

Hors transports, dont l'activité est toujours fortement liée aux commandes d'appareils dans le transport aérien et dont les livraisons varient d'un mois sur l'autre, les commandent progressent plus modestement, de l'ordre de 0,5%. Si l'on exclut cette fois les commandes militaires, également très variables d'un mois sur l'autre, la hausse est en revanche bien plus marquée, à 5,8%.

En regardant plus spécifiquement le secteur des transports, en hausse de 12,7% par rapport à août, la progression est intégralement portée par les commandes dans l'aérien civil, quasi multipliées par deux sur un mois, alors que les appareils militaires reculent (-15,2%).

Les autres véhicules routiers, voitures, deux-roues et poids lourds, sont également en recul, mais plus modeste, de 1,1%. Du côté des livraisons, la tendance est, là aussi, en léger recul, de 0,3%, principalement du fait des équipements de transport, en baisse de 1,1%. Les inventaires des entreprises sont à l'inverse en légère hausse, de 0,1%, pour le deuxième mois de suite, alors que les commandes réalisées progressent de manière un peu plus marquée, de 1,4%, neuvième mois de hausse d'affilée.

Les biens considérés comme durables sont ceux utilisés pendant trois ans ou plus, comme les voitures et les appareils électroménagers ou électroniques. Ils sont considérés comme un bon indicateur de la santé de l'économie américaine, qui a vu sa croissance doubler au troisième trimestre, à 4,9% en rythme annualisé, notamment du fait d'une consommation des ménages qui reste forte.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 27/10/2023 à 8:31
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Ben oui l'empire du 20 e et 21e siècle c'est eux et de très nombreux intellectuels européens l'avaient prévu dès le 18 e et 19 e siècle.

à écrit le 26/10/2023 à 21:06
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Un PIB US en 2002 (1an après l'attaque terroriste des Twin Towers) à 10 229 milliards $ avec une dette publique de 6 069 milliards $. Un PIB US en 2009 (1an après la chute de Lehman Brothers) à 14 478 milliards $ avec une dette publique de 12 535 mil...

à écrit le 26/10/2023 à 19:14
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Et la Chine? Eh ben elle va acheter de la dette américaine si elle veut conserver son marché.

le 27/10/2023 à 9:44
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@Valbel89. Oh que non, c'est précisément l'inverse depuis 2009.

à écrit le 26/10/2023 à 16:34
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le taux d'épargne des ménages est à un niveau extrêmement bas de 3,9% (base de données FRED de la Banque Fédérale de St Louis), comparé à près de 19% en France au 2e trimestre (INSEE). la Banque Fédérale de NY vient d'alerter sur le niveau de dette...

le 26/10/2023 à 19:13
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...avec encore + 600 milliards $ de dette en un mois. Tout ceci devient une gigantesque parodie!

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