Grève générale en Italie pour protester contre le budget du gouvernement Meloni

La cheffe de l'exécutif italien, Giorgia Meloni, et son gouvernement sont accusés par les grévistes d'utiliser les maigres ressources disponibles dans le budget 2024 pour aller à la chasse aux votes, en vue des élections européennes de l'année prochaine.
« Meloni, le peuple a faim », affirme une bannière tenue par des manifestants rassemblés sur la Piazza del Popolo, dans le centre de Rome.
« Meloni, le peuple a faim », affirme une bannière tenue par des manifestants rassemblés sur la Piazza del Popolo, dans le centre de Rome. (Crédits : JUAN MEDINA)

La grogne monte contre le gouvernement en Italie. Des milliers d'employés du secteur public et des transports italiens participaient ce vendredi à un mouvement de grève, protestant, à l'appel des syndicats, contre le budget 2024 préparé par le gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni.

La cheffe de l'exécutif et son gouvernement sont accusés par les grévistes d'utiliser les maigres ressources disponibles dans le budget 2024 pour aller à la chasse aux votes, en vue des élections européennes de l'année prochaine. Le tout, au détriment des travailleurs et des retraités.

« Meloni, le peuple a faim »

« Meloni, le peuple a faim », affirme une bannière tenue par des manifestants rassemblés sur la Piazza del Popolo, dans le centre de Rome, tandis que des milliers de personnes marchaient dans les rues de Gênes et de Milan. Deux des trois principales confédérations syndicales italiennes, la CGIL et l'UIL, sont à l'origine de cette grève, accusant le gouvernement d'enlever des ressources à des secteurs clés comme la santé, l'éducation ou l'industrie.

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Les enseignants, les employés dans le secteur de la santé, les chauffeurs de taxi et les employés de la Poste italienne ont aussi été appelés à faire grève pendant huit heures dans tout le pays. Certains autres secteurs dans le privé, comme les métallurgistes ou les commerçants, ont été invités à débrayer dans le centre du pays.

Le droit grève bousculé

Le vice-premier ministre Matteo Salvini, également ministre des Transports, a imposé des restrictions à la grève pour réduire les problèmes, provoquant l'indignation des dirigeants syndicaux.  Dans ce qu'il a décrit comme un compromis basé sur le « bon sens », il a réduit de moitié la durée de la grève dans les transports, de huit heures à quatre heures, tandis que le transport aérien a été exclu.

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Le secrétaire général de la CGIL, Maurizio Landini, a accusé Mateo Salvini de mener une « attaque contre le droit de grève ». Les syndicats avaient demandé que leur débrayage soit considéré comme une grève générale, d'une durée de 24 heures.

La Commission de garantie sur les grèves, qui arbitre dans ce domaine en Italie, a cependant estimé qu'il ne répondait pas aux critères, car plusieurs secteurs ont été exclus de l'appel. Le mouvement de protestation est étalé sur cinq jours et varie en fonction des régions.

Les marchés réagissent mal au nouveau budget italien

Baisse des charges, soutien au pouvoir d'achat, exonération de cotisations sociales... Les marchés ne voient pas d'un très bon œil le budget italien dévoilé mi-octobre. Adopté en conseil des ministres, le projet, axé sur des baisses d'impôts, prévoit près de 24 milliards d'euros en mesure de soutien aux ménages et entreprises. Le budget est « très sérieux et réaliste et ne gaspille pas les ressources, mais les concentre sur les grandes priorités », avait assuré la Première ministre italienne, devant la presse.

Les marchés financiers reprochent au gouvernement son manque d'empressement pour juguler dette et déficits. En quête de ressources, Giorgia Meloni a relevé fin septembre la prévision de déficit public pour 2024 à 4,3% du PIB, contre 3,7% estimés auparavant. Cette révision à la hausse des déficits a été immédiatement sanctionnée par les marchés financiers et a provoqué une brusque hausse des taux d'emprunt de l'Italie. Le « spread », l'écart très surveillé entre les taux d'intérêt allemand et italien à dix ans, a dépassé les 200 points de base, atteignant un plus haut depuis janvier.

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Parmi les priorités du nouveau budget italien - financées à hauteur de 15,7 milliards d'euros par un endettement supplémentaire et « des coupes dans les dépenses » - figure la « défense du pouvoir d'achat des familles », a-t-elle fait valoir. Celle qui se décrit comme une « mère chrétienne » a promis l'exonération des cotisations sociales pour les mères d'au moins deux enfants et la « crèche gratuite à partir du deuxième enfant ». Pour faire face à l'inflation, Giorgia Meloni a également reconduit une baisse des charges pour les salaires annuels jusqu'à 35.000 euros, pour un coût d'environ 10 milliards d'euros.

Autres mesures phares du budget : la fusion des deux premières tranches d'impôt pour faire bénéficier les revenus annuels jusqu'à 28.000 euros d'un taux allégé de 23% au lieu de 25%. Selon le ministre de l'Economie, Giancarlo Giorgetti, c'est « un premier pas vers un impôt unique pour tous », l'une des principales promesses électorales de la coalition. En outre, les entreprises qui embauchent, notamment d'anciens titulaires du « revenu de citoyenneté » destiné aux plus pauvres et raboté par le gouvernement, voient leur impôt sur les bénéfices des sociétés réduit.

L'inflation baisse en Italie

La hausse des prix à la consommation en Italie a brusquement ralenti en octobre, passant à 1,7% sur un an, contre 5,3% en septembre, au plus bas depuis juillet 2021, selon des données définitives publiées mercredi par l'Institut national de la statistique (Istat).

L'inflation, qui a décéléré grâce à la chute des tarifs de l'énergie et au moindre renchérissement des produits alimentaires, a été ainsi revue à la baisse par l'institut qui l'avait estimée auparavant à 1,8%. Sur un mois, les prix à la consommation ont diminué de 0,2%.

La chute de l'inflation est surtout due aux tarifs de l'énergie, « qui ont fortement décéléré en raison de l'effet statistique de la comparaison avec octobre 2022, lorsque de fortes hausses de prix avaient été enregistrées dans ce secteur », explique l'Istat.


(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 18/11/2023 à 9:14
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Vous avez donc l'autorisation de couvrir cette grève là, c'est bien, c'est beau la "liberté de la presse".

à écrit le 17/11/2023 à 17:25
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Bonjour, l'Italie est un pays où depuis longtemps le droit social est très important... Donc réduire les acquis est toujours difficile... ( la France est dans le même cas) Mais l'état italien est très très endettée, et ils faut prévoir des réductio...

le 18/11/2023 à 0:18
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Trtès bien. Les aides aux étrangers représentent 15 milliards par an (en sachant que 10 milliards de ces aides vont à des étrangers ayant un statut légal et dont la plupart travaillent avec des bas salaires). Avec la suppression de toutes ces aides,...

le 06/12/2023 à 22:44
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En France, les dépenses ne sont pas réparties de la même manière qu'en Italie, la part du PIB consacrée aux retraites est comparable à l'Italie alors que la population est sensiblement plus jeune, cherchez l'erreur!

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