
Bonne nouvelle outre-Atlantique : l'inflation a baissé aux États-Unis en octobre. Elle a atteint +3,2% sur un an, contre +3,7% en septembre, selon l'indice CPI publié par le département du Travail ce mardi 14 novembre. C'est la première fois depuis le mois de juin que cette mesure baisse et, sur un mois seulement, elle tombe même à zéro, identique à celle de septembre. Les trois derniers mois, elle était restée stable.
Mieux, les prix à la consommation ont décéléré plus fortement que prévu. Les analystes prévoyaient, en effet, en moyenne pour le mois d'octobre un ralentissement à 0,1% d'un mois sur l'autre et à 3,3% en rythme annuel.
Autre mesure qui a fortement diminué : l'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie. Elle est au plus bas depuis plus de deux ans, à 4% sur un an. Elle est de 0,2% sur un mois, contre 0,3% en septembre. Là aussi, c'est un résultat meilleur que prévu puisque les analystes s'attendaient à ce qu'elle reste stable.
Baisse des prix à la pompe
Dans le détail, les prix de l'essence à la pompe, notamment, ont chuté. Les nuits d'hôtel, voitures d'occasion et billets d'avion, ont aussi coûté moins cher.
En revanche, les prix de l'alimentation sont restés en hausse, de même que les logements, les assurances auto, ou encore les soins de santé.
Ces données inférieures aux attentes ont provoqué sur les marchés une baisse du dollar, qui chutait de 0,73% face à un panier de devises de référence. En parallèle, les rendements des Treasuries à dix ans fléchissaient respectivement de près de 14 points de base et plus de 15 points de base, à 4,4902% et 4,8761%. « Ces données d'inflation plus faibles signifient que le marché aura plus de mal à absorber » de nouvelles hausses de taux, relève Jane Foley, analyste de Rabobank, interrogée par l'AFP.
De quoi conforter la Fed
Les États-Unis semblent sur la bonne voix pour ramener leur niveau d'inflation vers l'objectif des 2% fixé par la Banque centrale américaine (Fed). Pour y parvenir, l'institution monétaire s'est lancée dans une politique de resserrement monétaire depuis mars 2022. Elle a ainsi relevé ses taux directeurs à onze reprises, dans l'optique de faire ralentir la consommation et l'investissement, et donc de desserrer la pression sur les prix. Ce qui, semble-t-il, porte ses fruits.
« Cela (ndlr : les chiffres de l'inflation en octobre) nous indique que la Fed en a fini (avec la remontée des taux), qu'elle n'a plus rien à faire ici », estime Thomas Hayes, président du fonds Great Hill Capital, à New York. Et d'ajouter : « Il faut cependant garder un œil sur le potentiel de déflation, mais pour l'instant, c'est le (scénario) Boucle d'or. C'est ce que la Fed recherchait : ralentir l'inflation, ralentir le marché du travail et en même temps tenir l'économie ».
Un avis partagé par Lindsay James, de Quilter Investors. « Les données d'inflation d'aujourd'hui aux États-Unis ont offert un signal supplémentaire selon lequel le travail de la Réserve fédérale (de rehaussement des taux directeurs) est probablement terminé », estime-t-elle.
Le logement va tirer l'inflation sous-jacente à la baisse
En outre, « il y a eu une forte inversion de la tendance à la hausse sur le logement le mois dernier qui a abouti à une décélération significative du secteur. Cela devrait consolider le statu quo de la Fed en décembre », note Lindsay Rosner, responsable des investissements multisectoriels pour les titres à revenu fixe chez chez Goldman Sachs Asset Management.
« Ce rapport sur l'inflation confirme que le logement va faire baisser tendanciellement l'inflation sous-jacente sur les 6 à 9 mois à venir », confirme Bastien Drut, responsable de la Stratégie et des Etudes économiques qui abonde : « Cela rend encore plus crédible l'hypothèse que le cycle de hausse de taux de la Fed est terminé ».
Et d'ajouter que ce « chiffre va permettre à la Fed d'être plus sereine sur l'inflation, à un moment où le taux de chômage commence à remonter ».
Prudence toujours de mise
La Fed a déjà mis en pause cette stratégie. Lors de ses deux dernières réunions, elle a en effet choisi de maintenir ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50% dans laquelle ils se trouvent depuis juillet, leur plus haut niveau depuis 22 ans. Mais pas question pour le moment de songer à les baisser.
« Une baisse du taux directeur n'est pas susceptible de se produire à court terme. J'adhère à la position selon laquelle les taux vont devoir rester élevés plus longtemps », a prévenu la semaine dernière Patrick Harker, président de la Fed de Philadelphie.
Cela s'explique par les des « décalages » entre les décisions de politique monétaire et leurs effets sur l'économie réelle. La Fed ne s'empêche pas, d'ailleurs, de procéder à de nouvelles hausses dans le futur. Les décisions pourront aller « dans un sens ou dans l'autre, en fonction de ce que nous disent les données », a souligné le responsable.
Ces déclarations font écho à celles d'autres intervenants de la Fed la semaine dernière. Ils ont en effet envoyé un message prudent au marché, indiquant que la bataille contre l'inflation n'est pas encore gagnée et que le resserrement pourrait se poursuivre. Une mise en garde nécessaire puisque les marchés estimaient à 90% la probabilité que la Fed ne remontera plus ses taux dans l'actuel cycle de resserrement, selon le site spécialisé CME FedWatch Tool. La prochaine réunion de la Fed est en tout cas prévue les 12 et 13 décembre.
(Avec agences)
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