Etats-Unis : les créations d'emplois marquent le pas en octobre, avec un chômage en légère hausse

Le taux de chômage de la première économie mondiale augmente légèrement au mois d'octobre. Ce ralentissement va de pair avec celui de l'inflation, qui reste toutefois élevé aux Etats-Unis. Les marchés ont réagi positivement à ces chiffres du département américain du Travail.
En octobre, 150.000 emplois ont donc été créés, moitié moins qu'en septembre, a annoncé ce vendredi le département américain du Travail.
En octobre, 150.000 emplois ont donc été créés, moitié moins qu'en septembre, a annoncé ce vendredi le département américain du Travail. (Crédits : ANDREW KELLY)

Conjoncture au ralenti du côté des emplois aux Etats-Unis, avec moins de postes créés au mois d'octobre. Le taux de chômage de la première économie mondiale se retrouve donc en légère hausse, à +3,9%. La grève historique chez les trois grands constructeurs automobiles américains (General Motors, Ford et les marques américaines du groupe international Stellantis) aurait en partie joué sur ce résultat.

En octobre, 150.000 emplois ont donc été créés, moitié moins qu'en septembre, a annoncé ce vendredi le département américain du Travail. Les secteurs de la santé, les emplois publics et l'assistance sociale ont embauché, mais « l'emploi a reculé dans l'industrie manufacturière en raison de la grève », précise le communiqué. Les chiffres sur l'emploi sur les mois d'août et septembre ont par ailleurs été révisés à la baisse : 101.000 emplois de moins qu'initialement annoncés ont été créés sur ces deux mois.

Impacts des grèves dans l'automobile

Les salariés qui avaient cessé le travail sur l'ensemble de la période prise en compte pour calculer l'emploi ne sont en effet pas comptés comme employés, avait précisé ce jeudi Gregory Daco, chef économiste pour le cabinet de conseil EY Parthenon. Cela représente 33.000 des plus de 45.000 grévistes qu'a connus, au plus fort, cette grève inédite de six semaines chez les trois grands constructeurs automobiles installés aux Etats-Unis. La grève touche désormais à sa fin, après des accords de principe conclus avec le principal syndicat du secteur le « United Auto Workers » (UAW).

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Chômage qui reste historiquement bas

Avec une augmentation de seulement 0,1 point, le taux de chômage américain, à 3,9% en octobre, est historiquement bas. « La croissance de l'emploi reste positive, les salaires ralentissent et le taux de chômage est proche de niveaux historiquement bas », a résumé dans une note Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour le cabinet de référence High Frequency Economics (HFE).

« Nous nous attendons à ce que le marché du travail se détende et que l'activité économique ralentisse au fil du temps en réponse à une politique monétaire restrictive » de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed), a-t-elle précisé.

L'inflation en toile de fond

Car le ralentissement du marché de l'emploi, néanmoins, va de pair avec celui de l'inflation. Les Etats-Unis connaissent une importante pénurie de main d'œuvre depuis plus de deux ans, qui a fait flamber les salaires, contribuant à l'inflation. Pour la combattre, la Fed appuie sur les taux afin de faire ralentir la consommation. Elle les a cependant laissés inchangés ce mercredi, comme lors de sa précédente réunion en septembre.

« Le marché du travail reste tendu, mais les conditions de l'offre et de la demande continuent de s'équilibrer », a relevé le président de la Fed, Jerome Powell, mercredi lors d'une conférence de presse. « La réduction de l'inflation nécessitera probablement (...) un certain assouplissement des conditions du marché du travail », avait-il cependant averti.

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Bien que la situation semble se rééquilibrer, doucement, les employeurs rencontrent toujours d'importantes difficultés à recruter. « Si chaque chômeur du pays trouvait un emploi, nous aurions encore environ 3 millions d'emplois disponibles », relevait Stephanie Ferguson, chargée des questions d'emploi à la Chambre de commerce américaine (U.S. Chamber of Commerce), dans une étude publiée mi-octobre.

Pénuries de main d'œuvre

« Les pénuries de main d'œuvre sont plus persistantes » qu'en 2019, a également commenté ce mercredi Nela Richardson, la cheffe économiste chez le cabinet de ressources humaines ADP, lors d'une conférence téléphonique.

Ainsi, lorsqu'un secteur recrute moins, « il est difficile de savoir » si c'est « parce que les entreprises embauchent moins ou parce qu'elles ne trouvent pas de travailleurs ». Le seul secteur privé a créé plus d'emplois en octobre qu'en septembre, avait montré mercredi l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.

Quant aux salaires, ils ont connu leur plus faible hausse depuis fin 2021, mais ont tout de même progressé sur un an de 5,7% pour les travailleurs qui ont conservé le même emploi, et de 8,4% pour ceux qui ont changé.

En Bourse, les investisseurs rassurés

Les signes du fléchissement du marché de l'emploi américain ce vendredi confortaient les investisseurs dans leur espoir d'une politique de la Banque centrale américaine plus souple à l'avenir, faisant baisser les taux et monter les actions.

Les indices américains ont ainsi ouvert en hausse : vers 16h30 heure de Paris, le Nasdaq prenait 0,9%, le Dow Jones 0,6% et le S&P 500 0,87%. Tous les trois se dirigeant vers leur meilleure semaine depuis un an.

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Ce ralentissement est une bonne chose pour les investisseurs, qui espèrent que la détérioration de l'économie va pousser la Banque centrale américaine à mettre de côté les hausses des taux directeurs, utilisées pour lutter contre l'inflation, et même que des baisses de taux pourront être envisagées plus tôt qu'actuellement.

Contexte favorable pour les revendications syndicales

Automobile, santé, restauration, armement, aérien, internet, spectacle, etc: les Américains profitent, depuis plusieurs mois, du pouvoir de négociation procuré par un chômage bas pour réclamer -- et obtenir -- de meilleures conditions, dans un contexte d'inflation élevée. En témoigne les récents accords obtenus par les salariés des trois plus grands constructeurs américains d'automobiles

« Les travailleurs n'ont pas eu autant de force de levier depuis des décennies, et certainement pas depuis la récession de 2008-2009 », a expliqué à l'AFP samedi dernier Susan Schurman, professeure spécialisée sur les relations dans le monde du travail à l'université Rutgers.

Meilleurs salaires, meilleures conditions, garanties sur l'avenir, davantage de sécurité... la panoplie des demandes est vaste. Le fil rouge, ce sont les salaires dans un pays où l'inflation reste encore élevée.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 03/11/2023 à 19:52
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Maintenant que j'ai épinglé l'INSEE et le gouvernement - toujours sur le thème du "micmac", j'avais également accroché au mur le "BLS américain" et l'administration Biden, notamment sur les données non-objectives (édulcorées) en matière des emplois (...

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