Face aux sanctions, il faut "nationaliser la production des entreprises" occidentales, propose le parti de Vladimir Poutine

Tandis que les entreprises étrangères quittent la Russie suite à l'invasion de l'Ukraine, le parti "Russie Unie" propose de mettre la main sur les actifs de ces sociétés privées afin de garantir les emplois et l'approvisionnement. Depuis des années, Vladimir Poutine cherche en effet à rendre son pays autonome, tout en renforçant le contrôle de l'Etat sur l'économie russe.
Andrei Turchak, secrétaire général du Conseil de Russie Unie.
Andrei Turchak, secrétaire général du Conseil de "Russie Unie". (Crédits : Alexander Ryumin/TASS/Reuters)

Industrie, retail, nouvelles technologies... A mesure que le conflit s'enlise en Ukraine, la liste des entreprises occidentales qui ont décidé de fermer tout ou partie de leurs activités en Russie ne cesse de s'allonger de jour en jour. A tel point, que face au risque de voir des milliers de Russes perdre leur emploi, employés par ces groupes étrangers dans les boutiques, les chaînes logistiques ou les fonctions supports, le parti "Russie Unie", celui de Vladimir Poutine, a fait une proposition inédite, rapporte l'agence russe Tass sur son site lundi 7 mars. Le secrétaire général de ce parti classé à droite Andrei Turchak propose de nationaliser la production des entreprises qui ont quitté la Russie.

« L'Occident a déclenché une guerre des sanctions contre la Russie, qui comprenait non seulement des gouvernements, mais aussi des entreprises privées. (...) Russie unie propose de nationaliser les installations de production des entreprises qui annoncent leur retrait et la fermeture des installations de production en Russie pendant l'opération spéciale en Ukraine", a déclaré Andrei Turchak. De quoi justifier, selon ce proche du Kremlin, une reprise en main totale de ces actifs par l'Etat. Car la fermeture de certains lieux de production est une "faillite préméditée", selon le communiqué du parti que rapporte l'agence officielle d'Etat.

D'autant que Vladimir Poutine n'a eu de cesse de dire depuis des années que les représailles économiques - en vigueur depuis 2014 avec l'annexion de la Crimée - doivent être une opportunité pour la Russie de produire ses propres marchandises. Mais si dans l'agroalimentaire ou le textile des progrès ont été faits, pour les technologies, les avancées ont été minimes jusqu'ici.

A noter aussi qu'Andrei Turchak se trouve sur la liste de l'Union européenne visant les proches de Vladimir Poutine, et dont l'objectif est de geler ou de bloquer les avoirs des dirigeants proches du pouvoir. Selon le document de l'UE, Andrei Turchak a notamment été identifié comme soutien actif des séparatistes dans la région du Donbass.

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Les Russes voient leurs marques préférées disparaître

En parallèle, dans la capitale russe, nombre de Moscovites réalisent l'ampleur de la réplique internationale à l'intervention militaire en Ukraine, découvrant les portes closes des grandes enseignes où ils avaient l'habitude, comme tous les Européens, de s'habiller, de se meubler.

Zara, H&M, Ikea... Côté retail, tous ont suspendu du jour au lendemain leurs ventes sur le marché russe, abaissant les rideaux de fer dans la multitude de centres commerciaux de la capitale russe.

Les Moscovites les plus fortunés ne pourront pas non plus accéder aux boutiques de luxe, celles-ci ayant décidé de fermer le rideau. Hermès a été le premier en France à annoncer, vendredi, la fermeture "temporaire" de ses trois boutiques en Russie, suivi par les autres grands groupes français du luxe, Chanel, LVMH et Kering.

Avec un nombre de boutiques relativement modeste: certes LVMH, qui compte 75 marques, possède 124 boutiques en propre en Russie, mais pour Chanel ou pour Kering (une douzaine de marques), la présence est nettement plus réduite, respectivement 17 boutiques et quelques points de vente pour le premier, deux boutiques et quatre points de vente pour le second.

Même scénario du côté des fournisseurs informatiques (Apple, Intel...) Au-delà du marché des particuliers, c'est aussi toutes les infrastructures qui permettent à l'Internet de fonctionner qui risque de connaître des pénuries.

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Pour les produits restants, il faudra accepter une forte hausse des prix, voire une hyper inflation. Le rouble a atteint le niveau jamais vu de 140 roubles pour un dollar lundi 7 mars, tandis qu'un record a été atteint face à la devise européenne peu après, avec près de 152 roubles pour un euro.

Punir les Occidentaux via... le rouble

Aussi, les autorités russes ont établi une liste de pays "hostiles" à la Russie, auxquels les particuliers et les entreprises russes pourront rembourser leurs dettes en roubles. Cette nouvelle procédure temporaire s'applique aux paiements supérieurs à 10 millions de roubles par mois en équivalent à la devise étrangère.

Or, la devise russe a perdu près de la moitié de sa valeur depuis le 25 février, au lendemain de l'invasion.

Cette liste de pays comprend entre autres les pays de l'Union européenne, l'Australie, le Royaume-Uni, le Canada, Monaco, la Corée du Sud, les États-Unis, la Suisse et Japon.

Un débiteur russe pourra désormais demander à une banque russe de créer un compte spécial en roubles au nom du créancier étranger et de lui envoyer un paiement en équivalent rouble, au taux de change du jour de la Banque centrale.

Ce texte a été préparé à la suite d'un décret présidentiel de vendredi, qui établissait en termes vagues une "procédure provisoire" de remboursement des dettes "envers certains créanciers étrangers".

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 08/03/2022 à 17:52
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Très bonne décision. J'ai toujours été persuadé que cette guerre avec cette guerre était une très bonne opportunité pour la Russie de nationaliser les groupes qui veulent fermer voire de faire entrer l'Etat chinois dans ces entreprise, ce qu'ils sont...

à écrit le 08/03/2022 à 9:43
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Bientôt l'ouverture de goulags à destination des réfugiers ukrainiens pour contribuer à l'effort de guerre et poursuivre la conquête de l'Europe...

à écrit le 08/03/2022 à 9:38
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Cela pendait au bout du nez de Total... Engie, Renault, etc

à écrit le 08/03/2022 à 8:38
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wow, ils auraient du venir suivre mes cours en finance!!! ils vont nationaliser les magasins hermes et leur production francaise qui n'arrive plus? ils vont nationaliser les magasins ikea en obligeant la suede a livrer les magasins ' facon jaruzelski...

à écrit le 08/03/2022 à 8:35
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C'est ce que je pensais faire si un jour notre pays se sort enfin de la prise d’otage des propriétaires de capitaux et d'outils de production qui forcément menaceraient de quitter le pays si des esclaves à eux n'étaient pas au pouvoir, comme ils sont...

le 08/03/2022 à 15:04
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Ça peut marcher un peu mais pas totalement. Ex. la Russie peut nationaliser l'usine Avotvaz appartenant à Renault, mais cette usine doit tout de même être ravitaillée avec des pièces venant de fournisseurs renault/nissan. Donc la nationalisation de l...

à écrit le 07/03/2022 à 19:51
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"identifié comme soutien actif des séparatistes dans la région du Donbass" dans cette région, les gens ont applaudi les soldats russes ? Ça ne semble pas si évident, ils sont pourtant venus les libérer. Va-t-on payer le gaz en roubles ? Deux poids d...

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